FMJ MtlMercredi, 34e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Antoine-Emmanuel
Ap 15, 1-4 ; Ps 97 ; Lc 21, 12-19
26 novembre 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ces tout petits qui sont instruments de paix

Il y a dans cette page d’Évangile
un petit mot qui est si précieux : « Moi… » (Lc 21,15).
C’est Jésus qui parle.
C’est Jésus qui parle de ce que devront subir
ceux qui seront fidèles à son Nom, à sa charité,
à son style de vie qui est le don total de soi
par amour de tous, par amour des plus petits.

Eh bien… « Moi-même, Je leur donnerai
un langage et une sagesse » (v. 15).
C’est une promesse extraordinaire
et qui est une immense consolation
quand nous pensons à tous ceux
qui sont aujourd’hui persécutés
simplement parce qu’ils sont chrétiens.

« Moi-même, Je vous donnerai… ».
Jésus est présent, proche, intimement proche
de tous ceux qui souffrent parce qu’ils aiment.
Proche, intimement proche de tous les persécutés,
les exilés, les humiliés.
Proche de toutes les victimes de la traite des humains
que le Pape vient encore de dénoncer hier
en allant au Parlement européen.

C’est cela la résurrection du Christ :
c’est Jésus qui est éternellement présent, brûlant d’amour
dans le mystère de la Croix.
C’est une solidarité infiniment profonde de Jésus
avec tous les rejetés, les laissés pour compte,
les persécutés de la Terre.

Une solidarité si intime
que Jésus dira au dernier jour :
ce que vous avez fait à l’un de ces petits,
c’est à moi que vous l’avez faits (Mt 25,40).

Comment ne pas tomber en amour avec Jésus
quand nous Le voyons si divin, si glorieux
et si proche de toute faiblesse.
Il habite éternellement la faiblesse,
le dénuement, la précarité.

Non pas pour nous y laisser,
mais pour nous en tirer,
pour nous faire partager la puissance infinie
de sa résurrection qui remplit sa faiblesse
d’une éternelle joie,
d’une fécondité inouïe.

Ce qu’Il nous demande à nous,
l’Évangile de ce jour nous le dit :
la persévérance, l’endurance.
La tentation est énorme de céder à la violence,
de répondre au mal par le mal,
de répondre au terrorisme par le terrorisme.
Combien de fois cette guerre
s’est déroulée dans nos âmes ?
Jésus est là avec nous
qui nous propose la Sagesse de la Croix,
la Sagesse du pardon, de la miséricorde,
et nous avons préféré la violence,
la rancœur, la vengeance.

C’est pour cela qu’aujourd’hui,
Jésus nous appelle à nouveau à la persévérance.
Persévère dans la miséricorde.
Persévère dans la non-vengeance.
« Bénissez, ne maudissez pas… » (Rm 12,14).

Et quel est le fruit de cette humilité qui persévère,
de cet amour qui tient bon ?
Le fruit est : « et vous obtiendrez la vie » (cf. Lc 21,19).
Littéralement, le texte grec dit :
« et vous posséderez vos âmes ».

Si tu aimes jusqu’au bout confiant en Jésus,
obéissant à Jésus,
tu « posséderas » ton âme,
c’est-à-dire tu ne seras pas dépossédé
du souffle divin qui est en toi
depuis le jour de ta conception.

Le choix d’aimer et de pardonner
libère le souffle divin qui est en nous.
Le refus d’aimer et de pardonner
étouffe ce souffle, nous en prive
et nous fait plonger dans l’enjeu
de la tristesse et de la solitude.

Prenons soin de cette perle divine, de ce trésor divin,
de cette image de Dieu qui est en nous.
Prenons soin de la perle divine qui est en chaque humain
et en particulier prenons soin des plus petits
afin qu’ils découvrent combien Jésus
est solidaire de leur existence,
non seulement en cette vie, mais éternellement.

Car quel est le désir de Jésus :
que nous soyons tous, oui tous,
parmi la foule des amis de Dieu
qui chanteront éternellement les merveilles de Dieu.
« Grandes, merveilleuses sont tes œuvres Seigneur » (Ap 15,3),
en ayant entre nos mains les harpes divines.

Quand nous prions pour un défunt,
comme nous le faisons pour Pierre aujourd’hui,
c’est cela que nous demandons :
qu’ils reçoivent en leur mains les harpes divines
pour chanter sans fin la gloire de notre Dieu
avec la multitude des saintes et des saints.
Amen.

© FMJ – Tous droits réservés.