FMJ MtlSamedi, 21e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
1 Co 1, 26-31 ; Ps 32 ; Mt 25, 14-30
30 août 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Quels talents as-tu reçu ?

Je suis parfois mal à l’aise
avec cette parabole des talents
que nous offre Jésus.
Une certaine lecture
pourrait nous faire prendre cette parabole
pour une apologie de la concurrence, des affaires.

Mais la première lecture,
où Saint Paul fait remarquer aux Corinthiens
que Dieu a choisi ce qui est faible dans le monde
pour confondre les forts,
remet bien les choses en place.

Lorsque l’homme de la parabole
confie ses biens à ses serviteurs,
il les leur confie à chacun selon ses capacités.
Ainsi l’un reçoit cinq talents,
un autre en reçoit deux et le troisième un seul.
Ceux qui ont reçu cinq ou deux talents
les font fructifier.
Mais leur maître
ne fait pas de favoritisme entre eux.
Chacun d’eux entre dans la joie de son maître.
Les deux certes n’ont pas les mêmes capacités,
ils n’ont pas les mêmes talents – dirions-nous.
Mais ils les font fructifier,
chacun selon ses possibilités.

Il y a celui fait des constructions,
celui qui fait de la cuisine,
celui qui fait de la décoration,
celui qui enseigne…
celui qui sourit,
celui qui prie.
Si chacun d’entre eux s’applique
à produire quelque chose
dans le domaine qui est le sien,
cela fait la joie de leur maître.
Ainsi Dieu, lorsqu’Il nous voit affairés
chacun à notre travail.

Certes nous pouvons rencontrer
des difficultés, des ratés.
Nous pouvons connaître des échecs,
des moments de découragement même.
Mais si nous avançons,
confiants dans les dons
que nous avons reçus de Dieu
et aussi confiants en nous-mêmes,
puisque Dieu le premier nous fait confiance,
alors nous faisons la joie de Dieu
et nous pouvons entrer dans sa joie.

Il y a le cas du serviteur
qui a reçu un seul talent
et qui n’a rien fait
– rien essayé même –
pour le faire fructifier.
Il l’a déposé dans un linge.
Et il donne la raison de son comportement :
« Je savais que tu es un homme dur :
tu moissonnes là où tu n’as pas semé,
tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. » (Mt, 25,24)
Peut-être aussi éprouve-t-il de la jalousie
vis-à-vis de ses compagnons,
qui ont reçu deux ou cinq talents,
alors que lui n’en a reçu qu’un seul.

Terrible méfiance vis-à-vis de Dieu
qui nous conduit à la méfiance
envers nos compagnons de route
et qui nous conduit finalement
à la méfiance envers nous-mêmes.
Il ne cherche même pas à faire fructifier ce talent
qu’il a reçu, pour son propre profit.

Il voudrait être sage, fort,
quelque chose… contre son maître.
Il a à apprendre,
à consentir, pour un temps,
à être fou, faible, rien, selon l’esprit de ce monde.
Si j’estime n’être rien devant Dieu
et devant les autres,
je me crée en fait moi-même
mon propre personnage.

Mais si je me reçois de Dieu,
à partir du rien qu’au départ je suis ;
si je me reçois de Lui avec mes talents,
alors je deviens quelque chose,
quelqu’un, au milieu de mes semblables,
apportant ma propre contribution
pour la joie de Dieu, pour leur joie
et pour ma propre joie !

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