FMJ MtlJeudi, Temps de Noël avant l’Épiphanie – A
Frère Thomas
1 Jn 2, 22-28 ; Ps 97 ; Jn 1, 19-28
2 janvier 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus, Fils de Dieu, toujours à découvrir

Dans sa première lettre,
Saint Jean semble nous dire
que nous connaissons déjà le Christ
et que nous devons veiller à garder
ce que nous avons reçu de Lui.

Jean-Baptiste, lui, au début de sa prédication,
nous présente le Christ comme quelqu’un
que nous ne connaissons pas.
De fait, nous avons sans cesse
à nous laisser surprendre par le Christ, à Le redécouvrir.

Pour vous – dit Saint Jean – gardez en vous-mêmes
ce que vous avez entendu depuis le commencement » (1 Jn 2,24).
Saint Jean écrit cela aux chrétiens de son temps,
en Asie mineure, pour les mettre en garde
contre ce qu’il appelle les Anti-Christ,
qui cherchent à les détourner de l’Évangile qu’ils ont reçu,
par une gnose qui nie que Jésus soit le Fils de Dieu.

Jean précise : Elle demeure en vous,
l’onction par laquelle il vous a consacrés,
et vous n’avez pas besoin qu’on vous instruise (27).
Autrement dit :
Vous connaissez déjà le Christ,
ne vous laissez pas égarer par des enseignements
qui n’ont rien à voir avec l’Évangile.

De fait, à l’époque où la première épître de Saint Jean
a été écrite – c’est-à-dire vers la fin du premier siècle –
il y avait beaucoup de courants de pensée,
beaucoup de courants religieux divers,
dont certains parlaient de Jésus
comme d’un être intermédiaire entre Dieu et les hommes,
à l’encontre de l’Évangile transmis par les apôtres,
où Jésus est clairement le Fils de Dieu, un avec le Père.

De nos jours nous avons également à faire
avec bon nombre de courants de pensée,
plus ou moins spirituels.
Comment pouvons-nous y retrouver ?
Saint Jean nous donne un bon moyen pour discerner :
Le menteur n’est-il pas celui qui refuse d’admettre
que Jésus est le Christ ?
Il refuse à la fois le Père et le Fils,
car celui qui refuse le Fils se sépare du Père,
et celui qui reconnaît le Fils
trouve en même temps le Père (22-23).

Ainsi, telle spiritualité, telle sagesse,
telle pratique ou telle technique,
me permet-elle de vivre ma foi en Jésus Christ, Fils de Dieu,
qui m’a sauvé par sa mort et sa résurrection,
pour faire de moi un enfant du Père par l’Esprit Saint ?
Ou bien me détourne-t-elle de ma foi en Jésus Christ ?
Les connaissances que je reçois
sont-elles au service de la connaissance
que j’ai déjà reçue de Jésus Christ,
ou alors brouillent-elles cette connaissance ?

« Au milieu de vous – dit Saint Jean-Baptiste –
se tient Celui que vous ne connaissez pas. » (Jn 1,26)
Voilà que la liturgie de l’Église
nous fait retrouver Jean le Baptiste,
comme compagnon inséparable de Jésus.
Il était là durant les deuxième et troisième semaines
du temps de l’Avent,
pour nous préparer à la venue du Messie.
Il était là également, durant la semaine préparatoire à Noël,
précédant Jésus dans la conception miraculeuse
et dans la naissance.

Nous le retrouvons maintenant, après Noël,
désignant Jésus comme le Messie.
Il désigne Jésus comme
celui que vous ne connaissez pas
qui se tient au milieu de vous,
celui qui vient derrière moi,
dont je ne suis même pas digne
de défaire la courroie de sa sandale (26-27).
Les prêtres et les lévites venus de Jérusalem
pour questionner Jean Baptiste ne connaissent pas Jésus.
En effet Jésus vient de Nazareth,
Il n’est pas de la classe sacerdotale,
alors que Jean Baptiste est fils du prêtre Zacharie,
demeurant à Aïn Karim, dans les environs de Jérusalem.
Ils ont tout à découvrir de Jésus.

Nous savons que beaucoup d’entre eux
ne voudront pas Le découvrir
quand ils Le verront exercer son ministère public.
Et encore moins seront-ils prêts
à défaire la courroie de sa sandale
(c’est un esclave qui faisait ce geste
en faveur de son maître).

Nous pouvons nous laisser encore interpeler
par cette présentation que Jean Baptiste fait de Jésus.
Peut-être pensons-nous Le connaître,
mais Il a encore de quoi nous surprendre.
Il est Juif, Il est attiré par les petits, les pauvres,
les pécheurs, les étrangers ;
Il monte à Jérusalem pour y mourir et y ressusciter
à l’âge de 33 ans,
après un ministère public de trois ans à peine
et 30 années de vie cachée à Nazareth
comme fils du charpentier Joseph.

Il vient derrière Jean Baptiste,
Il vient aussi derrière nous,
et nous ne sommes pas dignes
de défaire la courroie de ses sandales,
car Il n’a pas besoin de notre service.
Si nous savons qu’Il est Fils de Dieu,
en revanche nous avons tant encore
à apprendre sur Dieu, par Jésus.

C’est pourquoi les gnoses, d’autrefois ou d’aujourd’hui,
qui évacuent le mystère de Jésus,
sont toujours réductrices,
car elles nous empêchent finalement
de faire connaissance de Jésus Christ
et par là même de faire connaissance avec Dieu.

Béni sois-Tu Seigneur Jésus de nous avoir consacrés
dans la grandeur de ton mystère de Fils du Père des Cieux.

Avec Jean Baptiste,
nous voulons Te laisser toute la place qui Te revient,
pour Te permettre d’opérer en nous et dans le monde
l’œuvre de ton Salut.

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