FMJ MtlDimanche, 33e Semaine du temps ordinaire – B
Frère Benoît
Dn 12, 1-3 ; Ps 15 ; He 10, 11-14.18 ; Mc 13, 24-32
15 novembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Béni est le jour du dimanche

« Le ciel et la Terre passeront
mes paroles ne passeront pas (Mc 13,31) »
affirme aujourd’hui Jésus.

Frères et sœurs, il y a une parole, prononcée sur nous,
qui ne passera jamais,
une parole de la vie éternelle :
Quelle est cette Parole ?

Francine, José, André, Pierre,
je te baptise au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.

Oui, par notre baptême, dès à présent
nous sommes enfants de Dieu.
Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté.
Mais nous savons que lorsque le Seigneur paraîtra,
nous lui serons semblables,
car nous le verrons tel qu’il est (1 Jn 3, 2).
Faisons mémoire de cette espérance qui nous rend pur
comme lui, Jésus, est pur.

*

Chers frères et chères sœurs,
nous approchons de la fin de l’année liturgique
et bientôt ce sera le temps de l’Avent.
Nous approchons aussi de la fin de l’évangile de St-Marc.
Après les annonces de sa seconde venue à la fin des temps,
Jésus entre dans les ténèbres de sa Passion.
Chaque jour a sa fin ainsi que l’ensemble de nos jours.

Mais aujourd’hui, c’est le dimanche.
Le jour de la Résurrection,
le jour du Soleil sans couchant,
le jour déjà hors du temps,
car il est à la fois le premier de la semaine
et le 8e jour hors de la semaine, hors du temps !

Aujourd’hui nous célébrons dans cette Eucharistie
ce jour toujours nouveau, sans fin,
que le Seigneur Jésus-Christ avait inauguré. Comment ?
En traversant la terrible détresse de sa mort.

Le dimanche l’Église se rassemble des quatre coins du monde
autour de l’autel où le Seigneur Lui-même,
ressuscité, nourrit ses enfants des fruits de sa Pâques.
Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau (Ap 20,1).
Une hymne de l’Office syriaque d’Antioche chante :
Quand nous méditons, ô Christ,
les merveilles qui furent accomplies
en ce jour du dimanche de ta sainte Résurrection,
nous disons : Béni est le jour du dimanche,
car c’est en lui que fut le commencement de la création…
le salut du monde…
le renouvellement du genre humain…
C’est en lui que le ciel et la terre se sont réjouis
et que l’univers entier fut rempli de lumière.
Béni est le jour du dimanche,
car c’est en lui que furent ouvertes les portes du paradis
pour qu’Adam et tous les bannis
y entrent sans crainte. (CEC 1167)

Oui, sans crainte…

Frères et sœurs, pensez-vous que je m’éloigne
du sujet de l’Évangile d’aujourd’hui
en vous parlant du dimanche ?
Non, pas du tout.

C’est justement cette lumière dominicale de la Résurrection
qui fait de nos jours des jours ouverts sur l’éternité.
Comme cette porte, notre porte, dont parle l’Évangile,
à laquelle le Fils de L’Homme attend.
Tous nos jours sont d’Une certaine façon les derniers jours
car tous sont ouverts à cette possibilité de rencontrer le Vivant
le Seigneur : aujourd’hui il peut venir.

C’est Lui qui a ouvert dans notre temps une fois pour toute,
cette brèche à l’éternité.
Notre temps a une porte ouverte
à une saison d’été qui se fait proche.

Nous sommes donc en attente frères et sœurs.
Jésus parlait à ses disciples de sa venue.
De sa venue qui est comme l’aurore
– après une longue nuit.
C’est sa venue.
La venue non pas d’une chose inconnue
mais de quelqu’un qui nous est connu.
De quelqu’un connu à tel point
que moi-même je ne peux pas me connaître
vraiment hors de Lui.
Il m’est intime à moi-même plus que moi-même.
Je ne me reconnais pas moi-même ?
Je me cherche ?
Alors il me faut crier : Maranatha !
Viens Seigneur Jésus !
Viens, toi qui donne le sens ultime à ma vie
et à la vie de mes frères et de mes sœurs.

Aujourd’hui, en effet,
nous voyons comme dans un miroir, dit Saint Paul
d’une manière confuse, mais alors ce sera face à face.
Aujourd’hui, je connais d’une manière imparfaite,
mais alors je connaîtrai comme je suis connu (1 Co 13,12).

Frères et sœurs, cette connaissance intime et mutuelle
entre Dieu et nous est, elle aussi,
un fruit de la Pâques de Jésus.
Dans sa Passion Jésus se rapprocha de chacun d’entre nous
d’une manière inconcevable.
Il s’est uni à nous.
Toutes nos détresses, toutes nos ténèbres, toutes nos confusions,
toute notre histoire de guerres et de maladies
sont traversées et assumées dans ce passage de Jésus
au creuset de la souffrance, de la solitude,
de l’existence amère et sans goût.

Tout a été jugé là.
Pesé, jugé et condamné.
C’est pour détruire les œuvres du démon
que le Fils de Dieu est apparu (1 Jn 3,8)
nous dit Saint Jean l’évangéliste.
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde
afin que nous vivions par Lui  (v. 9) !
C’est pour cela qu’il est venu
et c’est pour cela qu’il reviendra !
Afin que nous vivions par Lui.
Rappelle-toi, Jésus très bon, chante la séquence Dies irae
que je suis la cause de ta route :
ne me perds pas en ce jour-là.

C’est pourquoi, encore une fois,
la fin du monde et le jour de Pâques son un.
En nous souvenant aujourd’hui de la Pâques de Jésus
nous nous souvenons de l’avenir !
Ce qui est devant nous est en Lui derrière nous.
Il a bel et bien déjà envoyé ses anges
pour rassembler les élus
des quatre coins du monde,
de l’extrémité de la terre à l’extrémité du ciel dans son Église.
Tout a commencé !

Je vous dis tout cela, afin que vous sachiez
que vous avez la vie éternelle
vous qui croyez au nom du Fils de Dieu (1 Jn 5,13).
Vous qui touchez à la Table de sa Pâques !
Vous qui répondez à l’appel
qui vous rassemble autour de cet autel !

Ayant été régénérés une fois pour toute par le baptême,
ne cessez donc plus de nourrir cette vie nouvelle, intérieure,
cette vie de l’âme immortelle,
de l’espérance joyeuse de la rencontre avec Jésus Christ.

Quand Saint Marc écrivait son évangile,
c’était le temps de la persécution à Rome
par l’empereur Néron.
Et la Palestine est violemment agitée
par les soulèvements qui conduisirent à la guerre
et à la prise de Jérusalem par Titus.
Cette agitation, ces drames,
ces épreuves, troublent les chrétiens.
Suffit-il donc de quelques tyrans barbares
ou la violence des alias innombrables de la nature
pour que soit mise en échec l’œuvre de Dieu se demandaient-ils ?

L’Évangile, l’annonce du Règne de Dieu
n’était-ce qu’un beau rêve ?
Non, répond Marc.
la fidélité de Dieu est sans repentance.
Même la mort ne peut plus rien
contre ceux qui vivent en Jésus-Christ par la foi,
la foi plus forte que tout.
La Parole qui a été semée
donnera son fruit en son temps. Amen.

© FMJ – Tous droits réservés.