FMJ Mtl4e DIMANCHE DE CARÊME – A
Frère Antoine-Emmanuel
1 S 16,1… 13 ; Ps 22 ; Ép 5, 8-14 ; Jn 9, 1-41
26 mars 2017
Maison de Prière, Mont Saint-Hilaire

Le Christ t’illuminera

Samuel était une grande figure en Israël.
Un homme qui ne laissa tomber aucune Parole de Dieu (cf. 1 Sa 3,19).
Un grand…
Et pourtant, Samuel s’est trompé aujourd’hui.
Voyant venir le fils aîné de Jessé,
il n’a pas de doute : c’est lui que Dieu a choisi comme roi.
Saül était grand,
il dépassait tout le monde de plus d’une tête (9,2) ;
de même le Seigneur devait sûrement choisir Élias
qui était de haute taille !
Mais non !
Dieu a choisi David, certes beau avec son teint clair
et sa jolie figure (cf. 16,12),
mais qui n’était pas l’aîné, ni de haute stature.
C’était le petit dernier qui gardait le troupeau.

Samuel s’est trompé.
Il n’a pas regardé comme Dieu regarde.
Les hommes voient ce qui leur saute aux yeux,
mais le Seigneur voit le cœur (cf. 16,7).

Nous aussi, souvent, nous ne voyons pas comme Dieu voit.
Nous pensons voir, mais nous ne voyons que les apparences.
Le cœur nous reste caché.
Notre regard n’est que partiellement dans la Lumière.

*

C’était aussi le cas des pharisiens.
Ils étaient persuadés de voir clairement ;
ils étaient même religieusement convaincus de bien y voir !
Alors Jésus, dans sa miséricorde,
leur fait un grand cadeau : un signe ;
un signe clair et fort pour les aider.

Il y avait à Jérusalem un homme aveugle de naissance.
À lire de près le texte, on peut bien croire
que ses yeux ne s’étaient jamais ouverts,
qu’ils étaient recouverts de chair.
Autrement, on aurait du mal à comprendre
que Jésus ait pu mettre de la boue sur ses yeux,
et que les gens ne le reconnaissent pas immédiatement
lorsqu’il fut guéri.

Jésus, sortant du Temple où on avait tenté de le lapider,
parcourt les rues de Jérusalem et rencontre cet homme.
Après une brève discussion avec ses disciples
sur le lien entre la maladie et le péché,
Jésus fait ce geste insolite :
avec sa salive et de la terre, Il fait de la boue
et en enduit les yeux encore couverts de l’aveugle.

Jésus ne lui dit pas : « Je te guéris ».
Ni même : « Va te laver et tu guériras »,
mais Il lui dit : « Va te laver à Siloé » (Jn 9,7).
Et Siloé signifie « l’envoyé ».

Que fait cet homme ?
Sans doute saisi intérieurement
par l’autorité de Celui qui lui a parlé
et dont il ne voit pas le visage,
il obéit à sa Parole et va se laver.

Et parce qu’il obéit à la Parole de Jésus
et qu’il se lave à la piscine de « l’Envoyé », il voit.
C’est un signe magnifique !
Un cadeau pour les pharisiens :
si vous obéissez à ma Parole
et que vous allez vous laver en reconnaissant votre cécité,
alors les yeux de votre cœur
et de votre intelligence s’ouvriront.

Aujourd’hui vos yeux sont couverts de chair.
La chair vous empêche de voir.
Vous en êtes encore prisonniers !
Mais si vous croyez en ma Parole
et recevez l’eau du baptême, alors vos yeux s’ouvriront !

En d’autres termes, Jésus leur fait comprendre
– et nous fait comprendre –
qu’Il EST la Lumière.
Si nous obéissons à sa Parole
et nous nous confions à l’eau du Baptême,
nous verrons enfin le vrai visage de la Vie,
des autres, de nous-mêmes, de Dieu.

Ici, nous pouvons faire une remarque :
il peut arriver que Jésus nous mette de la boue sur les yeux
sans que nous le Lui ayons demandé.
Cela veut dire : Jésus nous concède
une période de nuit spirituelle.
Un passage par la nuit
où nous perdons le sens de Dieu,
de l’amour de la Parole.
Pourquoi ?
Pour que nous le re-découvrions Lui, Jésus,
plus profondément, comme « Lumière ».

Car on a vite fait de se prendre pour la lumière.
Et notre culture est aujourd’hui convaincue
que nous avons la lumière sans avoir recours à Dieu
et même que nous sommes, par nous-mêmes, la lumière.
Ne sommes-nous pas les héritiers directs
de la philosophie des « lumières » ?

Comment sortir de ces passages par la nuit ?
En obéissant très amoureusement à la Parole de Jésus
et en nous confiant à la piscine des sacrements de l’Église !

Il peut arriver aussi que ce soient nos égarements,
nos fautes qui nous mettent dans l’obscurité.
C’est ce dont parle l’apôtre Paul
dans sa lettre aux chrétiens d’Éphèse.

À Éphèse, il y avait des chrétiens qui étaient des pratiquants,
mais qui en cachette avaient une vie affective et sexuelle déréglée
et qui avaient même élaboré de bonnes raisons pour justifier cela.
Paul leur demande de dire non, de renoncer
à tout ce qui se fait en cachette
et de mettre cela à la lumière.
Car ce qui est mis en lumière devient lumière.

Il y a là quelque chose d’étonnant :
le péché mis en lumière devient le lieu d’où jaillit la lumière !
Prenons un exemple : j’ai la mauvaise habitude du jeu
et je le fais en cachette.
Si je le révèle à des proches,
des personnes capables de compassion et de prière,
si je me fais aider,
alors le lieu même de ma fragilité
va devenir un lieu de rencontre avec Jésus
et donc un lieu de lumière.
C’est par ma fragilité reconnue, démasquée
que je deviendrai lumineux.

Tout cela nous fait comprendre que le désir du Seigneur,
c’est que nous soyons des personnes lumineuses,
qui portent la lumière du Christ.
Paul a une très belle formule :
il nous dit que nous « sommes » Lumière :
c’est la grâce de notre baptême,
car nous portons le Christ en nous.

Mais Paul ajoute : « marchez comme des enfants de Lumière »,
c’est-à-dire vivez concrètement dans la Lumière !

Il ne suffit pas d’être « chrétien » par les sacrements,
mais il s’agit de vivre vraiment en chrétiens.
Paul aujourd’hui vient nous réveiller !
Il le dit explicitement : « Éveille-toi, toi qui dors.
Lève-toi d’entre les morts,
et sur toi le Christ resplendira » (Ép 5,14).
Tu t’es un peu – ou beaucoup – endormi ?
Tu as fait en cachette ce qui réprouve ta conscience ?
Réveille-toi !
Il n’est pas trop tard
pour devenir un homme ou une femme de Lumière !

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