FMJ MtlSamedi, 7e Semaine de Pâques – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 28, 16-20.23g-24.28-31 ; Ps 10 ; Jn 21, 20-25
7 juin 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Sors de ta grotte, sors de ta chambre haute !

Il y a Pierre et il y a Jean.

Sans l’apôtre Pierre,
les sept compagnons n’auraient pas pris le large
pour cette nuit laborieuse
qui a mené à la rencontre de Jésus ressuscité
sur la rive de la résurrection.

Mais si il n’y avait pas en Jean
auraient-ils reconnu Jésus qui était sur le rivage de l’éternité
et faisait entendre sa voix dans la barque ?

L’initiative, le leadership étaient de Pierre.
Mais c’est Jean qui a reconnu Jésus.

Jean reconnait le Seigneur,
mais c’est Pierre qui plonge pour rejoindre Jésus au plus vite
tant il a le désir d’être auprès de Celui qui l’a pardonné.
Et c’est Pierre aussi qui tire le filet de l’Église
sur le rivage de la rencontre.

Il y a Pierre et il y a Jean :
Pierre le pasteur qui aime Jésus.
Jean le témoin de l’amour de Jésus.

Jean obéit à Pierre
et Pierre écoute Jean.

*

Pierre demeure aujourd’hui à travers les successeurs des apôtres,
les évêques, et les prêtres leurs collaborateurs.
Jean demeure aujourd’hui,
et il demeurera jusqu’à la venue de Jésus
à travers les témoins embrasés par l’amour que Jésus leur porte.

Des témoins qui obéissent à Pierre
et que Pierre écoute.
Je pense par exemple à ces témoins qui sont
une Mère Térésa, un Jean Vanier,
et tant d’autres dont le baptême a pris feu,
dont la vie témoigne de la puissance de la résurrection
Et il y a beaucoup parmi nous ce matin.

Pierre et Jean.
Deux hommes avec toutes leurs fragilités humaines.
Ce ne sont pas des héros…
Mais ce sont des hommes
dont la vie est profondément connectée à Jésus.
Des hommes qui vivent de Jésus.

Pierre qui plonge dans le cœur de Jésus
et par trois fois proclame publiquement sont amour pour Jésus.
Et Jean, le disciple que Jésus aimait.

C’est Jésus qui les fait vivre.
Leur vie, c’est le Christ, c’est Jésus.
Il y a entre eux et Jésus un lien extrêmement fort.
Un attachement.
Une incapacité, désormais, de vivre sans Jésus ou hors de Jésus,
de vivre sans le Père ou hors du Père.

Un lien qui n’est pas seulement humain.
Ce lien, c’est l’Esprit Saint,
particulièrement dans le don de piété.

La piété de l’Esprit Saint fait
que nous appartenons à Dieu
dit le Pape François,
Elle est un lien profond avec Dieu
qui donne son sens à toute notre vie.

Un lien qui n’est pas de l’ordre du devoir
ou de quelque chose qui nous serait imposé.
C’est un lien qui vient du dedans de nous.
l’Esprit Saint tisse en nous et pour nous
une relation avec Dieu qui se vit dans le cœur.
Il est notre amitié avec Dieu.
une amitié qui change notre vie
et la remplit d’enthousiasme et de joie.

« Quand L’Esprit Saint
nous fait percevoir la présence du Seigneur,
et tout son amour pour nous,
Il nous réchauffe le cœur
et nous pousse comme naturellement à la prière. »
(cf. audience du 4 juin 2014)

Et ce qui est caractéristique
de ce don de l’Esprit
c’est que cet attachement au Seigneur
nous porte, nous pousse,
à reverser cet amour sur les autres
que nous reconnaissons comme frères.

« Mon cœur est plein et il déborde »
dit un chant bien connu
« L’eau que Je donnerai
devient en toi source de Vie éternelle » (cf. Jn 4,14)
…l’amour pour le Seigneur, de soi,
déborde en amour pour les autres.

C’est cela que nous vivons sur le Parvis.
L’amour pour le Seigneur nous fait sortir de nous-mêmes
et nous fait témoins de la joie de Dieu.
C’était si clair, et si beau hier soir !

« Grâce à leur parole ils croiront en Moi » (Jn 17,20)
a dit Jésus au Père.
C’est cela le miracle de l’Église.

Nos paroles, nos pauvres paroles,
peuvent devenir une semence de foi très féconde
dans le cœur d’un homme ou d’une femme qui passe par là.

Si l’Esprit Saint nous anime,
nos paroles peuvent avoir l’efficacité d’une Parole de Dieu
pour rejoindre le profond des cœurs
et faire naître ou renaître la foi.

Cela n’a rien d’automatique,
et nécessite un climat d’écoute et de confiance
en moi et en l’autre,
ce qui n’est jamais immédiat.

Cela nécessite surtout l’intervention divine.
Toute parole se dit dans une langue.
La fécondité de la rencontre est véritablement divine
quand la langue avec laquelle nous parlons
est celle de l’Esprit Saint…
Et nous ne pouvons pas décider cela.
c’est l’œuvre de Dieu,
le don de Dieu, la liberté de Dieu.
« Nul ne vient à Moi si le Père ne l’attire » (cf. Jn 6,44)

Notre part à nous c’est de donner notre temps,
d’aller auprès des autres
et de rester dans une disponibilité intérieure à l’Esprit Saint.
Alors le don de l’Esprit débordera
et le Royaume de Dieu fera son chemin
dans des cœurs assoiffés.

C’est cela que nous demandons en cette Pentecôte :
un don renouvelé de l’Esprit
pour sortir de notre grotte à la rencontre de Dieu
pour sortir de nos cénacles à la rencontre des autres…

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