FMJ MtlCINQUIEME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE, A
Frère Thomas
Is 58, 7-10 ; Ps 111 ; 1 Co 2, 1-5 ; Mt 5, 13-16
5 Février 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Sel et lumière, par la charité, le pardon et l’espérance

« Vous êtes le sel de la terre (…)
Vous êtes la lumière du monde. »
C’était le thème des journées mondiales
de la jeunesse en 2002 à Toronto.
Voilà cette parole de Jésus toujours actuelle,
qui nous est redonnée aujourd’hui.
Que signifie-t-elle d’abord pour nous ?
Elle signifie d’abord que parce que nous sommes chrétiens,
parce que nous sommes disciples de Jésus,
nous apportons à la terre et au monde quelque chose
que personne d’autre ne peut apporter à notre place.
Le sel donne du goût, conserve,
mais aussi il fait mal quand il est appliqué sur une plaie,
et lui seul fait cela.
La lumière éclaire ce qui est beau ou bon,
mais aussi ce qui est laid ou mauvais,
et elle seule fait cela.

Il est trois domaines où nous, chrétiens,
pourrons être véritablement sel de la terre et lumière du monde :
c’est l’attention portée aux autres,
le pardon donné
et l’espérance.

Il est étonnant comment, dans le prophète Isaïe,
la charité pratiquée envers celui qui est dans le besoin
est associée à la lumière.
« Alors ta lumière jaillira comme l’aurore,
Et tes forces reviendront vite. »
Des exemples de charité pratiquée sont ici donnés :
« Partage ton pain avec celui qui a faim,
Accueille chez toi les pauvres sans abri,
Couvre celui que tu verras sans vêtement. »
Sans doute que le prophète avait en vue des circonstances bien précises
dans lesquelles vivaient ceux à qui il s’adressait.
Pour nous, nous pouvons l’étendre aux œuvres de miséricorde,
qui ne consistent pas seulement à prendre soin des corps
mais aussi des âmes des personnes.
Ce sont toutes les attentions que nous pouvons avoir
envers les personnes de notre entourage,
aussi petites soient-elles.

Une question surgit ici :
ces œuvres de miséricorde seraient-elles le monopole des chrétiens?
Quand des hommes de bonne volonté – quels qu’ils soient –
les pratiquent, ne sont-ils pas aussi « Lumière du monde » ?
Certes de telles œuvres pratiquées par des non-chrétiens
apportent de la lumière dans le monde,
et nous ne pouvons que nous en réjouir.
Mais lorsqu’elles sont pratiquées par des chrétiens,
elles font resplendir Jésus, Lumière du monde.
« Devant toi marchera ta justice, et la gloire du Seigneur fermera ta marche. »
De plus nous, chrétiens, sommes sans cesse aiguillonnés par la Parole de Dieu
qui nous appelle à nous mettre au service de nos frères et sœurs dans le besoin.
Nous entendons sans cesse cette Parole,
et alors nous nous laissons transformer par elle;
ou bien nous aurons à lui rendre des comptes.
Il semblerait aussi qu’il y ait deux domaines
où les chrétiens se distinguent des autres humains,
en ce qui concerne l’attention à leur prochain :
c’est l’accueil de la vie dès la conception,
et l’accompagnement de la vie jusqu’à la mort naturelle.
Là véritablement les chrétiens sont sel de la terre et lumière du monde.

Parmi les œuvres de miséricorde,
il en est une qui peut attirer notre attention d’une façon toute particulière :
c’est le pardon donné.
C’est bien là une forme d’amour qui est propre aux chrétiens
d’une façon toute spéciale.
« Parmi vous, je n’ai rien voulu connaître d’autre
Que Jésus Christ, ce Messie crucifié. »
écrit Saint Paul aux corinthiens.
Sur la croix Jésus s’est fait pardon,
à nous de nous faire pardon à sa suite.
Dans le monde, lorsque des chrétiens
sont persécutés, ce qui les caractérise parmi les autres religions,
c’est qu’ils ne cherchent pas à se venger.
Suite au récent attentat au Québec,
notre archevêque Mgr Lépine nous rappelle qu’il importe pour nous
de ne pas nous laisser gagner par la haine, contre qui que ce soit.
Il suffit de vouloir pardonner pour que notre pardon soit effectif.
Ce pardon, c’est le don par-dessus l’offense,
nous pouvons toujours le faire,
ne serait-ce qu’en priant pour la personne à qui nous voulons pardonner.
Nous devenons ainsi sel de la terre et lumière du monde
d’une manière toute particulière.
Le monde a besoin du témoignage de notre pardon,
pour ne pas être entrainé dans la spirale sans fin des ressentiments
qui ne débouchent que sur la violence.

Nous devenons alors sel de la terre
et lumière du monde par notre espérance.
Nous refusons de porter un regard négatif
sur le monde et sur nous-mêmes.
Nous savons que le Seigneur est à l’œuvre,
et nous savons discerner les signes de sa lumière.
Si nous sommes attentifs aux signes de charité, de pardon, autour de nous,
nous serons dans l’espérance.
Par exemple il est remarquable de voir la grande solidarité du monde politique
et religieux suite à l’attentat à la mosquée de Québec.
« Lumière des cœurs droits –
dit le psaume responsorial de ce dimanche –
Il s’est levé dans les ténèbres,
Homme de justice, de tendresse et
De pitié. L’homme de bien a pitié,
Il partage; il mène ses affaires avec droiture. »

Cet homme est sel de la terre,
lumière du monde, par sa charité,
par son pardon, par son espérance.
Cet homme, c’est nous, si nous le voulons.

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