FMJ MtlTROISIÈME DIMANCHE DE PÂQUES – A
Frère Thomas
Ac 2, 14. 22b-33 ; 1P 1, 17-21 ; Lc 24, 13-35
30 Avril 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Laissons notre cœur devenir brûlant

« Esprits sans intelligence !
Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! »

Si Jésus reproche aux disciples d’Emmaüs leur manque de foi,
c’est donc fondamentalement une expérience de foi qu’ils vivent.
Nous-mêmes, 2000 ans plus tard,
lorsque nous nous approchons de Jésus,
c’est fondamentalement par notre foi que nous sommes appelés à le recevoir.
Et contrairement à ce que nous pourrions penser,
faire ainsi un acte de foi est aussi un acte éminemment intelligent.

Ce qui frappe chez les deux disciples d’Emmaüs,
c’est d’abord leur tristesse.
Lorsque Jésus leur demande de quoi ils discutent, ils s’arrêtent tout tristes.
Ils sont tristes parce qu’ils restent tout empêtrés
dans le souvenir du crucifiement de Jésus.
« Nous nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. »
Ils parlent de cela comme des événements des jours derniers,
s’entretenons mutuellement dans la tristesse.
Voilà donc des mauvaises nouvelles
qui font la une de l’actualité dans lesquelles les disciples sont empêtrés.

Ils ne reconnaissent pas Jésus,
leurs yeux sont empêchés de le reconnaître.
Certes, ressuscité, Jésus a un autre aspect que durant sa vie publique.
Mais aussi ils ne l’attendent pas.
Leur tristesse et leur manque de foi font de Jésus,
qui marche avec eux, un étranger.
Ce qui frappe ensuite chez les disciples d’Emmaüs,
c’est qu’ils ont déjà bénéficié de signes
pouvant les amener à croire à la résurrection de Jésus.
Les femmes sont allées au tombeau,
elles l’ont trouvé vide, elles ont eu une vision d’anges qui le disaient vivant.
Puis les apôtres sont allés vérifier que le tombeau était bien vide.
Ils ont là des indices qui peuvent les amener à croire à la résurrection,
mais ils ne font pas le saut de la foi.
Ils sont à deux doigts de la joie de la résurrection de Jésus,
mais ils restent encore empêtrés dans la tristesse de sa mort.
Jésus les interpelle : « Esprits sans intelligence. »
Ils n’ont pas cette capacité de lire à l’intérieur des évènements :
« inte-legere » en latin.
C’est comme s’ils avaient un livre ouvert devant eux qu’ils ne parvenaient pas à lire.
Alors Jésus va faire grandir en eux l’intelligence de la foi.
Il va le faire parce que ces deux disciples sont ouverts
et ont une quête sincère de la vérité.
Jésus n’apparaît pas aux grands prêtres ou aux anciens qui l’ont fait condamnés,
ni aux Romains qui l’ont exécuté.
Il ne leur apparaît pas parce qu’ils ne sont pas ouverts pour grandir dans la foi en lui.

Jésus va donc faire grandir les deux disciples dans l’intelligence de la foi.
Il va d’abord le faire en leur expliquant les Écritures.
Parce que s’ils n’arrivent pas à faire le lien
entre le témoignage des femmes sur le tombeau vide et la résurrection,
c’est parce qu’ils n’ont pas suffisamment intégré le témoignage que les Saintes Écritures donnent à la résurrection.

Ils connaissaient les Écritures,
en juif religieux qu’ils étaient.
Et Jésus a dû souvent les enseigner à partir des Écritures durant sa vie publique.
Lorsque Jésus leur ouvre les Écritures,
lorsqu’il leur interprète, dans toute l’Écriture,
ce qui le concerne, leur cœur est tout brûlant.
Leur foi grandit.
Comme les disciples d’Emmaüs,
nous avons besoin des Écritures de la Bible, de la Parole de Dieu.
Nous avons besoin de la Parole de Dieu proclamée,
commentée, lue, méditée, priée.
Comme pour les disciples d’Emmaüs,
Jésus a une parole à nous dire à partir des Écritures,
une parole qui s’adresse à nous personnellement,
jour après jour, une parole qui nous sort de la tristesse du doute ;
une parole qui nous fait grandir dans l’intelligence.
Pierre à son tour enseignera la foule à Jérusalem le jour de la Pentecôte,
en annonçant la résurrection du Christ à partir d’un psaume de David.

Les cœurs des disciples d’Emmaüs sont tout brûlants
quand Jésus leur explique les Écritures en chemin,
mais ils n’ont pas encore fait le saut dans la foi.
Ils sont d’autre part toujours empêchés de le reconnaître.
Jésus fait semblant d’aller plus loin,
mais le lien avec lui a été fait, les disciples le retiennent.
C’est alors que Jésus rompt le pain et le leur donne.
C’est un geste que les disciples avaient vu plusieurs fois chez Jésus
et pas seulement à la dernière cène.
C’est à ce geste qu’ils reconnaissent enfin Jésus
et qu’ils croient pleinement à sa résurrection.
Et Jésus disparaît de leur vue,
les laissant avec leur expérience de foi qu’ils viennent de faire.
Ainsi l’eucharistie, où le pain est rompu,
corps du Christ pour la vie éternelle,
est un lieu privilégié où nous pouvons
faire aujourd’hui l’expérience de la foi au Christ ressuscité.
Jésus nous donne son corps
et son sang en nourriture et il fait de nous son corps, son Église.
Dans l’eucharistie, nous faisons la même expérience de foi que les disciples d’Emmaüs.
Nous sommes d’abord enseignés par la Parole de Dieu,
puis nous sommes nourris par le corps et le sang du Christ.

Laissons notre cœur devenir brûlant à l’écoute de la Parole de Dieu,
laissons le Seigneur nous faire grandir dans l’intelligence de la foi par sa Parole.
Puis laissons le Seigneur se faire reconnaître par nous à la fraction du pain :
« C’est bien par lui, Jésus, que vous croyez en Dieu,
qui l’a ressuscité d’entre les morts et qui lui a donné la gloire,
ainsi vous mettez votre foi et votre expérience en Dieu. »

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