FMJ Mtl17e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – C
Frère Antoine-Emmanuel
Gn 18, 20-32 ; Ps 137 ; Col 2, 12-14 ; Lc 11, 1-13
24 juillet 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Nous oxygènerons notre monde

Avez-vous remarqué comment les disciples attendent
que Jésus ait fini de prier pour Lui demander :
« Seigneur apprends-nous à prier » (Lc 11,1).

Ils laissent Jésus prier ;
ils respectent sa prière
et sans doute, ils regardent discrètement,
ils contemplent…

Cette scène évangélique m’a toujours fasciné :
regarder Jésus prier.
L’Homme qui est Dieu le Fils
en dialogue d’amour avec Dieu le Père.
‘En dialogue’, c’est-à-dire dans l’Esprit Saint.

Puis vient le moment où les disciples osent :
« Seigneur, apprends-nous à prier ».
Et c’est la même demande
que nous faisons aujourd’hui à Jésus :
apprends-nous à prier.

La réponse est si belle !
« Quand vous priez, dites : ‘Père’ » (v. 2).
La prière est une relation, une rencontre.
Ce qui veut dire que la prière nous demande d’abord
de nous tourner vers le Père.
Mon esprit, mon intelligence, ma sensibilité,
se tournent vers le Père.
Je regarde vers Lui.
Je plonge dans l’intériorité :
je sors de moi-même ;
je prends la route de l’infini ;
je vais radicalement au-delà de mon petit monde connu.

Et, tremblants peut-être, intimidés,
nous nous tournons vers notre Créateur.
vers Celui qui nous fait être ;
vers Celui qui nous aime ;
vers Celui qui n’a pas peur
de laisser son amour déborder vers nous.

La prière ne consiste pas à se fermer sur soi,
mais à nous ouvrir sur l’au-delà de nous.
Et cela est d’autant plus vrai
que Jésus nous fait dire « nous »…
Jésus nous apprend qu’il n’y a pas
de prière individuelle coupée des autres.

Si tu veux prier, il te faut dire ‘nous’, ‘notre’.
Si cela est difficile,
commence par inclure dans ce ‘nous’
simplement un ami, un frère, une sœur.
Puis, élargis le ‘nous’ à tous ceux que tu aimes ;
ensuite élargis-le à tes ennemis
et enfin, à toute l’humanité.
Et si tu es porté à exclure quelqu’un de ce ‘nous’,
prie pour que ton cœur perde cette raideur.

*

Frères et sœurs, prier à l’école de Jésus,
signifie cette ouverture au Père
et cette ouverture à tous ;
cela veut dire que prier, c’est se perdre,
c’est un véritable sacrifice
où nous nous offrons sur l’autel de la prière.

Prier, c’est se livrer à l’Amour,
et unis à Jésus, sauvés par Lui,
cela nous est possible, cela nous est donné !
Et le Feu n’est autre que celui
de la Croix glorieuse de Jésus,
que le Feu de son Eucharistie.
L’Évangile est la Bonne Nouvelle de la prière
qui est désormais offerte à tous ceux qui croient en Jésus.

*

Que nous enseigne encore Jésus ?
Il nous invite à demander :
à demander le pain, le pardon et d’être préservés du mal.
À demander tout cela avec un cœur d’enfant,
sans même dire ‘s’il Te plaît’ !
Parce qu’il n’y a aucun doute que le Père Se plaît
à prendre soin de ses enfants,
à leur donner, à nous donner
tout ce qui nous est effectivement nécessaire,
à condition que nous ne le demandions pas
seulement pour nous-mêmes,
mais pour l’humanité entière.

Jésus prolonge alors son enseignement
par une petite parabole qui est une invitation
à déranger Dieu sans se gêner.
Même si c’est de nuit, demande…
Même s’il fait nuit en toi, demande…
Même s’il te semble que tout est ténèbres en toi
et autour de toi, demande.

Jésus nous invite explicitement
à frapper à la porte du cœur de Dieu avec ‘anaideia’,
c’est-à-dire sans pudeur, sans gêne.
On pourrait presque dire ‘sans respect humain’.
Cela veut dire : ne cherche pas à mesurer
si tu es digne ou non de t’adresser au Père !

Regardez dans la première lecture
comment Abraham ne se préoccupe absolument pas
de sa propre sainteté, de ses mérites,
pour demander à Dieu de sauver la ville de Sodome.
Son point d’appui n’est pas son mérite à lui,
mais la justice de Dieu.

« Eh bien moi, je vous dis :
demandez, vous obtiendrez ;
cherchez, vous trouverez ;
frappez, la porte vous sera ouverte » (Lc 11,9).

Dans la prière, frappe sans pudeur à la porte de Dieu
et tu entreras dans son cœur.
Comme dans la parabole, demandez au Père
tout ce qui est nécessaire à notre humanité
pour que nous nous aimions les uns les autres,
et Lui Se lèvera et nous donnera de quoi aimer.
Il se « lèvera ».
Il ressuscitera pour donner à tous
la force de pardonner,
la grâce pour consoler,
la joie de servir.

Mais surtout, n’aie aucune gêne !
Méfie-toi de tout ce qui rend
ta prière étroite ou étriquée.
La prière, c’est perdre pied
dans l’océan de l’Amour divin.
Mais c’est de nuit !
C’est dans la foi…

*

Que nous enseigne encore Jésus ?
Il nous enseigne le chemin de la confiance.
Si tu demandes un œuf,
tu ne recevras pas un scorpion.
La réponse du Père à notre prière
sera toujours un immense bienfait.
La petite parabole à cet égard est instructive.
« Mon ami, prêtes-moi trois pains » (Lc 11,5).
Et quelle est la réponse de l’Amour ?
Il ne prête pas… Il donne.
Et que donne-t-Il ?
Non pas trois pains,
mais tout ce qu’il lui faut.

Ainsi fait le Père,
mais souvent nous ne reconnaissons ses bienfaits
que plus tard, car le Père aime
nous donner le centuple,
mais c’est selon le Royaume, c’est en vue du Ciel.
Et que pouvons-nous demander aujourd’hui au Père ?
Le don de la prière !
Alors, ce n’est pas un scorpion que nous recevrons,
c’est l’Esprit Saint que nous recevrons.
L’Esprit même de Dieu, Dieu qui est souffle d’Amour
survient en nous pour que nous puissions prier,
pour que nous entrions dans le labeur et la joie de la prière.

Et si tu es en train de bien bâtir ta prière
et que l’Esprit Saint survient en toi,
cesse de bâtir toi-même ta prière,
et laisse l’Esprit agir !

*

Chers frères et sœurs,
ces semaines d’été sont une belle occasion
pour faire de nouveaux pas dans notre vie de prière,
pour nous « laisser à l’Esprit »
comme le disait Monsieur Olier
qui fut le grand inspirateur de Ville-Marie (Montréal).

Saint Paul nous a dit tout à l’heure que par le baptême,
nous avons été mis au tombeau avec Jésus
et qu’avec Jésus, nous sommes ressuscités.
Alors, laissons vivre l’enfant de Dieu que nous sommes !
Laissons l’enfant en nous s’adresser au Père
avec toute la simplicité et le sans-gêne d’un tout petit !

Prions, prions et nous oxygènerons notre monde.
Notre temps est saturé de toutes sortes de pollutions
qui ternissent les âmes.
Si nous prions, le monde en sera oxygéné !
Prions, intercédons : voilà notre belle mission
pour cet été et pour toute notre vie !

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