FMJ MtlMercredi, OCTAVE DE PÂQUES – C
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 3, 1-10 ; Ps 104 ; Lc 24, 13-35
30 mars 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ce que tu n’attendais pas

Depuis ce matin l’infirme est là
à la Porte du Temple, la « Belle Porte » (Ac 3,2).
Il quête.
Il attend et recueille la monnaie qu’on lui donne.

Or cet après-midi, il a vu venir dans le flot des juifs pieux
montant au Temple pour prier, deux galiléens.
L’un plus jeune, l’autre plus âgé.
Les voyant, il leur demande l’aumône ;
par quelques mots, par un geste ?

Mais cet après-midi, cet infirme n’a pas reçu ce qu’il attendait.
Il attendait de l’argent, ne serait-ce que quelques pièces,
mais de ces deux hommes, il n’a pas reçu un sou.

Au contraire, il a reçu ce qu’il n’attendait pas,
ce qu’il n’avait peut-être jamais imaginé : la guérison !
Lui, l’infirme de naissance,
lui qui n’avait jamais pu marcher,
lui qui n’avait jamais pu entrer dans le Temple
qui lui était strictement interdit,
le voici non seulement qui marche,
mais qui court, qui bondit de joie
en entrant pour la première fois dans le Temple.

Il n’a pas eu ce qu’il attendait, c’est vrai et il reste les mains vides ;
mais il est devenu ce qu’il ne s’attendait pas à devenir.
Ce qui était infirme en lui depuis la naissance est guéri.
C’est un homme nouveau, une créature nouvelle.

*

Frères et sœurs, c’est cela le mystère pascal.
C’est cela le fruit de la Pâques de Jésus dans nos vies.
Jésus, à travers son Église,
ne nous donne ni or ni argent, ni pouvoir, ni plaisir
mais Il nous transforme.
Il nous donne ce que nous n’attendions pas.

Regarde bien en toi.
Ne vois-tu pas fleurir une nouvelle vie
que tu n’attendais pas ?
C’est la vie du Christ en toi…

Pour voir fleurir cette nouvelle vie,
il faut renoncer à ce que nous convoitons.
La Pâques de Jésus est décapante, n’est-ce pas ?
Regardez les deux disciples d’Emmaüs.
Ils espéraient et ils n’espèrent plus.
Ils retournent le cœur triste et froid vers Emmaüs
parce que Jésus ne leur a pas donné ce qu’ils attendaient,
ce qu’ils espéraient.
Au contraire, Jésus S’est laissé arrêter, juger et condamner.
Il S’est laissé clouer au bois de la croix
comme un maudit de Dieu.
Aucun signe de puissance.
Aucun miracle sinon d’avoir guéri un garde qui venait l’arrêter.

Le Royaume peut-il venir dans un échec aussi lamentable ?

Même le témoignage des femmes annonçant le tombeau vide
n’a pas réussi à faire renaître l’espérance en eux
Même le témoignage des apôtres n’a pas réussi
à chasser de leur cœur tristesse et désespérance.

Ils attendaient un messie puissant
comme l’infirme attendait de l’or et de l’argent.

Alors la Miséricorde S’est faite proche d’eux.
La Miséricorde a pris l’aspect d’un voyageur pauvre
sans char ni chevaux.
La Miséricorde a marché avec eux.
La Miséricorde a pris le temps d’écouter leur souffrance,
de les laisser dire leur désespérance.
La Miséricorde leur a enseigné.
Elle leur a dévoilé les Écritures :
le Psaume de David qui annonçait la victoire du messie
siégeant à la droite de Dieu.
Les prophéties d’Isaïe décrivant
l’œuvre de rédemption du juste mis à mort ignominieusement.
Les paroles de Daniel annonçant la gloire du Fils de l’Homme.

La Miséricorde a réchauffé leur cœur.
Elle les a rendus tout brûlants.
La Miséricorde est peu à peu entrée en eux
« Ne fallait-il pas que le Messie souffrit tout cela
pour entrer dans sa gloire ? » (Lc 24,26)

Puis la Miséricorde S’est laissée inviter.
Elle S’est faite plus proche encore,
jusqu’à S’offrir, Se briser d’amour comme on brise le pain.
Alors les deux compagnons ont reconnu Jésus !
Ils ont reconnu que la Miséricorde n’est pas morte.
Ils ont reconnu que la Croix n’est pas l’échec de la Miséricorde,
mais son déploiement, sa glorification, sa plénitude.
Ils ont découvert que la Miséricorde est vivante,
qu’elle donne la Vie,
qu’elle est LA Vie !

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