FMJ Mtl3e DIMANCHE DE PÂQUES – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 2, 14.22-33 ; Ps 15 ; 1 P 1, 17-21; Lc 24, 13-35
30 avril 2017
Maison de Prière, Mont Saint-Hilaire

Pour que nos cœurs restent brûlants

Avez-vous entendu l’appel de Pierre dans sa Première lettre ?
« Conduisez-vous avec crainte
durant le temps de votre séjour sur la Terre » (1 Pi 1,17).
Il ne s’agit pas de la peur,
mais de la belle crainte de Dieu.
Ce sens de Dieu plein d’humilité et de respect
devant Dieu, devant son Amour, devant son Mystère d’Amour
qui est au-delà de tout ce que nous pouvons nous imaginer.

Une sainte crainte devant Celui
qui nous jugera selon nos œuvres, dit Pierre.
Et Pierre précise : « sachant que ce n’est pas
par des biens corruptibles, l’argent ou l’or,
que nous avons été rachetés de notre conduite superficielle,
héritée de nos pères,
mais par un Sang précieux… par le Sang de Jésus » (cf. 1 Pi 1,18).
C’est comme si Pierre nous disait :
que fais-tu du don de Dieu ?
Que fais-tu du don extraordinaire de la Passion,
de la mort et de la résurrection de Jésus ?
Que fais-tu de son Sang ?

Le Seigneur nous jugera sur l’usage
que nous aurons fait de ce trésor d’amour.
Ce trésor qui est capable de révolutionner
non seulement notre vie, mais aussi notre société.

Cet appel de Pierre est comme un écho
de la Parabole des talents.
Le Grand Talent que nous avons reçu, c’est notre baptême,
c’est-à-dire notre plongée
dans la mort et la résurrection de Jésus.
Le Grand Talent, c’est Jésus mort et ressuscité
qui est avec nous, qui chemine avec nous,
qui ne cesse de nous sauver…
Qu’en feras-tu ?

*

Mais comment faire le meilleur usage de ce trésor ?
C’est Pierre à nouveau qu’il nous faut écouter,
mais cette fois dans la Première Lecture
qui est un extrait de sa prédication du jour de Pentecôte.

Pierre annonce la Résurrection de Jésus
avec une audace extraordinaire.
On voit en lui l’homme lavé par le Sang de Jésus,
et enflammé, purifié par le Feu de l’Esprit Saint !

Pour annoncer la Résurrection, Pierre fait comme Jésus :
il part du Premier Testament.
Il cite, de fait, le Psaume 16
qui est une confession de foi magnifique.
Le monde alentour se livre aux divinités, adore les idoles,
mais moi, je n’ai pas de plus grand bonheur que le Dieu d’Israël.
Et par conséquent, je vis avec Lui.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche.
Mon cœur ne Le quitte pas.
Et parce que mon cœur ne Le quitte pas,
je suis sûr que jamais la mort n’aura sur moi le dernier mot.
« Tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption » (Ps 16(15),10).

De qui le Psaume parle-t-il ? De David ?
Mais David est mort,
et sa tombe est ici, proclame Pierre.
Non, il s’agit de Jésus, du Ressuscité,
qui a vraiment connu la mort,
dont le cadavre a été déposé au tombeau,
mais qui est ressuscité, nous en sommes témoins.

Pierre nous fait alors comprendre
comment Jésus S’est approché de la mort :
comme celui qui garde sans cesse le Père « devant lui » :
Comme le Père est à ma droite, Je suis inébranlable.
Tu me feras connaître la route de la vie ;
la joie abonde près de ta Face ! (cf. Ps 16(15),11).

*

Revenons à notre question :
comment vivre au mieux du don de la Résurrection ?
En entrant dans cette même confiance.
Quand ?
Tout spécialement quand nous sommes en face
de situations qui sont humainement sans issue.

Seigneur, il n’y a plus d’issue,
il n’y a pas de solution, il n’y a plus – humainement – d’espoir.
Alors, je proclame que Tu es le Seigneur de cette situation.
Tu nous feras connaître la route de la Vie.
Tu ouvriras nos tombeaux.
Tu feras se lever sur nous ton Soleil.
Tu ouvriras de nouveaux chemins dans nos cœurs.
Là où nous ne voyons que des mots,
Toi, Tu ouvres une porte, Tu es la Porte (cf. Jn 10,9)
« Aussi mon cœur se réjouit, mon âme exulte,
et ma chair elle-même repose en confiance… » (cf. Ps 16(15)10).
Car la joie abonde près de ta Face… (v. 11)

Voilà ce que le Seigneur nous demande :
n’enfouis pas ton talent,
n’enfouis pas ta foi en la Résurrection.
Mets-la en pratique.
La Résurrection n’appartient pas au passé :
elle se déploie aujourd’hui !

*

Mais comment garder vive cette foi ?
Comme le Psalmiste, nous sommes immergés dans un monde
qui ne croit pas en la résurrection.
Comment garder le cœur confiant,
comment garder le cœur docile à la résurrection ?

L’Évangile nous répond clairement :
quand tu as le visage sombre,
quand ton cœur est agité par des discours intérieurs
qui parlent de doute, de peur et de mort,
laisse Jésus venir à toi par sa Parole.
C’est par sa Parole qu’Il va réchauffer ton cœur.
C’est en L’écoutant que tu auras le cœur brûlant (cf. Lc 24,32).
La Parole ouvrira des chemins de Vie dans ton cœur,
elle recréera la connexion avec la Résurrection.

Mais la rencontre décisive se produira
lorsque tu diras à Jésus : « reste avec nous ».
Lorsque tu insisteras pour que Jésus
entre dans la maison, dans ta maison.
C’est à la table eucharistique, c’est à l’autel,
que Jésus manifeste sa présence de la manière la plus puissante.
Sans la Résurrection, il n’y aurait pas d’Eucharistie.
Il y aurait peut-être un rituel nostalgique
où l’on ferait mémoire d’un mort,
d’un héros mort pour une bonne cause,
mais ce serait tristement tournés vers le passé.

Non ! L’Eucharistie est l’écho d’amour de la Résurrection
qui vient jusqu’à nous.
La fraction du pain nous révèle la présence de Jésus-ressuscité.
Elle fait mémoire du délire d’Amour du Père,
du Fils et du Saint-Esprit
qui n’ont rien épargné, rien refusé,
pour nous attirer aujourd’hui dans leur joie éternelle.

Pour ne pas oublier la Résurrection,
pour ne pas enterrer notre talent,
prions la Parole et célébrons l’Eucharistie :
nos cœurs seront brûlants… et ils le resteront !

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