FMJ MtlVendredi, 34e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ap 20, 1-4.11 – 21,2 ; Ps 83 ; Lc 21, 29-33
28 novembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Nos âmes en face de Dieu

Le Diable, la Bête et le faux prophète
ont été précipités dans l’étang de feu et de soufre (cf. Ap 20,10).

La Terre s’est enfuie sans laisser de traces.
Le ciel s’est enfui sans laisser de traces (cf. v. 11)

La mort a été précipitée dans l’étang de feu ;
l’Hadès a été précipité dans l’étang de feu (cf. v. 14).

Le premier ciel a disparu ;
la première Terre a disparu ;
et la mer n’est plus (Ap 21, 1).

Que reste-t-il ?
Dieu
et les âmes.

Nos âmes en face de Dieu.

Ton âme, mon âme, avec ce que nous avons vécu sur Terre,
avec ce que nous avons choisi sur Terre,
avec nos actes,
avec les conséquences de nos actes
devant Dieu.

Devant Dieu et Sa Parole qui ne passe pas.
La même Parole que nous donne aujourd’hui l’Église
est celle selon laquelle nous serons jugés.

Tu as reçu la Parole de ta conscience :
tu seras jugé selon ta conscience.
Tu as reçu la Parole du Premier Testament :
tu seras jugé selon cette Première Alliance.
Tu as reçu la Parole du Nouveau Testament :
tu seras jugé selon l’Évangile.
Et qu’adviendra-t-il pour ceux qui seront sauvés,
c’est-à-dire qui auront dit oui à la miséricorde ?

Du Ciel, de Dieu, vient alors un don extraordinaire :
une ville.
Une nouvelle façon de vivre ensemble.
Ce n’est pas une ville bâtie par les humains,
pas même par notre sainteté.
Cette ville vient d’En-Haut comme un don.

Cette ville est une nouvelle Jérusalem.
Ce n’est pas une Montréal nouvelle
ou une New York nouvelle,
mais une Jérusalem nouvelle.
Et Jérusalem est la ville dont la vocation
est de rassembler les humains pour Dieu.
C’est la ville du Temple.
La ville où se vit le culte, l’adoration,
la louange du Dieu d’Israël, la ville liturgique.

Nous recevrons donc le cadeau
d’une vie commune pour Dieu.
Ce sera une ville qui s’unit à Dieu.
Ce sera une ville épouse du Christ,
épouse du Fils de Dieu.

Voilà notre avenir.
Viendra sur nous le don d’être ensemble pour Dieu.

Voilà notre avenir et donc :
voilà le désir qui est inscrit au plus profond de nous.

« Le propre de l’homme
est de porter en lui un désir qui le dépasse.
Quelque chose est inscrit en nous,
bien au-delà de l’instinct et de l’attrait,
qui nous attire vers l’avant.
C’est comme si une voix intérieure nous rappelait,
parfois malgré nous,
que nous sommes faits pour un incessant dépassement ;
un mieux perpétuellement attendu,
un au-delà de toutes nos limites ou insatisfactions.
Nous sommes des pèlerins.
Même si nous ignorons vers qui ou vers quoi nous allons,
nous sommes tous en état de voyage. »

Et frère Pierre-Marie poursuit :
« L’Avent est là pour nous redire
le sens de cette marche,
pour nous ramener
au cœur de ce mystère de l’attente »
(Sources Vives, n° 136, p. 5).

« Nous sommes faits
pour un incessant dépassement ».
Nous portons au plus profond de nous
l’attente cachée d’un être ensemble pour Dieu.

Voilà ce que l’Avent va venir réveiller en nous.

Il y a en nous tant et tant de désirs,
d’attentes, de nostalgies
qui étouffent le désir le plus pur
qui est enfoui en nous.

J’aimerais avoir du temps pour moi.
J’aimerais avoir de l’argent, des richesses.
J’aimerais avoir du confort.
J’aimerais avoir de la considération.
J’aimerais être honoré, admiré.
J’aimerais avoir une vie sexuelle épanouie.
J’aimerais avoir du plaisir.
J’aimerais avoir de la tranquillité.
J’aimerais aimer.
Et surtout j’aimerais être aimé.

Que d’attentes en nous.
Que de frustrations en nous.

Et, si je veux, par mes propres moyens
satisfaire ces attentes,
elles deviennent plus vives encore,
plus dévorantes, plus aliénantes.

La grâce de l’Avent c’est de venir
chercher et réveiller
le désir plus profond, plus pur,
le vrai désir qui est en nous :
le désir de Dieu.

« Tu nous as fait pour Toi Seigneur,
et notre cœur est agité tant qu’il ne repose en Toi »
(St Augustin, Les Confessions, I,1,1).
L’Avent vient en dessous de l’agitation de nos cœurs
pour réveiller notre plus beau dynamisme,
notre plus belle attente.
Es-tu d’accord ? Es-tu prêt ?

Sois béni, Seigneur, pour ce temps d’Avent qui vient.
Que cet Avent 2014 avec sa sainte et divine Liturgie,
avec son silence, sa douceur et sa force,
nous libère de la tyrannie des attentes multiples
pour nous réunifier dans le désir de Toi,
dans le désir de la Cité sainte
où nous serons tissés ensemble pour Toi.
Amen

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