FMJ MtlMercredi, 23e Semaine du Temps ordinaire
Frère Thomas
Col 3, 1-11 ; Ps 144; Lc 6, 20-26
9 septembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Qu’est-ce qui nous rend heureux ?

Qu’est-ce qui nous rend heureux ?
Est-ce la satisfaction de nos besoins de nourriture, de santé,
de nos besoins affectifs, sexuels,
de nos besoins de réaliser des choses significatives,
de nous réaliser nous-mêmes ?

Force nous est de constater que tout cela ne suffit pas,
car combien de personnes qui ont tout cela sur cette terre
sont malheureuses !

Face à cela, Jésus affirme aujourd’hui
que ceux et celles qui sont heureux,
ce sont les pauvres, les affamés, les affligés,
les persécutés à cause de Jésus.

Comment cela ?

Pour les affamés et les affligés,
Jésus semble parler d’une récompense dans le futur :
vous serez rassasiés ! Vous rirez !

Pour les persécutés à cause de Lui,
Jésus parle au présent de la récompense
qui est grande dans les cieux.
Et pour les pauvres,
Jésus parle du Royaume de Dieu qui est à eux.
Il n’est plus question ni d’un futur, ni d’un ailleurs (aux cieux) :
c’est ici et maintenant.
Et même, lorsque Jésus parle d’une récompense
dans le futur ou dans les cieux, par Lui,
cela est une raison suffisante pour être heureux ici et maintenant.

Avec les Béatitudes,
Jésus apporte quelque chose de radicalement nouveau :
pour être heureux, nul besoin de ne pas souffrir,
nul besoin de voir ses manques comblés.
Et dans l’Évangile selon saint Luc,
Jésus va même plus loin :
Jésus va jusqu’à proclamer malheureux
ceux et celles dont les désirs sont apparemment comblés.

Les riches parce qu’ils ont leur consolation.
Les repus parce qu’ils auront faim.
Ceux qui rient parce qu’ils pleureront.
Ceux dont on dit du bien,
car c’est ainsi qu’on disait du bien des faux prophètes.

Jésus proclame donc clairement
que la satisfaction des désirs n’apporte pas le bonheur,
et inversement, que le bonheur
n’est pas incompatible avec la souffrance.
En fait, Jésus resitue le bonheur dans son rapport au temps.

La société de consommation dans laquelle nous vivons,
invente et réinvente sans cesse de nouvelles petites satisfactions
et nous fait ainsi courir après un bonheur illusoire
qui ne vient jamais.
Dès que j’ai obtenu le bien de consommation que je convoite,
mon désir disparaît et soudain c’est le grand vide !
C’est pour cela que Jésus proclame malheureux les riches,
car ils ont leur consolation.

C’est un fait, que c’est dans les sociétés
les plus nanties de notre planète
que nous trouvons le plus grand taux de suicides.
Lorsque les gens ont tout,
ils n’espèrent plus rien,
ils n’attendent plus rien et la vie perd son sens pour eux.

Avec les Béatitudes, Jésus associe le bonheur
au désir qui dure dans le temps,
qui est tendu vers un objectif, vers un sens.

Ce n’est pas la souffrance en elle-même qui apporte le bonheur ;
la souffrance ne saurait jamais être un bien.
Mais au cœur de la souffrance,
uni à Jésus qui l’a traversée,
je peux voir l’horizon de ma vie se dilater, s’élargir.
Cela est bien mystérieux,
mais combien ceux et celles qui l’ont expérimenté
peuvent en témoigner !

C’est pour cela que Jésus proclame heureux les pauvres,
car le Royaume des Cieux est à eux.
C’est pour cela que Jésus appelle
les affamés et les affligés à se réjouir, dès maintenant,
de ce qu’ils seront rassasiés ou consolés
d’une façon qu’ils ne savent pas encore.
C’est pour cela que Jésus appelle
ceux et celles qui sont critiqués,
persécutés à cause de Lui, à sauter de joie,
car leur avenir s’ouvre sur la gloire de la Résurrection.

L’Épître aux Colossiens que nous avons entendue
illustre aussi ce que sont les Béatitudes :
« Vous êtes morts avec le Christ
et votre vie reste cachée avec Lui en Dieu » (3,3).

Nous sommes morts avec le Christ
si nous refusons de mettre notre bonheur
dans les satisfactions qui ne durent qu’un temps.
Mais alors notre vie est cachée avec Lui en Dieu
et nous avons tout à gagner dans un bonheur qui ne finit pas.

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