FMJ MtlMercredi, 33e Semaine du Temps ordinaire – C
Frère Thomas
2 M 7, 1.20-31 ; Ps 16 ; Lc 19, 11-28
20 novembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Ne cache pas tes talents

Voilà un évangile sur le règne de Dieu.
Comme beaucoup d’auditeurs de Jésus
pensaient le voir se manifester
au moment où Jésus s’approchait de Jérusalem,
il leur dit que ce n’est pas pour tout de suite.
Cette parabole des pièces d’or parle de Jésus.
Dans l’Évangile selon Saint Matthieu
c’est la parabole des talents qui lui correspond.

Il est cet homme de grande noblesse
qui part vers son Père pour se faire nommer roi de l’Univers
et rentrer ensuite chez lui, dans notre monde,
au moment de la Parousie.
Il a confié des pièces d’or à ses serviteurs.

Cependant beaucoup ne veulent pas qu’il règne sur eux.
Ceux qui font fructifier les pièces d’or,
ce sont ceux qui croient et qui agissent selon leur foi.
Celui qui enfouit la pièce d’argent
met sa foi de côté alors qu’il était un ami de Jésus.
Il se retrouve sans rien.
Puis ceux qui ne veulent pas que le roi règne sur eux
sont ceux qui refusent Jésus, alors qu’ils le connaissent.

« Il appela dix de ses serviteurs,
leur distribua dix pièces d’or et leur dit :
‘Faites-les fructifier pendant mon voyage.’ » (Lc 19,13)

Nous sommes les serviteurs, les servantes de Jésus,
nous qui avons mis notre foi en Lui.
Il nous a confié des pièces à chacun d’entre nous.
Il y a certes les capacités naturelles qui sont les nôtres,
les talents divers.
Il y a aussi les charismes que nous recevons de façons diverses
au service de la croissance du corps du Christ qui est l’Église.
Mais il est une pièce que nous recevons tous :
c’est notre Baptême, c’est l’Eucharistie.
Et Jésus nous dit : « Faites fructifier votre Baptême,
faites fructifier l’Eucharistie
à laquelle jour après jour vous prenez part. »

Jésus, qui est remonté auprès du Père
pour recevoir la dignité royale,
après avoir vécu la mort et la résurrection,
nous demande de faire fructifier
ces pièces que nous avons reçues.
Comment pouvons-nous le faire ?
En posant des actes de foi, de charité et d’espérance,
par nos regards, notre écoute,
notre parole, nos actions, nos attentions.

Mais comment pourrons-nous, au retour du Maître,
à l’Avènement de Jésus, à Sa Parousie,
lui remettre dix, cinq ou davantage de pièces ?
Pourrions-nous démultiplier notre Baptême,
pourrions-nous démultiplier les Eucharisties que nous vivons ?
Oui, car chaque fois
que nous mettons la Parole de Dieu en pratique,
c’est la Pâque du Christ
qui est comme à nouveau présentée au monde.

Et ceux qui donnent leur vie pour le Christ,
pour la Parole de Dieu,
à l’exemple des sept frères martyrs d’Israël
– dont nous avons entendu le récit à la première lecture –
sont configurés d’une manière éminente et spéciale
à la Pâque du Christ.
Nous avons donc dans notre vie sur cette terre
maintes et maintes occasions pour faire fructifier,
pour démultiplier la pièce d’or de notre Baptême
et de l’Eucharistie que nous recevons.

Celui qui dans la parabole a déposé la pièce dans un linge
a un raisonnement bien étrange :
« J’avais peur de toi – dit-il à son maître –
tu es un homme exigeant,
tu retires ce que tu n’as pas déposé,
tu moissonnes ce que tu n’as pas semé. » (21)
Donc en fait cet homme n’a pas confiance en son maître,
qui pourtant lui avait fait confiance.
Par le don du Baptême, par le don de l’Eucharistie,
Jésus nous fait confiance.
Il attend notre foi en retour.
Si nous mettons notre Baptême au placard,
si nous ne le faisons jamais fructifier – de façon délibérée –
Jésus sera peiné et à la Parousie, ce qu’il nous aura confié,
Il nous l’enlèvera pour le donner à un autre
qui aura fait produire du fruit.
Il ne s’agit pas ici de ceux
qui n’auront pas fait fructifier leur Baptême
par ignorance ou par inconscience.
S’ils auront fait du bien, selon la droiture de leur conscience,
Jésus leur dira : « J’ai eu faim et vous m’avez donné à manger.
J’ai eu soif et vous m’avez donné à boire. » (Mt 25,42)
Mais si nous croyons avoir la foi, alors que délibérément
nous n’avons rien fait pour la faire fructifier…
Jésus nous enlèvera ce que nous croyons avoir.

Ceux qui ne veulent pas que le roi règne sur eux
le détestent, nous dit la parabole.
Ils s’empressent d’envoyer une délégation
pour dire ainsi leur refus.

Serait-il possible que des personnes
ayant connu Jésus et sa bonté
refusent qu’Il règne sur eux ?
Jésus est exigeant, car l’amour est exigeant,
et cette exigence peut amener des personnes à le refuser.
Mais si à son retour glorieux, au moment de la Parousie,
ils continuent à le refuser…
pourront-ils continuer à vivre en sa présence ?

C’est là le sens de cette mise à mort à la fin de la parabole
qui peut nous paraître cruelle,
mais qui dit bien qu’à la Parousie
il n’y aura pas d’autre alternative de vie que d’accueillir Jésus.

Que nous ayons donc à coeur
de faire fructifier notre Baptême, notre foi ;
que l’Esprit Saint nous garde de la mettre sous un linge ;
et qu’Il nous garde de refuser la royauté de Jésus
qui est le règne de l’Amour sans ombre et sans fin.

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