FMJ MtlJEUDI SAINT – OFFICE DU MILIEU DU JOUR
Soeur Lucie-Caroline
1 Co 11, 23-26 ; Jn 6, 47-59
13 Avril 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ce don de Dieu est un don de Vie

Jésus vient d’accomplir le signe de la multiplication des pains
auquel ni les foules ni les disciples n’ont compris la portée.
Aussi, après une révélation en actes,
Jésus poursuit par un discours explicatif.
Il se heurte à nouveau à la résistance de son auditoire :
« Comment peut-il dire : je suis descendu du ciel ? » (Jn 6, 42)
« Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » (Jn 6, 52)
Autant de malentendus et d’incompréhensions
par lesquels Jésus introduit ses auditeurs
dans la profondeur de sa personne et de sa mission.
Il va en effet révéler en quoi
« Ce pain -sa chair- n’est pas comme celui -la manne- qu’ont mangé les pères » (Jn 6, 58)

Saint Jean, le disciple bien-aimé, le contemplatif
rapporte les paroles de son maître à la lumière du mystère de l’Incarnation.
Il relie l’eucharistie à l’incarnation à partir d’un triple mouvement rationnel.
Le premier concerne le lieu entre Jésus et son Père.
Partant de l’expérience de la manne durant l’Exode,
Jésus se positionne comme l’envoyé du Père :
« Ce pain est celui qui est descendu du ciel. » (Jn 6, 50)
Jésus ne peut se définir qu’en relation à son Père.
Il est descendu pour nous révéler le Père :
« La vie éternelle c’est qu’ils te connaissent, toi, le véritable Dieu » (Jn 17, 3)
dira Jésus dans son discours d’adieu,
un Père prodigue qui donne gratuitement et se donne en son Fils.
Lorsque Jésus affirme son origine divine,
il indique qu’il est en personne le don que Dieu fait de lui-même à l’humanité.
L’Eucharistie nous renvoie alors à la libéralité et la bienveillance de Dieu.

Ce don est un don de vie.
À plusieurs reprises Jésus précise qu’il est le pain de vie (Jn 6, 48),
pour qu’on le mange et ne meurt pas (Jn 6, 50),
pour qu’on ait la vie éternelle (Jn 6, 54).
Contrairement à la manne, cette vie n’est ni temporaire ni périssable.
Elle est éternelle.
Le verbe grec utilisé par Jean pour le mot « vie » est « zoè »
qui met l’accent sur la dimension relationnelle de la vie,
comme communion entre personnes
– c’est le deuxième mouvement qui unit Jésus aux êtres humains.

Jésus dans son Incarnation,
Jésus dans l’eucharistie est le transmetteur de la relation d’amour qui l’unit au Père.
Il prolonge le don de Dieu.
Et plus encore, il nous rend participant de son intimité avec le Père.
À travers un simple moyen terrestre
– un morceau de pain –
nous entrons dès à présent dans leur communion d’amour.
Nous atteignons vraiment ce qu’au ciel nous vivrons sans la méditation du sacrement.
Jésus poursuit « qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui (Jn 6, 54), il vivra par moi (Jn 6, 57). »
Cette vie relationnelle s’intériorise et s’assimile par l’acte de manger.
Manger la chair du Fils de l’homme équivaut à garder en soi,
à demeurer dans cet amour.
Il établit alors une réciprocité permanente.

Enfin, et c’est le troisième mouvement,
celui qui nous relie au Père,
cette vie éternelle introduit un lien vital de dépendance :
« Comme je vis par le Père, vous vivrez par moi »
pour qu’à notre tour nous entrions dans notre filiation adoptive.
L’Incarnation et son mémorial eucharistique
restaurent le lien filial brisé lors du péché des origines.
De même que Jésus se reçoit continuellement du Père,
de même par l’eucharistie,
nous redevenons l’enfant qui reçoit sa vie d’un Autre.

Aujourd’hui, en célébrant la cène du Seigneur,
nous adhérons avec foi et gratitude à ce dessein d’amour.
Par Jésus, avec lui et en lui,
faisons remonter vers Dieu notre louange et action de grâce.

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