FMJ MtlSolennité de la Sainte Trinité – B
Frère Thomas
Dt 4, 32-34.39-40; Ps 32 (33); Rm 8, 14-17; Mt 28, 16-20
27 mai 2018
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Nous ne sommes pas exclus de ce Mystère

Entre le polythéisme des nations païennes
et le Dieu monobloc du Judaïsme ou de l’Islam,
il y a la Trinité.
Ce n’est pas seulement un mystère à contempler,
c’est une vie à laquelle nous sommes conviés.
Le mystère de la Trinité nous concerne.

Déjà le livre du Deutéronome parlait de Dieu
comme ayant entrepris de se choisir le peuple d’Israël,
à travers des épreuves, des signes,
des prodiges et des combats.

Ainsi Dieu n’est pas lointain,
il est proche et il est plein de sollicitude envers son peuple.
Il n’est pas comme les dieux de la mythologie grecque ou romaine,
qui étaient divisés entre eux à la manière des humains,
et qui projetaient sur les humains leurs divisions.
Mais Dieu reste solitaire,
Il reste monobloc.

Il est des épisodes cependant
où on parle de Dieu au pluriel :
À la création Dieu dit
« Faisons l’homme à notre image et à notre ressemblance ».
Au chêne de Mambré,
Abraham reçoit la visite du Seigneur
sous la forme de trois hommes.

La tradition de l’Église y voit des préfigurations
du mystère de la Trinité.
Et l’icône dite de la Trinité,
peinte par Andreï Roublev,
qui est offerte à notre contemplation en ce jour,
est en fait la représentation de ces trois mystérieux visiteurs,
qu’Abraham accueillit au chêne de Mambré.

Ces trois personnages ont les regards
tournés l’un vers l’autre,
dans une relation d’amour,
unis dans leur diversité.

La Trinité vient avec la Révélation chrétienne,
lorsque Jésus fait incessamment référence à son Père
et qu’il finit par affirmer :
« Le Père et moi nous sommes UN ».
Jésus parle aussi de l’Esprit Saint
qui vient du Père et qui le glorifiera.

Pour toutes ces raisons
la tradition de l’Église en est venue à formuler
le dogme de la Trinité :
un seul Dieu en trois personnes.
Mais ce qui est remarquable,
et ne peut que nous intéresser,
c’est que nous ne sommes pas exclus de ce mystère.

Sur l’icône de Roublev
les trois personnages ont des regards ouverts, accueillants,
et il reste une place devant eux,
qui est pour nous.

Dans l’épitre aux Romains que nous avons entendue,
saint Paul nous dit :
« Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils (des filles);
et c’est en lui que nous crions « Abba! » c’est-à-dire : Père! »
Ainsi si Jésus est le Fils du Père,
par l’Esprit Saint nous devenons nous aussi fils (filles) du Père,
et nous appelons Dieu, Père.

Nous entrons ainsi dans le mystère de la Trinité.
Dieu-Trinité n’est pas ainsi un bloc qui nous serait extérieur,
telles les divinités païennes,
ou même tel le Dieu d’Israël ou le Dieu de l’Islam,
qui restent séparés des humains.

Jésus commande à ses apôtres :
« Dans toutes les nations faites des disciples :
baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit ».
Ainsi par le baptême toute personne se trouve plongée dans la Trinité.

Par l’eucharistie nous sommes unis au Fils,
qui nous tourne vers le Père par l’Esprit.
Par la confirmation, nous sommes marqués de l’Esprit Saint,
qui fait de nous des fils, des filles du Père.
Les prières chrétiennes que nous faisons,
ou qui sont faites sur nous,
sont faites au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit.

Notre religion n’est pas d’abord une théorie sur Dieu-Trinité,
elle nous fait pratiquer Dieu-Trinité.
Et même, si Jésus est venu dans notre monde,
s’il a vécu sa Passion et sa Résurrection,
c’est afin de nous faire entrer avec lui dans la relation au Père,
par l’Esprit Saint qu’il nous a donné.

Bénis sois-tu Seigneur, Père, Fils et Esprit Saint.
Tu n’es pas un panthéon
ni un monobloc qui nous seraient extérieurs.

Tu es là pour nous,
pour nous faire entrer en toi,
car tu nous as fait pour toi.
Que nous soyons de plus en plus plongés en toi,
que par l’Esprit Saint nous devenions des fils, des filles,
dans le Fils, pour appeler Dieu Père bien-aimé.

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