FMJ MtlMardi, 14e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Antoine-Emmanuel
Os 8, 4-7.11-13 ; Ps 113b ; Mt 9, 32-38
5 juillet 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Père, donne-nous de vrais bergers

Voyant les foules, Jésus fut pris de pitié pour elles
parce qu’elles étaient harassées et prostrées
comme des brebis qui n’ont pas de berger (Mt 9,36).

Lorsque j’ai entendu ces paroles de Jésus ce matin,
je Lui ai répondu : mais Seigneur, aujourd’hui,
les foules ne semblent pas privées de bergers !
Il y a quantités de bergers
qui conduisent les foules de notre temps.

En ce sens, la « pastorale » n’a peut-être
jamais été aussi développée puisqu’elle met à profit
toutes les découvertes scientifiques et techniques
pour s’adresser aux foules et les rejoindre.

Par ailleurs, il y a tous les bergers de la consommation
qui conduisent les foules dans les centres commerciaux
avec toute la pastorale de la publicité…

Il y a tous les bergers du sexe
qui conduisent les foules sur les sites pornographiques
et dans les sex-shops en leur promettant
le paradis sur cette terre.

Il y a tous les bergers de la finance
qui conduisent les foules dans les banques ;
les bergers du jeu
qui conduisent les foules dans les casinos.

Il y a surtout les bergers du nouvel ordre moral
qui promettent aux foules d’être délivrées
de toutes souffrances et de tous conditionnements,
et même d’être délivrées de la mort.

Que de bergers donc aujourd’hui… mais combien de souffrances !
Combien de brebis ont l’âme déchirée, lacérée, torturée…
Des millions d’âmes souffrent parce qu’elles ont soif de Dieu
et sont de plus en plus privées de Dieu,
privées de la Vie de Dieu, de la joie de Dieu,
de la tendresse de Dieu.

Et cela à l’heure même où la « moisson » est abondante…
La « moisson » dont parle Jésus,
c’est le fruit des semailles qu’Il a faites Lui-même.
La moisson, c’est le champ infini de grâces et de salut
qui nous vient des semailles du Christ,
c’est-à-dire de Sa Passion et de Sa mort.

Jésus S’est laissé enfouir et anéantir
comme le grain de blé.
Jésus est entré dans la mort,
dans le dépouillement radical,
la kénose absolue
et Il est ressuscité, moisson de Vie,
froment de joie offert à toute l’humanité,
pain de la Vie éternelle.

La moisson est « abondante »,
infiniment abondante,
elle est capable de nourrir de la Vie éternelle
l’humanité toute entière,
mais les ouvriers, les vrais bergers sont « peu nombreux ».

« Priez donc le Maître de la moisson, le Père,
d’envoyer des ouvriers à Sa moisson » (Mt 9,38).

Père, notre Père,
les faux bergers en notre temps
sont si nombreux et si séduisants.
Nous-mêmes qui sommes ici,
nous nous laissons si souvent séduire
par leurs « pastorales » qui mêlent le meilleur et le pire…

Nous T’en prions, envoie des ouvriers
à la moisson de la Résurrection.
Suscite des pasteurs selon Ton Cœur
qui conduiront les foules de notre temps, nous compris,
vers la vraie Vie,
vers l’éternité,
vers les pâturages infinis de Ton Cœur.
Donne-nous, Père, des prêtres selon Ton Cœur
qui déploient la Pastorale de la Croix
pour que nous vivions de la vraie Vie,
Amen.

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