FMJ MtlJeudi, 30e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Rm 8, 31-39 ; Ps 108 ; Lc 13, 31-35
31 octobre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Non par peur mais par amour

« Hérode veut te tuer ! » (Lc 13,31)
Que faire ?
notre réaction serait sans doute de fuir.
comme les apôtres plus tard voudront empêcher Jésus
de monter à Jérusalem parce que sa vie y est en danger.

Est-ce que Jésus fuit la Galilée, le territoire d’Hérode,
parce qu’Hérode veut Le tuer ?
Non !

Jésus entend bien ce que les pharisiens Lui disent,
mais Il n’obéit pas, Il ne se laisse pas gouverner par la peur.

Jésus répond en disant aux pharisiens d’aller trouver Hérode
… et il est peu probable qu’ils y soient allés !
« Allez dire à ce renard… » (32)
« Ce renard », cela signifie qu’Hérode est un prédateur…

Allez lui dire : oui, c’est vrai que très bientôt
ma mission va être accomplie;
Non pas par obéissance à Hérode,
mais par obéissance au Père.

Et comment la mission de Jésus
va-t-elle être pleinement accomplie ?
Par sa mort.
Et sa mort à Jérusalem.
À Jérusalem et pas ailleurs.
Car ce ne sera pas un meurtre politique
ou un crime dans un coin perdu.
Jésus « doit » mourir dans la ville
où s’offrent les sacrifices au Père.

Jésus ne mourra pas à cause d’Hérode
ou de Pilate ou des chefs religieux,
Il mourra par amour pour le Père.

Frères et sœurs, il nous faut goûter en profondeur
ces décisions de Jésus.
Jésus n’est pas gouverné par la peur.
Ni par une sorte d’obligation humaine.

Aux milieux des tensions,
des luttes, et bientôt de son arrestation,
aucune peur et aucune fatalité ne Le domine.
Ce qui Le guide, ce qui oriente ses choix,
c’est une obéissance d’amour
qui vient de beaucoup plus loin
que les émotions ou les obligations.

Un amour pour le Père.
Et, inséparablement, un amour pour nous, pour moi, pour toi.

Et quel est le contenu de cet amour pour nous ?
Jésus nous le confie aujourd’hui
avec l’image d’un oiseau
qui veut rassembler ses petits sous ses ailes.

Il ne veut pas rassembler des inconnus, des étrangers
mais sa couvée :
ceux qu’il a mis au monde.

Voilà l’amour de Jésus,
voilà l’amour du Verbe :
nous mettre au monde
et nous rassembler, nous réunir, nous unir dans son Amour.

Hérode est un prédateur qui veut se nourrir de cette couvée,
comme le renard s’attaque aux poussins.
Jésus, lui est venu pour que nous ayons la vie…

« Et vous n’avez pas voulu » dit Jésus (34)
en pensant à ses contemporains…
Et parce que vous n’avez pas voulu,
vous allez connaître un passage douloureux, terrible même,
où vous allez être « délaissés »,
où le temple de Dieu va devenir une coquille vide,
et même un tas de ruines.

Alors viendra un moment
où du fond de ce délaissement,
vous reconnaîtrez mon amour
quand Je viendrai vers vous, et vous crierez
« Béni soit Celui qui vient au nm du Seigneur ! » (35)

*

Frères et soeurs,
ils n’ont « pas voulu »,
ils n’ont pas voulu de l’amour rassembleur de Jésus…
Et nous ?
Est-ce que nous voulons de cet amour rassembleur ?

Est-ce que nous permettons à Jésus
de nous rapprocher les uns des autres ?
de nous réconcilier les uns aux autres ?

La sainteté n’est pas et ne sera jamais une affaire individuelle.
Nous serons saints avec les autres,
en lien, en communion,
ou ne le serons pas du tout.

N’est-ce pas aussi cela que l’Église nous enseigne
en nous faisant célébrer tous les saints ensembles ?

Il s’agit donc d’aller chercher
ce qui est en deçà des émotions et des obligations :
le lieu du cœur biblique,
le lieu de la décision d’aimer
pour choisir cette sainteté commune,
cet abandon commun à l’Amour.

Car une chose est sûre :
Rien ne nous séparera de l’amour de Dieu
qui est en Jésus Christ notre Seigneur (cf. Rm 8,39).

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