FMJ MtlMercredi, Temps de Noël – A
Frère Antoine-Emmanuel
1 Jn 4, 11-18 ; Ps 71 ; Mc 6, 45-52
5 janvier 2011
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Comme Jésus, sur la montagne

À travers ce temps de Noël et de l’Épiphanie,
le Seigneur nous fait un grand cadeau :
il nous est donné de regarder Jésus,
de regarder comment Dieu vit en homme.

Ce que Dieu nous murmure dans la conscience,
il nous le montre désormais en sa sainte humanité.
Il n’y a pas de plus grand enseignement
sur la manière de vivre ici-bas
que la vie cachée, la vie publique et la Pâques de Jésus.

Charles de Foucauld en avait la certitude
et revenait sans cesse à l’imitation de la vie de Jésus.
Dans le règlement des Petits frères du Sacré-Cœur, il écrit :
« Nous nous attachons à imiter sans cesse
notre bien-aimé Seigneur Jésus,
de manière à être ses images fidèles
dans tous nos actes intérieurs et extérieurs (…)
Nous nous demanderons en tout
comment il pensait, parlait, agissait
dans la circonstance où nous sommes,
comment il penserait, parlerait, agirait à notre place ;
et nous nous efforcerons, de tout notre cœur,
de reproduire amoureusement en nous,
les traits de notre divin modèle » (Règlement 1).

Ou mieux : nous nous efforcerons de laisser le Seigneur
agir en nous, de le laisser aimer et prier en nous,
de lui remettre notre vie,
pour qu’Il vive en nous,
pour que notre vie Lui soit une humanité de surcroît.

Quel mystère et quelle joie :
le mystère de l’Incarnation du Verbe
peut se prolonger et se renouveler en nous !
Pour cela il nous faut donc accueillir cette semence extraordinaire
qu’est l’Évangile, qu’est la vie de Jésus.

Aujourd’hui, nous voyons Jésus
qui vient d’accomplir un signe immense :
la multiplication des pains pour cinq mille hommes.
La foule est enthousiaste ;
on imagine bien cette sorte d’ivresse de la foule
qui espère être enfin délivrée des limites,
des malheurs de notre humanité.
Que ce Jésus devienne notre roi
et notre vie sera enfin sans tourments ni épreuves.

Que fait Jésus ?
Il se retire sur la montagne, seul (Jn 6,15)
nous dit Saint Jean.
Saint Marc est plus précis encore :
Aussitôt il oblige ses disciples à monter dans la barque
et à le précéder de l’autre côté (Mc 6,45)
comme pour les préserver de cette ivresse populaire.
Puis Lui-même renvoie la foule : (id.)
« Il leur dit adieu
et s’en va sur la montagne prier » (v. 46).

Quelle leçon !
Si nous regardons longuement Jésus
dans cette scène évangélique,
nous apprenons de Lui
à fuir les rêves d’abondance,
de monde parfait,
de consolations débordantes ;
à fuir le rêve et la tentation d’une vie chrétienne sans la croix
et de monter, seul, sur la montagne pour prier.

*

Jésus prie, seul, sur la montagne,
jusque vers la quatrième veille de la nuit (6,48).

Prière douloureuse ?
… où Jésus remet au Père l’incompréhension des hommes
qui ne voient pas le signe et ne cherchent que du pain (cf. Jn 6,26).

Prière d’intercession ?
…pour cette foule et pour les disciples
afin qu’ils se mettent à travailler
pour la nourriture qui demeure en vie éternelle (v. 27).

Prière d’abandon ?
… Que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite…

Prière d’adoration ?
… « Je te bénis, Père,
Seigneur du Ciel et de la Terre » (cf. Lc 10,21).

Prière silencieuse
car Jésus est dans le Père
et le Père est en Lui (cf. Jn 14,11).

Prière de contemplation
« Car le Fils ne peut rien faire de Lui-même
qu’il ne voie faire au Père » (Jn 5,19).
« Le Père aime le Fils
et Lui montre tout ce qu’Il fait (v. 20) ».

*

Frères et sœurs, nous ne pouvons vivre de la vie de Jésus
sans monter nous aussi seuls sur la montagne,
c’est-à-dire sans ménager dans notre vie
des moments de solitude, de silence.

« Nous nous appliquerons d’abord et surtout
à imiter les vertus intérieures (de Jésus)
écrit encore frère Charles,
à conformer notre âme
à son âme toute brûlante d’amour de Dieu (…),
toute obéissante à sa volonté.
Et cela commence par la prière. »

*

Et où nous mène la prière ?
Regardons Jésus.
Du haut de la montagne, de sa retraite priante,
il regarde ses disciples,
il les voit se tourmenter à ramer
car le vent leur était contraire (Mc 6,48)
et il les rejoint dans leur épreuve
leur donnant un signe merveilleux de son amour.

La prière véritable ne nous coupe pas du monde ;
au contraire, elle allume en nous un feu d’amour
qui nous met au service des autres
pour les rejoindre et les aimer…

Seigneur Jésus,
Donne-nous le courage de la vraie solitude.
Apprends-nous à éteindre nos smart phones,
nos ipods et nos laptops.
Attire-nous sur la montagne de la prière
et, comme toi, nous nous replongerons dans l’Amour du Père
pour Le porter au monde.
Amen !

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