FMJ MtlSAINTE MARIE MÈRE DE DIEU – C
Messe pour la Paix dans le Monde
Frère Thomas
Is 9, 1-6 ; Ps 84 ; Col 3, 12-15 ; Mt 5, 1-12
1 janvier 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le Christ, la Paix de notre temps

Heureux les artisans de paix,
car ils seront appelés fils de Dieu (Mt 5,9).

C’est le thème du message de notre pape Benoît XVI
pour la célébration de la Journée mondiale de la paix,
en ce 1er janvier 2013.
Il donne plusieurs pistes pour nous aider – nous les humains –
à être artisans de paix au cœur de notre monde.
Je vous renvois à cette lettre
que vous pouvez lire si vous le voulez.

En cette nuit où nous passons d’une année civile à une autre,
au seuil de ce temps où nous allons nous souhaiter
des bons vœux pour la nouvelle année –
je vous propose de méditer sur le temps :
le temps qui passe et que l’être humain célèbre.
Le temps qui s’écoule aussi,
et qui fait peur à l’être humain,
qui le rend souvent violent.
Le temps qui reçoit un sens nouveau en Jésus Christ,
Prince de la Paix, Dieu éternel venu au cœur du temps.

En cette nuit, un peu partout sur la Terre,
on fête le passage à une année nouvelle.
C’est là une caractéristique de l’être humain
– par rapport aux animaux – qu’il célèbre le temps.
Il donne à bon nombre d’événements de sa vie sur la Terre
un caractère festif qui va bien au-delà de l’aspect biologique,
anthropologique ou spatio-temporel de ces événements :
naissance, décès, anniversaire, année nouvelle.
Puis il y a toutes les fêtes liées à la famille, à l’entreprise,
au pays, à la culture dont nous faisons partie.
Il y a aussi toutes les fêtes religieuses,
qui ont toujours caractérisé l’être humain
en tout temps et en tous lieux.
Déjà dans le premier récit de la création,
dans le livre de la Genèse, Dieu crée les luminaires
(le soleil, la lune et les étoiles)
pour qu’ils servent de signes,
tant pour les fêtes que pour les jours et les années.
C’est donc que Dieu a organisé le temps
de manière à ce que l’être humain puisse le célébrer.

Et Dieu bénit le septième jour de la création et le sanctifia,
le jour où Il se reposa après toute l’œuvre qu’Il avait faite.
Dieu a créé le monde comme en une liturgie, en une fête…
et l’être humain, créé à l’image et à la ressemblance de Dieu,
est fondamentalement un être pour la liturgie, pour la célébration.

Cependant combien de fêtes que nous pouvons vivre
ont un arrière goût amer du temps qui passe,
qui fuit inexorablement.
Quand les années s’ajoutent aux années,
avec leur lot de souffrances et la mort qui vient un jour …
la question du sens se pose de façon cruciale.
Combien de poètes ou de chanteurs par exemple
évoquent l’enfance ou la jeunesse,
pendant laquelle on rêve à l’âge adulte ;
puis l’âge adulte pendant lequel
on regrette la jeunesse et l’enfance.

Combien de fêtes de nos jours ont un caractère
de fuite de la dure réalité de notre monde.
On consomme à l’excès,
on joue toutes sortes de jeux… pour le « fun ».
Souvent on oublie ce qu’on célébrait…
ou alors on ne célèbre plus rien,
on s’éclate pour s’éclater
pour s’évader de l’angoisse de la fuite du temps et de la mort.

C’est là le côté liturgie de l’être humain lorsqu’il est dénaturé,
lorsqu’il a perdu son sens en Dieu.
C’est ainsi que l’être humain est aussi capable des pires violences :
l’actualité nous le montre hélas quotidiennement.
En cela aussi l’être humain se distingue de l’animal…
pour le pire.
Ce n’est pas là la paix du Christ qui règne en nos cœurs.

Or le Christ – et nous célébrons cela dans le mystère de Noël –
le Christ est le prince de la Paix,
parce qu’Il est Dieu venu au cœur de notre temps.
Il vient redonner son sens à notre temps ;
avec Lui nous savons qui nous sommes,
d’où nous venons et où nous allons.
Il est cet Enfant qui nous est né,
ce Fils qui nous a été donné,
qui est appelé Conseiller-merveilleux,
Dieu-fort, Père-éternel, Prince-de-la-Paix.

Le Christ est au cœur de notre temps.
Nous comptons les années à partir de sa naissance.
C’est là un calendrier qui s’est généralisé dans le monde entier,
malgré l’oubli du monde occidental de ses racines chrétiennes
et malgré la montée de l’Islam ou de la Chine.
La fête de Noël – même si souvent
elle est dépouillée de son contenu chrétien –
est la fête la plus universellement célébrée dans le monde
et avec le plus de déploiement liturgique artistique ou convivial.
Ainsi la naissance de Jésus
est vraiment au cœur du temps de toute notre humanité.

De fait Jésus est venu au terme
de toute une attente du peuple d’Israël,
préparé par la loi de Moïse et les Prophètes.
Jésus est venu à la plénitude des temps,
quand l’empire romain est établi
tout autour du bassin méditerranéen,
rassemblant ainsi tout le monde alors connu,
à la charnière des continents de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique.

Il est venu dans la paix romaine, paix artificielle,
pour donner aux humains la paix véritable.
Le Christ donne un sens à la venue
de chacun d’entre nous en ce monde :
parce que le Père nous a élus en lui (le Christ),
dès avant la création du monde (cf. Ép 1,4).

Le Christ donne aussi un sens
au départ de chacun d’entre nous de ce monde
parce que quiconque vit et croit en Lui (le Christ)
ne mourra jamais (cf. Jn 11, 26).
Le Christ donne ainsi un sens nouveau
au temps de chacune de nos vies :
en Lui, avec Lui, toutes nos célébrations, religieuses ou profanes,
revêtent un sens nouveau et nous apportent véritablement la paix.

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