Ascension du Seigneur – C
Frère Thomas Minh
Ac 1, 1-11 ; Ps 46(47) ; He 9, 24-28 ; 10, 19 ; Lc 24, 46-53
1er juin 2025
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

L’Ascension et l’appel au repentir

Frères et sœurs, la liturgie est ce moment privilégié où nous vivons intimement avec Dieu. Elle marque le rythme de notre vie chrétienne : Avent, Noël, Carême, Pâques… et temps ordinaire. Et au cœur de tout cela, Jésus-Christ demeure le centre de notre foi et de notre espérance .

Aujourd’hui, quarante jours après la Résurrection glorieuse du Christ, nous célébrons l’Ascension du Seigneur . Ce mystère profond de notre foi est proclamé dans nos symboles de foi : que ce soit dans le Credo de Nicée-Constantinople (« Il est monté au ciel, Il siège à la droite du Père » ) ou dans le Symbole des Apôtres (« Il est monté au ciel » ).

Cette montée du Christ ressuscité vers le ciel n’est pas un simple fait historique : elle est source d’espérance . Elle nous rappelle que notre destin ultime est la vie éternelle dans la gloire céleste . Quelle joie de croire que notre corps, aujourd’hui marqué par la fragilité terrestre, ne se corrompra pas pour toujours, mais qu’un jour, il sera ressuscité par Celui qui a vaincu la mort ! Comme le dit saint Paul : « Notre citoyenneté est dans les cieux, d’où nous attendons aussi un Sauveur, le Seigneur Jésus-Christ, qui transformera notre corps misérable pour le rendre semblable à son corps glorieux » (Ph 3, 20-21).

Par le baptême, nous sommes devenus membres du Corps mystique du Christ : Il est la tête, nous sommes ses membres . Or, si la tête est entrée dans le Royaume des cieux, les membres y entreront aussi. Quelle consolation de savoir qu’à la fin de notre vie terrestre, nous retrouverons Jésus, Marie, Joseph, les anges, les saints… et peut-être même certains de nos proches aimés. Oui, nous avons une double vie : terrestre et céleste .

Un jour, une personne m’a posé une question profonde, venue du cœur :
— Si quelqu’un ne croit pas en Jésus-Christ, ne mange pas sa chair, ne boit pas son sang, ira-t-il aussi au ciel ?

C’est une question réelle, brûlante, humaine. Voici ma réponse : nous ne pouvons pas juger qui ira au paradis ou en enfer . Le jugement final appartient à Dieu seul. « Car à moi la vengeance, à moi le châtiment » , dit le Seigneur (Dt 32, 35). Lui seul connaît le fond du cœur de chacun.

Mais comme la voix du Baptiste dans le désert (Mc 1, 4), je veux aujourd’hui m’adresser non seulement à vous ici présents — qui vivez votre foi dans les sacrements — mais aussi à tous ceux qui sont loin, à tous ceux qui cherchent, doutent ou ignorent encore la Bonne Nouvelle.

Le Christ appelle toute l’humanité au repentir . Arriver au repentir, c’est revenir à Dieu. C’est croire en Jésus-Christ. C’est accueillir l’Esprit Saint comme guide et force intérieure. N’ayons pas peur de redire les paroles du Maître, pour que le monde entier les entende : « Qui a des oreilles, qu’il entende » (Mt 11, 15).

Jésus dit : « Celui qui croit en moi a la vie éternelle. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour » (Jn 6, 47.54). Et toute cette promesse, nous la recevons dans l’Eucharistie , source et sommet de la vie chrétienne.

Il dit encore : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix. Ce n’est pas comme le monde la donne que je vous la donne » (Jn 14, 27). La paix du Christ est une paix sans compromis avec l’esprit du monde. C’est une paix conquise sur la Croix, offerte dans le don total du Fils.

Frères et sœurs, l’événement de l’Ascension du Seigneur évoque aussi son humilité divine . Son chemin correspond à ce qu’Il a lui-même enseigné : « Quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé » (Lc 18, 14b). Le Christ, abaissé jusqu’à la mort sur la Croix, est maintenant élevé dans la gloire céleste. Selon l’évangile de saint Luc, « il fut enlevé au ciel » (Lc 24, 51).

La Bible nous dit que « les orgueilleux s’éloignent loin de Dieu » (Ps 72, 28), tandis que près de Lui se tiennent les anges et toutes les âmes qui ressemblent à Jésus dans leur bonté, leur douceur et leur miséricorde.

Frères et sœurs, nous sommes donc invités à être humbles et doux de cœur , comme notre Seigneur Jésus-Christ, qui disait de Lui-même : « Apprenez de moi, car je suis doux et humble de cœur » (Mt 11, 29).

Puissions-nous, en ce jour de l’Ascension, accueillir plus profondément l’espérance qui nous est donnée, et répondre à l’appel universel au repentir . Que le Christ glorifié intercède pour nous auprès du Père, et que l’Esprit Saint nous rende témoins joyeux de Sa résurrection.

Amen.

Vous pouvez télécharger la feuille liturgique mensuelle