FMJ MtlDEUXIÈME DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE
Frère Jakub
Is 49, 3.5-6 ; Ps 39 ; 1 Co 1, 1-3 ; Jn 1, 29-34
15 Janvier 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

 

« Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde »

En ce jour, nous entendons Jean s’exclamer quand il voit Jésus : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » (Jn 1, 29). Celui-là baptise dans l’Esprit-Saint.
Que pouvaient comprendre les disciples avec cette appellation ? Et nous, que comprenons-nous ? Dans la célébration eucharistique nous prions : « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde prends pitié de nous, donne-nous la paix. » Et le prêtre invite les fidèles à la communion en disant : « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. »
Soyons certains que lorsque Jean a dit : « Voici l’Agneau de Dieu… », les gens ont tous compris exactement ce qu’il voulait dire, puisque « Agneau » est une métaphore à caractère messianique qu’avaient utilisé les prophètes, surtout Isaïe. Ce titre veut montrer en Jésus le serviteur de Dieu. Il est comparé à un agneau, dont on souligne l’innocence et humble acceptation devant un traitement cruel.

Ce serviteur porte sur lui le péché des multitudes pour l’expier dans la souffrance et la mort. Les apôtres et les Pères de l’Église nous disent que l’Agneau est un symbole de pureté, de simplicité, de bonté, d’innocence… et le Christ est la Pureté, la Simplicité, la Bonté, l’Innocence.
Saint Pierre nous dit : « vous avez été affranchis (…) mais par un sang précieux, celui de l’agneau sans défaut et sans tache, le sang du Christ » (1P 1, 18-19).

Saint Jean dans l’Apocalypse utilise le terme « l’Agneau » plus de trente fois pour désigner le Christ. L’Évangile de ce jour commence donc par affirmer le Salut qui est offert à tous les hommes en Jésus. Cette annonce, c’est Jean-Baptiste qui la fait. Nous pouvons nous mettre à son école afin de vivre pleinement le baptême que nous avons reçu.

Dire aujourd’hui que nous sommes rachetés par le sang du Christ, par le sang de l’Agneau n’est pas un message que notre société accueille facilement. Elle préfère croire qu’elle se sauve elle-même par sa science, sa technique ou encore en raison d’une idéologie humaniste. L’homme pourtant ne devient pleinement libre que lorsqu’il sait que tout dépend de Dieu car ce Dieu auquel nous croyons est un Dieu d’Amour. Il enlève le péché du monde. Il enlève le péché du monde. Il faut en prendre conscience quand nous l’invoquons à l’autel. Le péché du monde est immense. Sa forme extrême est la violence meurtrière, qui nous afflige quotidiennement. Nous prenons ici le corps du Christ en nos mains en affirmant qu’il porte et enlève le péché du monde par son amour sans limite. Et c’est pourquoi nous pouvons lui demander le don de la paix : Donnes-nous la paix. Nous croyons que l’Agneau de Dieu nous donne la paix.

Il est l’agneau immolé. Mais l’agneau debout, l’agneau vainqueur. Et l’Église est la communauté des sanctifiés dans le Christ par sa victoire. Nous sommes tous entrés par le baptême en communication avec la sainteté divine et nous avons pris part dans Christ Jésus. Pour cette communication intime de son être, Dieu a fait du Christ son instrument. En lui l’amour de Dieu s’est manifesté, en lui Dieu s’est réconcilié le monde. Et en Jésus nous sommes tous, comme dit Saint Paul, appelés à être saints.

Par là, il ne veut pas nous entrevoir notre condition future, mais il entend signifier et fixer, pour le présent le sens de notre vocation dans le monde. Au nom de Dieu et dans le Christ nous sommes choisis, mis à part et convoqués pour ce témoignage permanent, à la sainteté. Telle est notre vocation personnelle et communautaire, présente et éternelle. Mais l’initiative vient de Dieu. C’est Lui, et Lui seul peut être l’auteur d’une pareille vocation et constant réalisateur. L’Église et nous les membres de l’Église, nous pouvons recevoir cet appel incessant et y répondre avec un maximum de fidélité.

Et Jésus nous baptise dans l’Esprit Saint. Quand un ami a demandé à saint Séraphin de Sarov de lui expliquer le Saint-Esprit, le saint ne lui a pas donné d’explication, mais lui a fait partager une expérience que son disciple a décrite comme une « extraordinaire douceur », une « extraordinaire joie dans tout mon cœur », une « extraordinaire chaleur » et une « extraordinaire suavité », et qui est l’expérience du Saint-Esprit; car, comme l’a dit saint Séraphin, « quand l’Esprit de Dieu descend sur l’homme et le recouvre de sa plénitude, l’âme humaine déborde d’une joie inexprimable parce que l’Esprit de Dieu transforme en joie tout ce qu’il touche ». Chaque chrétien – qu’il soit moine dans un ermitage ou un engagé dans les activités du monde – est appelé à ne pas diviser sa vie en spirituel et matériel, mais à la sanctifier toute entière par la présence du Saint-Esprit.
Alors comme le dit Olivier Clément, l’Église devient dans le monde le grand buisson ardent dont le feu infini n’est autre que le Saint-Esprit.

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