FMJ MtlMercredi, 2e Semaine de Pâques – B
Frère Thomas
Ac 5, 17-26 ; Ps 33 ; Jn 3, 16-21
15 avril 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Jésus fait de nous des associés pour bâtir son Royaume de lumière

Voilà que depuis lundi dernier,
la liturgie de l’Église nous donne à entendre
l’entretien de Nicodème avec Jésus,
au chapitre 3 de l’Évangile selon saint Jean.
Nous sommes dans la deuxième semaine du temps pascal
et nous entendons un passage d’Évangile
qui se situe avant la mort et la Résurrection de Jésus.
C’est que cet Évangile nous enseigne sur la résurrection,
et spécialement sur la vie de ressuscité
à laquelle nous sommes appelés,
nous qui avons mis notre foi dans le Seigneur Jésus.

Nicodème était venu trouver Jésus – de nuit, en cachette –
pour Lui dire d’abord qu’il reconnaissait
que Jésus était venu enseigner de la part de Dieu,
étant donné tous les signes – miracles –
qu’Il accomplissait.
Jésus en était venu à parler
de la nouvelle naissance, dans l’Esprit Saint.
Comme Nicodème semblait ne pas comprendre,
Jésus a parlé de sa Passion
(« Il faut que le Fils de l’Homme soit élevé »)
et du Salut qu’Il est venu apporter à l’humanité.

Voilà donc que Jésus fait une révélation
sur le sens de sa mission sur la terre.
« Dieu a envoyé son Fils dans le monde,
non pas pour juger le monde,
mais pour que, par Lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,17).
Jésus Se présente donc comme Fils de Dieu,
envoyé pour sauver le monde.

Sauver le monde de quoi?
Des maladies, des guerres, de la misère…
des souffrances, de la mort ?
Certes si le monde dans lequel nous vivons est mal pris,
c’est bien en raison de tous ces dysfonctionnements
que nous voudrions bien voir disparaître.
Alors, si Dieu envoie quelqu’un pour sauver le monde,
j’aurais envie de lui dire :
Fais bien et vite ton travail,
j’en ai assez de toutes ces misères.
Et si le salut attendu ne vient pas assez vite à mon goût,
j’aurais tendance à rendre Dieu responsable
de tous les maux de ce monde !
J’aurais aussi tendance à le regarder
comme un souverain jaloux
de son pouvoir et de ses richesses,
comme un juge injuste.

Souvent, je me comporte vis-à-vis de Dieu
comme un petit enfant à qui tout est dû
de la part de ses parents.
S’Il ne me donne pas ce que je veux quand je le veux
et de la manière que je le veux,
alors je me fâche contre Lui,
puis contre les autres, puis contre moi.
Je me dis qu’Il est injuste,
qu’Il est dur ou alors qu’en fait Il n’existe pas.

Face à de telles représentations
que nous pouvons avoir de Dieu,
Jésus nous dit qu’Il n’est pas venu
juger le monde mais le sauver.
Et curieusement, Jésus nous dit
que le salut consiste alors à croire en sa personne,
à accueillir la lumière qu’Il nous apporte
et qu’inversement, le jugement consiste à refuser cette lumière.

Voilà que Jésus nous invite à entrer
dans une toute autre logique que celle du donnant-donnant.
Plutôt que de considérer Dieu comme simplement
Celui qui pourvoit à mes besoins,
ou bien Celui qui me donne les autorisations
pour me permettre de réaliser mes envies,
pourquoi je ne considèrerais pas Dieu
comme un collaborateur,
comme Quelqu’un qui m’offre
d’entrer en alliance avec Lui
pour réaliser avec Lui et avec tous les autres humains,
une œuvre d’amour !
Certes, c’est Lui qui a l’initiative,
mais c’est moi qui décide d’embarquer avec Lui,
pour apporter ma contribution unique
pour la construction du Royaume d’amour de paix de joie,
comme un fils, comme une fille avec Jésus le Fils.

Si je ne veux pas embarquer,
si je regarde Dieu comme un pourvoyeur de soins
qui fait mal son travail,
ou encore comme un juge partial,
alors c’est moi-même qui m’exclus de ce Royaume de Lumière.
Ce n’est pas Dieu qui me juge.
C’est moi-même qui me juge impropre
à ce projet de vie et de lumière,
en raison d’un mauvais regard que je porte sur Dieu,
sur les autres et sur moi-même
(j’ai peur que mes œuvres mauvaises me soient reprochées,
mais je ne vois pas mes œuvres bonnes
que je pourrais mettre au service du Royaume de Dieu).

De la même manière,
comment vous qui venez prier avec nous
ici au Sanctuaire du Saint-Sacrement,
nous regardez-vous, nous moines et moniales,
qui avons consacré notre vie d’abord à la prière ?
Nous regardez-vous comme des prestataires
de services spirituels et religieux,
dont vous seriez les clients
(clients parfois satisfaits, parfois insatisfaits) ?

Ou bien nous regardez-vous comme des associés,
pour qu’ensemble – nous avec vous et vous avec nous –
nous construisions au cœur de Montréal
un germe de Royaume de paix,
de joie d’amour, à partir de la Parole de Dieu,
célébrée, intériorisée et mise en pratique ?

Voilà donc cette vie de résurrection
dans laquelle Jésus nous propose d’entrer,
qu’il révèle aujourd’hui à Nicodème :
non pas une vie de dépendance infantile vis-à-vis de Dieu,
mais une vie de collaboration
confiante et amoureuse avec Lui,
grâce à Jésus Christ.

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