FMJ MtlSamedi, 31e Semaine du temps ordinaire – B
St Willibrord, moine et évêque, † 739, patron des Pays-Bas
Frère Benoît
Ro 16, 3-9.16.22-27 ; Ps 144 ; Lc 16, 9-15
7 novembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Être un bon intendant de sa vie

Chers frères et sœurs,
aujourd’hui encore Jésus nous propose une parabole.
Dieu veut nous confier de grandes choses.
Et ne pensons pas tout de suite à des bêtises :
comme une carrière,
un grand succès dans les finances,
ou même un avancement dans l’Église.
Non. De vraies grandes choses !
Mais pour le moment, en attendant,
en nous éduquant – comme un bon pédagogue –
Dieu nous confie de toutes petites choses
des petites affaires au quotidien.

C’est-à-dire se lever le matin
quand on n’est pas malade, avec joie,
se soigner quand on est malade, avec patience,
aller à l’école, au travail,
se marier ou entrer en religion,
s’éduquer soi-même comme parent
et puis éduquer les enfants en tant qu’enfants,
ou bien préparer les homélies,
se reposer comme il faut à la retraite,
puis tomber malade et mourir.
Voilà toutes ces petites affaires au quotidien.
Dieu regarde si au milieu de ces petites choses
notre cœur est vraiment libre
pour des grandes choses, pour Lui !
Pour la recherche non de notre gloire,
de notre prestige, mais en tout de sa gloire.

Qui je sers, voilà la question !
Le seul vrai Maître ?
Glorifions-nous Dieu
à travers ce que nous sommes ?
Ou allons-nous Le tromper ?
Allons-nous faire de ces petites affaires,
qu’Il nous a confié, nos petites affaires à nous ?
Nous ne pouvons servir à la fois Dieu et l’Argent.
Car à un moment donné un conflit d’intérêts
va nous détourner de cette vraie destinée de nos vies
que Dieu porte Lui-même en son cœur, pour nous,
de ce bien véritable.

Ce trésor qui ne rouille pas,
le bien de la vie éternelle !
En effet, il y a des biens étrangers à nous
que nous essayons de nous approprier.
Mais notre propre bien,
notre propriété vraie, n’est pas là.
Notre propre bien
n’est pas quelque chose d’extérieur à nous.
Notre plus grand bien pour nous
c’est nous-mêmes entièrement libre de nos vaines gloires
pour le service ininterrompu de la gloire de Dieu
qui sera déversée en nous.

Dieu nous confie en effet cette toute petite affaire
qu’est notre brève vie terrestre
pour nous donner le bien le plus grand,
notre vie éternelle.

Vivant en ce monde,
nous devrons alors paradoxalement
faire du profit avec ce qui, en soi, n’a aucune valeur.
Comme le serait le dollar s’il n’était pas couvert
de la valeur que lui donne l’État.
Je ne dis pas un faux dollar
– car notre vie n’est pas fausse –,
mais en soi que notre vie n’est pas couverte
d’une valeur propre à elle.
Je veux dire que si cette vie
n’est pas transformée en vie éternelle,
elle n’a pas de sens.
On dirait presque une vie qui trompe (cf. Lc 9,15).

Mais, il faut se montrer habile avec elle,
telle que nous l’avons reçue,
pour recevoir une responsabilité sans pareil :
porter éternellement en soi Dieu.
Comment être habile avec ma vie
et avec ce que Dieu m’a confié ?
Eh bien justement, ici on utilise les astuces des saints.
Voici quelques exemples de bonnes astuces :
Saint Augustin dit à Dieu :
« Seigneur donne-moi ce que tu commandes
et commande ce que tu veux ».
ou le bienheureux Charles de Foucault qui dit :
« Mon Père, je m’abandonne à toi
fais de moi ce qu’il te plaira ».
Et à son tour saint Ignace dit :
« Ce que j’ai c’est toi qui me l’as donné,
de toi je l’ai reçu.
À toi Seigneur je le rends.
Tout est à toi. »
Et Saint Paul nous dit :
« Apprenez à ne pas vous enfler d’orgueil
en prenant le parti de l’un contre l’autre.
Qui te distingue en effet ?
Qu’as-tu que tu n’aies reçu ?
Et si tu l’as reçu, pourquoi t’enorgueillir
comme si tu ne l’avais pas reçu ? (1 Co 4-7) »

Et effet, l’argent dont Jésus parle dans la parabole
est un signe de possessivité.
De l’avarice matérielle certes,
mais aussi celle des pharisiens
qui se présentaient comme des justes aux yeux des hommes
en accaparant le don de Dieu pour leur propre gloire.
C’est le prestige abominable des êtres
qui ne se reçoivent pas de Dieu comme un cadeau,
mais qui nourrissent leur propre vie
de ce que le monde peut leur offrir
sans rien retourner en louange à Dieu.
Servir alors le Mammon, c’est me crisper
sur des fausses promesses que je me donne
quand je me dis : je vais vivre par moi-même.
Mais servir Dieu,
c’est célébrer l’Eucharistie continuellement.
Célébrer la vie du Christ qui m’a été offerte,
une vie éternelle que j’accueille
pour la louange du Père.
Ainsi cette vie épouse la vie éternelle. Amen.

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