FMJ MtlSAINTE MARIE, MÈRE DE DIEU- B
Frère Thomas
Nb 6, 22-27 ; Ps 66 ; Ga 4, 4-7 ; Lc 2, 16-21
1er janvier 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Marie retient la Parole dans son cœur et l’enfante dans sa chair

La liturgie de l’Église nous fait commencer l’année civile
avec la fête de Sainte Marie, Mère de Dieu.
Cette fête est intimement liée au mystère de Noël,
que nous avons célébré il y a une semaine.
Elle fait même partie de la célébration du mystère de Noël,
puisqu’elle clôt ce que la liturgie appelle l’octave de Noël,
cette semaine qui suit le jour de Noël
et qui en est le déploiement dans le temps.
Donc tout se tient !

À l’Annonciation, l’ange dit à Marie
qu’elle va concevoir le Fils de Dieu
par l’action de l’Esprit Saint.
À la Visitation, Élisabeth reconnaît Marie
comme la Mère de son Seigneur.
À la Nativité, les anges chantent
« Gloire à Dieu au plus haut des cieux
et paix sur la terre aux hommes qu’Il aime » (Lc 2,14).
Et l’Évangéliste Saint Jean affirme :
« Le Verbe de Dieu s’est fait chair,
Il a demeuré parmi nous » (Jn 1,14).

L’Église s’est appuyée sur toutes ces données de L’Écriture
pour affirmer, au Concile d’Éphèse en 431,
que Marie est « Mère de Dieu ».
Non pas qu’une femme aurait,
par une intervention purement humaine,
donné naissance à un dieu.
Mais c’est Dieu qui a envoyé son Fils, préexistant à elle, en elle
pour qu’elle Le porte
comme une femme porte un enfant dans son sein.
Marie est donc la Mère d’un homme qui est Dieu.
Elle peut donc être appelée Mère de Dieu.
Il y a ici bien plus que de simples réflexions d’ordre théologique.
Cela nous concerne.
Cela concerne même toute notre vie,
dans l’espace et dans le temps,
puisque la fête de Sainte Marie Mère de Dieu
se trouve placée au début de l’année civile.

Qu’une femme soit appelée Mère de Dieu
est pour le moins étonnant.
Qu’elle soit servante de Dieu,
nous n’avons pas du mal à le comprendre.
Qu’elle soit fille de Dieu,
quoi de plus logique si Dieu est Père de tous.
Qu’elle soit amie de Dieu,
nous pouvons encore le comprendre
si elle s’entretient fréquemment avec Lui dans la prière.
Mais qu’elle soit Mère de Dieu !
Se pourrait-il qu’une femme enfante
puis élève Celui par qui elle est venue à l’existence ?

Nous voilà donc au cœur du scandale apparent de l’Incarnation.
Cela ne concerne pas seulement Marie.
Cela concerne chacun, chacune d’entre nous.
Que Dieu Tout-Puissant
soit devenu petit enfant entièrement dépendant ;
que la Parole créatrice soit devenue vagissement de nourrisson,
quelque chose en nous résiste à admettre cela.
Certes il y a l’argument en faveur de la grandeur de Dieu :
Dieu est Dieu et l’homme est l’homme.
Dieu ne saurait Se limiter en Se faisant homme, pense-t-on.
Ce sont ces arguments qu’avancent souvent
les Juifs ou les musulmans
– monothéistes comme les chrétiens –
pour rejeter l’Incarnation.

Et même nous chrétiens,
nous ne prenons pas toujours bien au sérieux
le mystère de l’Incarnation.
Nous parlons parfois de Jésus, même de Marie,
qui pourtant étaient des humains comme nous,
comme s’ils avaient été d’une autre planète.

Lorsque par exemple nous considérons
qu’ils ont été sans péché durant leur vie sur la terre,
parfois nous en concluons qu’ils sont inimitables.
Quand il s’agit de vivre tel ou tel aspect de la sainteté,
d’aucuns rétorquent : « Je ne suis pas Jésus Christ.
Je ne suis pas la Vierge Marie »
Autrement dit : « la sainteté, ce n’est pas pour moi ! »
Oh! Comme cela devient gênant
que Dieu trois fois saint Se soit plongé
dans la même pâte humaine que moi !
Cela signifie que je n’ai plus d’excuse pour ne pas être saint !

