FMJ MtlVendredi 32e Semaine du Temps ordinaire – B
St Brice, évêque de Tours, † 444
P. Paul-André Cournoyer
Sg 13, 1-9 ; Ps 18 ; Lc 17, 26-37
13 novembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

À quoi nous raccrochons-nous ?

Tenez-vous sur vos gardes ! Soyons éveillés, « Je ne sais ni le jour, ni l’heure, mais je
sais que c’est toi Seigneur ». Il peut nous arriver parfois au cours de la journée, des jours,
des semaines même, et pire encore durant presque toute une vie, de vivre dans l’insouciance
devant la vie, la mort. Je vis le moment présent, je profite de tout ce qui se présente sur
ma route, peu importe que ça soit bien ou mal de toute manière pourquoi je me
préoccuperais de l’avenir, quel avenir ? Y a-t-il un Avenir ?

Un bon pourcentage de gens, malheureusement, vivent sans connaître leur mission :
pourquoi je vis, pour qui je vis (si ce n’est de faire beaucoup d’argent pour se payer du
plaisir) alors que le plaisir, il est gratuit en réalité. Certains vivent sans se donner
d’objectif de vie qui dépasse les limites de ce temps.

La Parole de Dieu me rejoint dans ce qui doit être essentiel dans ma vie, dans ma vraie
réalité, une réalité consciente de mes limites, de mes blessures qui sont appelées au
dépassement du visible. Ce qui se passera dans les jours du Fils de l’homme ressemblera
à ce qui est arrivé dans les jours de Noé…. les jours de Loth (Lc 17, 26.28).

La venue du Fils de l’Homme est à la fois une promesse de bonheur et une menace
angoissante. Trop souvent la venue prochaine du Fils de l’Homme ne compte pas au
cours de la vie. La vie suit sont cours normal en satisfaisant aux besoins nés de la faim,
de la soif, de l’argent, du plaisir en assurant l’existence terrestre. On ne voit pas la gravité
de la situation, on ne prend pas le temps au cours de notre marche sur Terre de s’arrêter,
faire silence et écouter ce qui se passe intérieurement. Pourtant nous sommes habités de
la présence de Dieu en chacun de nous sans exception de personne.

Les disciples demanderont à Jésus : « Où cela se passera-t-il, Seigneur? (Lc 17,37) » On ne
voit pas encore la venue du Fils de l’Homme; elle se laisse attendre. Nous vivons dans
l’espérance. Cette espérance doit nous faire vivre, de la même manière que lorsque nous
attendons un événement important, exemple la naissance d’un enfant, quelqu’un d’important
qui viendra nous visiter : « j’ai tellement hâte ! ». Nous sommes dans l’attente d’un déjà là pas
encore. Ce n’est pas de la fiction, c’est vraiment tiré de notre quotidien ces mouvements de vie
intérieur d’espérance. Ces mouvements d’espérance au quotidien doivent nous aider à
comprendre et surtout à vivre cette espérance qui dépasse ce que nous voyons pour ce que nous
ne voyons pas encore de l’au-delà. C’est l’espérance qui nous fait vivre la Parole de Dieu.

Voici ce que notre bon pape Benoît XVI (Joseph Ratzinger) nous livre au sujet de la venue du
Fils de l’Homme. « Croire au retour du Christ c’est d’abord nier que le monde puisse trouver sa
plénitude au sein de l’histoire ; et c’est précisément cette attitude de refus qui préserve l’homme
de la déshumanisation. Évidemment, si l’on s’en tenait à cette seule attitude de refus (même
considérée comme rationnelle), la résignation aurait le dernier mot. Mais la foi au retour du
Christ est en outre la certitude que le monde s’accomplira, non pas en vertu d’une raison
planifiante, mais du fait de l’invincibilité de l’amour qui a vaincu dans le Christ ressuscité.
« Croire au retour du Christ, c’est croire que finalement c’est la vérité qui jugera, et que
l’amour triomphera, mais seulement en dépassant l’histoire d’ici-bas qui, finalement, appelle
elle-même ce dépassement. L’histoire ne peut trouver qu’en dehors d’elle-même sa plénitude.
Quand on admet cela, quand l’histoire est vécue pour être dépassée, alors elle s’ouvre chaque
fois à sa plénitude. Alors la raison garde sa place et reçoit l’obligation d’oeuvrer selon ses
propres règles ; alors aussi l’espérance garde sa place sans être dénaturée en laboratoire.
« Le salut du monde, c’est que le monde en tant que tel soit dépassé. Le Christ ressuscité
est la certitude vivante que ce dépassement, sans lequel le monde reste absurde « insensé » ne
se heurte pas au néant, que par conséquent l’histoire peut-être vécue positivement, et que
notre action rationnelle, pour limitée et précaire qu’elle soit, a un sens. Par suite, l’antichrist est
la fermeture absolue de l’histoire sur sa propre logique, comme antithèse à Celui dont
selon Apocalypse 1, 17, tout oeil verra enfin le flanc ouvert. »1

Comme pour les disciples, nous sommes toujours dans l’attente de ce jour à venir. Il ne
sert à rien de calculer, de chercher des signes. Le Royaume en germe présentement
viendra comme un événement soudain, imprévisible, un jour de Salut, mais aussi un jour
redoutable, qui fera lumière sur ce que chacun a choisi comme essentiel à sa vie. Il faut se
ternir prêt dans notre cheminement à la suite de Jésus.

La lecture de ce passage du livre de la Sagesse nous invite à réfléchir, comment des gens
ont pu admirer les beautés de la création sans y reconnaître la main du Créateur. Par
contre le sage ne les blâme pas entièrement, il reconnaît leurs efforts pour chercher Dieu
Ils ne s’égarent peut-être qu’en cherchant Dieu (Sg.13,6).
En terminant, vous savez dans le répertoire de nos chansons folkloriques du Canada français,
les cahiers de la Bonne chanson de l’abbé Gadbois, il y en a une toute belle à remettre en
première position aujourd’hui au hit parade : «Le credo du paysan. » Voici le refrain :
Je crois en Toi, Maître de la nature,
semant partout la vie et la fécondité,
Dieu tout-puissant qui fis la créature,
Je crois en ta grandeur, je crois en ta bonté. (bis)
Puis-je maintenant croire à un avenir ? et quel est mon avenir ?

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1 Mère Élisabeth de Solms, Dom Claude Jean-Nesmy, Mère Cécile Miville-Dechêne, Bible chrétienne, tome 2 commentaires, éditions
Anne Sigier/Desclée, 1988, p.583