4ème Dimanche de Carême – C
Frère Thomas
2 Chr 36, 14-16.19-23 ; Ps 137 (138) ; Ép 2, 4-10 ; Jn 3, 14-21
30 mars 2025
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal
Le fils cadet, le fils aîné et le père miséricordieux
Chers frères et sœurs en Christ,
Écoutons aujourd’hui la Parole de Dieu à travers l’une des paraboles les plus touchantes et les plus riches d’enseignements : la parabole du fils que l’on appelle souvent le fils prodigue. Cette histoire, mes bien-aimés, nous présente trois figures essentielles : le fils cadet qui s’éloigne puis revient, le fils aîné qui reste mais s’indigne, et le Père, figure de l’amour et de la miséricorde divine.
Penchons-nous d’abord sur le fils cadet. Il demande à son père sa part d’héritage, un acte qui revient à considérer son père comme déjà mort, tant son désir d’indépendance est fort. Ce désir d’autonomie peut nous parler, surtout lorsque nous entrons dans l’âge adulte, car il est juste de vouloir bâtir notre propre chemin. Cependant, le fils cadet ne cherche pas à construire, mais à jouir sans limites de sa richesse nouvellement acquise. Il gaspille sa fortune dans une vie de désordre et se retrouve dans le dénuement, aggravé par une famine. Contraint à un emploi misérable, il prend conscience de son égarement et décide de retourner vers son père, non pas en fils, mais en simple ouvrier, reconnaissant ainsi son péché. Et quelle n’est pas sa surprise, frères et sœurs, de voir que son père ne le laisse même pas achever sa confession ! Il court à sa rencontre, l’embrasse et organise une fête pour célébrer son retour. N’est-ce pas là une image puissante de l’amour de notre Père céleste ? La confession de nos péchés peut être difficile, mais elle nous conduit à la rencontre de cet amour infini qui se réjouit de notre conversion.
Considérons ensuite le fils aîné. Il revient du travail et entend la joie et la musique. En apprenant que cette fête est donnée pour son frère, il entre dans une colère froide. Il estime que ce dernier ne mérite pas un tel accueil après son manque de respect envers leur père. Il trouve cela injuste, lui qui est toujours resté fidèle et pour qui jamais une telle célébration n’a eu lieu. Frères et sœurs, cette attitude est celle que Jésus lui-même reprochait aux pharisiens et aux scribes : un cœur dur, incapable de miséricorde, qui ne voit que la justice et reste insensible à la misère du pécheur. Certes, le fils cadet a péché gravement, mais il est maintenant dans la souffrance et reconnaît ses fautes. Soyons touchés, comme le Père, par la misère de ceux qui se repentent et adoptons son regard miséricordieux.
Enfin, contemplons le Père miséricordieux. Dès le début, il fait preuve de miséricorde en accordant à son fils cadet la part d’héritage qu’il réclame. Puis, dans l’attente, son cœur de père patiente. Il ne s’arrête pas à l’offense, mais regarde la misère dans laquelle son enfant est tombé. Être miséricordieux, c’est prendre à cœur la souffrance de son enfant. Et lorsque ce dernier revient, alors qu’il est encore loin, il court à sa rencontre, se jette à son cou et l’embrasse. Il le revêt d’habits dignes et organise une fête. Tel est Dieu notre Père, mes chers frères et sœurs : passionné par notre retour. Il ne nie pas nos péchés, mais il nous attend dans notre faiblesse, prêt à nous relever. C’est ainsi que nous vivons le sacrement de la réconciliation : c’est le Père lui-même qui nous embrasse et nous pardonne. Saint Paul nous exhorte : « Au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu ». Car notre Père est miséricordieux, plein de pardon et d’indulgence, comme celui de la parabole. Jésus lui-même se laissait approcher par les pécheurs pour qu’ils puissent faire l’expérience de cet amour et de ce pardon divins.
Béni soit Dieu pour le fils cadet qui, au-delà de sa faute, a su revenir vers son Père et rencontrer sa miséricorde. Béni soit Dieu pour le fils aîné, qui, bien qu’irréprochable, est appelé à grandir dans la miséricorde. Béni soit Dieu d’être un Père si miséricordieux, qui nous attend et qui, à notre retour, fait la fête pour nous.
Amen.