FMJ MtlMercredi, 21e Semaine du Temps ordinaire – A
Frère Thomas
2 Th 3, 6-10.16-18 ; Ps 127 ; Mt 23, 27-32
27 août 2014
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Cohérence entre l’extérieur et l’intérieur

La liturgie de l’Église
nous donne à entendre, en ces jours,
une série de critiques
que Jésus fait aux scribes et aux Pharisiens.
C’est comme si Jésus,
excédé de tant de fermeture
et de harcèlement de leur part,
se mettait à leur dire leurs quatre vérités.
Ces reproches que Jésus leur faits
sont d’une grande importance,
car à travers eux,
nous voyons l’originalité de l’enseignement de Jésus,
et nous voyons aussi
ce qui a conduit à sa condamnation à mort.

Notons d’abord qu’il ne s’agit pas là
de colère ni d’insultes,
auxquelles Jésus donnerait libre-cours.
Il s’agit simplement de la vérité,
que Jésus se fait un devoir de dire à ses interlocuteurs,
responsables religieux en Israël,
qu’Il respecte et apprécie par ailleurs.

Si les Évangiles nous relatent tant de controverses
entre Jésus et les scribes et les Pharisiens,
c’est que ces derniers aimaient discuter avec Lui.
Et même certains l’invitaient à leur table.

Si donc Jésus va jusqu’à leur dire qu’ils ressemblent
à des tombeaux blanchis à la chaux, (cf. Mt 23,27)
c’est parce qu’Il les aime
et qu’Il est navré devant leur endurcissement.

Qu’est-ce que Jésus leur reproche ?
Nous pouvons le résumer
dans la phrase qu’Il leur dit aujourd’hui :
« à l’extérieur, pour les gens,
vous avez l’apparence d’hommes justes,
mais à l’intérieur,
vous êtes pleins d’hypocrisie et de mal. » (Id.)

Cela me rappelle quelque chose.
Cela ressemble beaucoup aux reproches
que certaines personnes aujourd’hui
peuvent faire à des personnes
qui pratiquent leur religion.
Ils disent : « Moi je ne veux pas pratiquer la religion
de façon hypocrite. »
On aurait envie de leur répondre :
« Alors vous seriez bien amis avec Jésus.
Avez-vous lu l’Évangile ? »
C’est comme si ces invectives
que Jésus disait à l’adresse des scribes
et des Pharisiens il y a 2000 ans,
pouvaient parfois s’adresser aussi à nous aujourd’hui.

Je prie, je vis selon les commandements de Dieu,
mais il m’arrive aussi de devenir désagréable
– voir hostile ou violent –
vis-à-vis des personnes qui ne font pas ce que je fais.

Il y a là comme un désaccord
entre mon extérieur et mon intérieur :
à l’extérieur, je suis dévôt(e)
et je fais des bonnes œuvres,
mais à l’intérieur, je suis rempli de jugements,
de malice et de méchanceté.
Je me mets alors – sans l’avoir voulu au départ –
à persécuter ceux qui n’agissent pas comme moi.
N’est-ce pas ce que faisaient les pharisiens,
lorsque par exemple,
ils tombaient sur le paralytique guéri par Jésus
simplement parce qu’il portait son grabat le jour du sabbat ?

C’est là le danger du fondamentaliste,
qui ne supporte pas d’autres pratiques religieuses que la sienne.
Cela donne aujourd’hui, par exemple,
les islamistes de l’État islamique de l’Irak et de la Syrie,
qui somment tous leurs concitoyens
à se convertir à l’Islam (à leur Islam à eux)
ou à payer un impôt exorbitant, ou à partir.
Mais ce danger existe aussi en moi,
en chacun d’entre nous,
si nous n’y prenons par garde.

Le pape Benoît XVI, dans un de ses messages
pour la journée mondiale pour la paix, le 1er janvier,
pointait le fondamentalisme
comme une menace contre la liberté religieuse.

Ainsi nous voyons Jésus qui au fond prêche,
avec l’Évangile, la liberté religieuse.
Il ne s’agit pas d’imposer des pratiques de l’extérieur,
mais à parler aux intelligences et aux cœurs,
pour que les personnes prennent elles-mêmes conscience
du bien fondé de la religion.

Ainsi Jésus, lorsque son Évangile est rejeté
par toute une partie des responsables religieux d’Israël,
ne leur résiste même pas, ayant
– jusqu’au cœur de son exécution –
les seules armes de sa Parole et de sa miséricorde.

Que l’Esprit Saint nous donne de conformer
notre intérieur à notre extérieur,
afin que nos pratiques religieuses,
notre vie de prière et notre vie morale
soient en accord avec notre accueil
et notre respect de toute personne,
créée à l’image de Dieu,
dans son corps et dans sa conscience.

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