Si Dieu S’est mouillé en entrant dans notre humanité,
tout en restant doux et bienveillant,
au milieu de la violence et de la malveillance,
je n’ai plus d’excuse pour ne pas chercher
à être doux et bienveillant.
Si Dieu S’est mouillé, tout en restant honnête pur et droit
au milieu de la fraude, de l’impureté et du mensonge,
je n’ai plus d’excuse pour ne pas chercher
à être honnête, pur et droit.
Voilà tout ce que signifie que le Verbe Se soit fait chair.
Voilà tout ce que signifie que Marie soit devenue Mère de Dieu !

Donc le mystère de l’Incarnation
concerne chacune, chacun de nous,
tout comme il concerne Marie.
Cependant Marie peut nous aider
d’une manière toute particulière
à laisser ce mystère nous pénétrer.
C’est l’Évangile de ce jour qui nous le dit :
« Marie retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur » (Lc 2,19)

L’évangéliste Saint Luc mentionne cela à deux reprises
dans les deux premiers chapitres de son évangile.
Ces deux premiers chapitres,
qui vont du récit de l’annonce faite à Zacharie
jusqu’au récit de Jésus parmi les docteurs de la Loi
à Jérusalem à l’âge de douze ans,
sont riches en événements.
Auprès de qui Saint Luc s’est-il si bien renseigné
sinon auprès de Marie elle-même
qui retenait tous ces événements
et les méditait dans son cœur ?

C’est cela d’abord qui a permis à Marie
de vivre en cohérence avec le mystère de l’Incarnation
dont elle était la première dépositaire.
Un seul exemple :
Marie a retenu du message de l’Ange à l’Annonciation
qu’Élisabeth sa cousine
était enceinte de six mois, dans sa vieillesse.
Et aussitôt, Marie part pour aller visiter Élisabeth.
C’est en cela d’abord que Marie est Mère de Dieu,
Mère du Verbe, de la Parole de Dieu.
Elle la retient, elle la médite et la conserve
à travers ce qui lui est dit,
à travers ce qu’elle vit :
et ainsi, Marie porte, enfante et donne chair à la Parole de Dieu.

Plus tard, Jésus dira à ses disciples :
« Celui qui écoute la Parole de Dieu et la garde
est pour Moi un frère, une sœur et une mère » (Mc 3,35).
Donc, tous nous pouvons être en ce sens mère de Dieu
et nous voyons alors combien l’aide de Marie
peut nous être précieuse !

Si je reçois un texte de la Parole de Dieu sur la douceur,
si je reçois l’exemple de personnes autour de moi
qui vivent de cette douceur
et que moi, dès que je suis de retour à la maison,
je me mets à être violent (par mes attitudes ou par mes paroles)
avec mes plus proches,
c’est que je n’ai pas retenu la Parole sur la douceur.
Je ne l’ai pas méditée en mon cœur.
Je ne l’ai pas laissé descendre en moi suffisamment en profondeur.

Si je reçois une Parole sur la droiture, sur la pureté du cœur
et que moi, peu après, je me laisse entraîner
à faire un mauvais coup,
à manquer de respect envers des personnes,
c’est que je n’ai pas retenu la Parole sur la droiture.

Que Marie, Mère de Dieu,
dans le temps qui est celui où chacun nous vivons,
et qui s’ouvre aujourd’hui avec une nouvelle année civile,
nous aide à être chacune, chacun mère de Dieu.

Invoquons-la, prions-la par le chapelet ou d’autres prières.
Avec elle, laissons la Parole de Dieu,
laissons les événements significatifs de chacune de nos vies
entrer dans notre cœur,
pour nous transformer de l’intérieur,
pour donner chair à la Parole de Dieu en chacune de nos vies.

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