FMJ MtlPRÉSENTATION DU SEIGNEUR AU TEMPLE – C
CLÔTURE DE L’ANNÉE DE LA VIE CONSACRÉE
Frère Antoine-Emmanuel
Ml 3, 1-4 ; Ps 23 ; Lc 2, 22-40
Mardi, 2 février 2016
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Une obéissance d’Amour à la Loi

« Tout garçon premier-né
sera consacré au Seigneur » (Lc 2, 23).
Saint Luc en racontant la Présentation de Jésus au Temple
mentionne le précepte contenu dans le livre de l’Exode.
« Consacre-Moi tout premier-né
ouvrant le sein maternel » (Ex 13,2)

S’il s’agit d’un animal, il est sacrifié au Seigneur
puisqu’il Lui appartient.
S’il s’agit de ton enfant, il faut le racheter.
Cela se faisait en versant cinq sicles d’argent au cours du mois
qui suivait la naissance. (cf. Nb 18, 15-16)

Mais de ce rachat, Luc ne parle pas.
Marie et Joseph n’ont pas « racheté » l’Enfant
car l’Enfant est de Dieu.
L’Enfant est Dieu.
Il n’est pas Celui que nous rachetons
mais Il est Celui qui nous rachète.

L’Enfant est là pour nous racheter du péché et de la mort !
L’Enfant qui est là
est le salut « préparé à la face de tous les peuples ».
Et c’est pour cela qu’Anne parle de Lui
à tous ceux qui « attendent la délivrance de Jérusalem ».

*

Pas de rachat, donc,
mais Joseph et Marie posent cependant un acte cultuel :
ils apportent deux oiseaux,
le sacrifice requis des pauvres pour la « purification de la mère ».
Purification n’est pas à entendre au sens moral,
mais au sens cultuel.
La femme au contact du sang qui est sacré
a perdu momentanément la pureté cultuelle
et doit la recouvrer.

Marie n’avait certes aucun besoin de purification morale…
mais Marie vit la pleine obéissance à la Loi.
Non pas une obéissance de nécessité,
mais une obéissance d’amour.
Une obéissance d’amour…
Le précepte est une occasion bénie pour aimer le Dieu d’Israël,
pour aimer le Père,
pour l’aimer d’un cœur pur comme jamais Il n’avait été aimé.

Ils offrent deux oiseaux,
et l’Écriture précise
qu’un oiseau est offert en « sacrifice pour le péché »
et l’autre est offert en holocauste.
Une tourterelle pourrions-nous dire
pour célébrer la sainteté de Dieu
et une tourterelle pour célébrer la miséricorde de Dieu.

La sainteté de Dieu.
Le Tout Autre,
l’infiniment juste, l’infiniment vrai, l’infiniment autre.

Et la Miséricorde de Dieu,
Sa tendresse,
Ses entrailles maternelles.

En Dieu, sainteté et miséricorde sont un.
Pour nous, ce sont les deux faces du mystère
qui nous sont révélées.

*

Et Marie et Joseph « présentent » l’Enfant.
Ils célèbrent l’Enfant-Dieu :
c’est la première liturgie chrétienne à Jérusalem.
Ils le présentent au Père
et s’offrent eux-mêmes avec l’Enfant.

Car avec Jésus et Marie s’est ouvert
un nouveau chemin d’offrande de soi
qui ne se fonde pas seulement sur le retour pénitent vers Dieu
mais sur le don gratuit de soi au Père.

Désormais, il y a un chemin d’offrande de soi
« à la louange du Père ».
Une vie peut devenir une messe.
Une vie peut devenir une vivante re-production
de l’offrande de Jésus
et de l’offrande de Marie.

C’est là le point de départ de la vie consacrée.
La vie consacrée n’existe pas d’abord
pour des œuvres caritatives, apostoliques ou même de prière.
Elle est un don d’amour de soi au Père en Jésus, avec Marie.
Et cela qu’elle qu’en soit sa forme :
que ce soit une vie religieuse avec des vœux publics
ou une consécration de soi cachée, enfouie dans le monde.

Le plus urgent dans notre monde,
ce ne sont pas les œuvres de charité,
d’apostolat ou de prière ;
Le plus urgent dans notre monde
c’est l’Amour de Dieu, l’amour pour Dieu.

Si tu donnes ta vie à Dieu par amour,
tu es comme une source d’oxygène qui purifie
l’air vicié de l’esprit du monde.

La fécondité n’est pas d’abord dans les œuvres,
mais dans l’amour.
C’est par le cœur que les vierges enfantent
par ce que leur vie laisse passer
la fécondité de la Pâques de Jésus.

Souvenez-vous de Baruch :
les étoiles brillent à leur poste joyeuses;
elles disent : nous voici ! (Ba 3,34-35)
Les consacrés sont comme des étoiles dans le ciel obscur
qui rayonnent par la virginité un peu de l’Amour pur de Dieu.

Des hommes et des femmes qui renoncent au langage pauvre
et bien terrestre de la sexualité
non pas pour s’enfermer dans une stérilité moralisatrice
mais pour laisser s’épanouir en eux
un Amour autre, un peu de Ciel.

Pour qui sait la lire – et c’est une grâce –
la vie consacrée est une Bonne Nouvelle :
elle dit les Cieux nouveaux,
elle anticipe le bonheur du Ciel.

Mais elle ne peut se vivre sans être traversée
par le glaive :
Le glaive de l’incompréhension
parce que l’on ne comprend pas la virginité pour le Royaume.

Le glaive du rejet, de l’exclusion
parce que la gratuité de l’amour miséricordieux
dérange les calculs religieux des hommes.

Le glaive de la tentation, des manœuvres du démon
qui ne supporte ni la pauvreté de cœur, ni la virginité
parce qu’elles conduisent au cœur de Dieu,
à la gloire des enfants de Dieu.

Le glaive de l’abandon de Dieu
parce que la virginité consacrée
est un chemin de purification, qui connaît les nuits,
où l’amour devient moins sensible car il est plus divin.

Mais surtout le glaive qui transperça d’abord le cœur de Marie,
le glaive de la participation à la Passion du Christ,
le glaive de la co-rédemption
à laquelle Jésus appelle ses consacrés.

Mais aucun consacré n’est seul.
Les vierges, hommes et femmes, vivent de l’amour du Christ
et de la tendresse maternelle de Marie.

Il y a des chutes,
mais il y a aussi « relèvement » dit le vieillard Siméon.
Et le relèvement final, c’est la Résurrection.
Tout converge vers la Vie.
La Vie nous attend.
La Vie divine nous appelle.
Le cœur de Dieu appelle et attend tous les enfants de la Terre :
les vierges, les époux, les enfants et tous les amis de la vérité.
Ils sont une cohorte, un peuple en marche;
un peuple où les vierges, par pure grâce,
tiennent la main des époux, des enfants et de tous
pour leur indiquer le chemin du Ciel.
Le Ciel qui déjà en cette Eucharistie se manifeste sur la Terre.

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