FMJ MtlLA PENTECÔTE – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ac 2, 1-11 ; Ps 103 ; Co 12, 3b-7.12-13 ; Jn 20, 19-23
8 juin 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Laissons-nous surprendre par l’Esprit Saint !

Depuis la première semaine après Pâques,
nous avons lu en continu les Actes des Apôtres.
Nous y avons suivi la diffusion de l’Évangile
depuis le Cénacle de Jérusalem
jusqu’au cœur de Rome,
Rome la capitale de l’empire romain
et de la culture greco-romaine.
À cette époque, on pourrait dire que Rome
était le centre du monde connu.
C’était comme atteindre le monde entier!

Comment cette petite poignée d’apôtres,
de disciples, de saintes femmes
ont-ils traversé bien des frontières,
ne se sont pas laissés décourager,
et ont dépassé un nombre incalculables d’épreuves?

*

Cette aventure avait mal commencé :
il y avait eu la lapidation d’Étienne
sans aucune forme de procès.

Mais bien vite Philippe remplit de joie la ville de Samarie
Pierre évangélise la région côtière avec une force étonnante.
Et le même Pierre accepte d’entrer chez des non –juifs
et l’Évangile pénètre le monde païen…

D’autres chrétiens sèment l’Évangile en Syrie
et ainsi peu à peu toutes sortes de frontières sont traversées.
L’Évangile pénètre l’Asie mineure (actuelle Turquie)
passe en Europe, arrive à Philippes,
irrigue la Grèce et finalement, arrive à Rome.

Les chrétiens auraient eu 1000 raisons de s’arrêter.
Partout la persécution, le rejet se lèvent contre eux.
Déjà à Jérusalem avec les autorités juives…
À Chypre, c’est un magicien qui fait la guerre à Paul.
À Antioche de Pisidie, ce sont surtout des femmes
de haute naissance qui luttent pour chasser Paul et Barnabé.
À Athènes, ce sont les intellectuels païens qui dénigrent Paul.
À Éphèse, ce sont les commençants
qui se sentent menacés et s’élèvent contre les chrétiens.
Et ainsi de suite.

Et combien de fois les chrétiens
auraient pu s’autodétruire par des chicanes.
Parce qu’il y avait ceux qui en étaient restés au baptême de Jean.
Il y avaient surtout ceux qui tenaient
à ce que les païens convertis observent toute la loi juive.
Il y avaient les frères qui décevaient
comme Jean surnommé Marc qui a laissé la mission.
Il y avaient les désaccords entre les leaders
à commencer par Pierre et Paul.
Il y avaient les différences de tempérament :
Paul le fougueux et Barnabé l’artisan de Paix.
Il y avaient les désaccords sur la route…

Et surtout, combien de fois la faiblesse,
la petitesse des communautés
pouvaient les mener à se sentir incapables d’affronter la mission!

Enfin, leur sort n’était pas glorieux :
Combien ont mal finis : lapidés comme Étienne,
jetés des murailles de Jérusalem comme Jacques,
crucifiés comme Pierre,
la tête tranchée comme Paul.

*

Frères et sœurs, d’où leur venait cette énergie,
ce courage, cette capacité de résilience?

Il y avaient toutes les raisons de démissionner,
de se décourager, de baisser les bras,
d’abandonner la partie.
Et pourtant, ils continuaient,
ils reprenaient la route,
ils se réconciliaient,
ils trouvaient en terrain d’entente au niveau doctrinale.

Bref, ils ressuscitaient tout le temps !
Et la mort, les pierres, les croix le glaive
tout cela ils le voyaient comme les signes
d’un triomphe de l’Évangile,
parce qu’ils mourraient non dans la haine et la rancune,
mais dans le pardon et la bénédiction.

D’où leur venait cette force intérieure,
cette joie que rien ne semblait pouvoir éteindre ?

*

La réponse nous l’avons aujourd’hui.
La réponse c’est la Pentecôte.
La Pentecôte et les Pentecôtes !

Ces hommes, ces femmes avaient fait place en eux
à quelqu’Un qui était pour eux
comme un ressort intérieur.

« Vous recevrez une force, celle du Saint Esprit,
qui descendra sur vous,
et vous serez mes témoins. » (Ac 1,8)
Une force, un ressort, une énergie de résurrection !
Voilà ce que nous donne l’Esprit Saint.

Vous voulez avoir une idée de la puissance du Saint Esprit ?
Écoutez ce que dit Paul :

« Si l’Esprit de Celui qui a ressuscité
Jésus d’entre les morts habite en vous,
Celui qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts
donnera aussi la vie à vos corps mortels
par son Esprit qui habite en vous » (Rm 8,11).

L’Esprit Saint est l’artisan de la Résurrection du Christ !
La Résurrection, c’est la puissance de l’Esprit Saint
qui se déploie dans l’humanité.
D’abord dans celle de Jésus.
Et maintenant dans la nôtre.

La Pentecôte, c’est la résurrection
qui entre dans les fibres de notre humanité.

C’est la résurrection du Christ, avec le Christ.
C’est la résurrection qui vient du Père
et nous conduit au Père,
qui rentre dans toutes les fibres de notre humanité.

*

De cela le Seigneur a voulu nous donner un indice très sûr.
Quel jour le Seigneur a-t-Il choisi
pour souffler en nous ce grand Souffle de Vie ?

Le Jour de Pentecôte.
Or que signifiait la Pentecôte ?
Le sens premier de cette fête était le suivant :
à Pâque les juifs offraient à Dieu
les premières gerbes de la moisson.
À Pentecôte on célèbre la moisson accomplie
et c’était une grande joie.

La première gerbe… c’est l’humanité de Jésus.
La moisson c’est nous !
La Pentecôte, c’est l’accomplissement, l’aboutissement de Pâque.

Si l’on regarde le sens nouveau que cette fête avait pris
surtout dans le milieu pharisien :
Pâque c’était la fête de la sortie de l’Égypte :
la liberté, la libération.
Pentecôte c’était l’Alliance, le don de la Loi.
c’était la possibilité de vivre avec ce Dieu qui nous a libérés,
de demeurer dans la grâce de la libération,
de vivre en hommes et femmes libres !
Là aussi la Pentecôte était le déploiement
de la grâce de Pâque.

C’est ce jour-là que le Seigneur a choisi
pour l’effusion de l’Esprit Saint.
Pour que ce soit bien clair que la Pentecôte
c’est le déploiement en nous de la grâce de Pâques.

La souffrance imprégnée d’amour,
la croix qui devient glorieuse,
la mort qui est vaincue,
le triomphe aussi humble que puissant de la Résurrection :
Ce n’est pas seulement pour Jésus de Nazareth.
C’est pour nous tous.
C’est pour tous les humains qui croient en Jésus.

C’est cela qui faisait que les premiers chrétiens
traversaient les frontières,
entraient dans d’autres cultures,
dépassaient les épreuves,
se réconciliaient.
L’Église c’est le peuple de la résurrection.
Pas comme une idée ou une théorie ou un slogan
mais comme une réalité
une surprise continuelle qui est en nous.

*

Alors frères et sœurs,
comment allons-nous regarder
la faiblesse, la fragilité de l’Église en occident aujourd’hui ?

C’est simple :
si l’Esprit n’est pas notre vie,
nous allons nous décourager
et notre foi va ou s’éteindre ou se rigidifier comme un momie.

Mais si l’Esprit est notre vie,
si nous accueillons la Personne de l’Esprit,
la situation actuelle certes nous éprouve, nous inquiète
mais elle est certainement le lieu où se manifeste la résurrection.

Laissons-nous surprendre par l’Esprit Saint !

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