FMJ Mtl1er Dimanche de Carême – C
Frère Joseph
Dt 26, 4-10 ; Ps 90 (91) ; Rm 10, 8-13 ; Lc 4, 1-13
9 mars 2025
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

La Victoire du Christ sur les Ténèbres
Chemin de Foi et d’Espérance

 

Nous venons d’entendre des paroles éclairantes qui nous mettent en garde et nous fortifient dans notre marche spirituelle. Ces réflexions, inspirées par la sagesse d’un grand auteur, C.S. Lewis, dans son ouvrage « La Tactique du Diable », nous ouvrent les yeux sur les ruses de l’ennemi de nos âmes.

Il est une astuce maîtresse du Malin, frères et sœurs, de nous faire croire à sa non-existence. Bien assis dans notre quotidien, absorbés par les affaires de ce monde ou les distractions incessantes de nos écrans, nous pourrions être tentés de reléguer l’existence du diable au rang des fables et des superstitions. Pourtant, l’actualité même de notre monde, avec ses dérives ésotériques et ses sectes ténébreuses, témoigne d’une présence maligne bien réelle. C’est ainsi que, chassé par la porte de la foi, le diable revient insidieusement par la fenêtre de la superstition.

Mais la Bonne Nouvelle que la foi chrétienne proclame avec force, ce n’est pas tant l’existence du démon, mais bien la victoire éclatante du Christ sur lui! Le Christ et le démon ne sont pas deux forces égales et opposées. Jésus est l’unique Seigneur, et Satan n’est qu’une créature déchue.

Souvenons-nous de la lecture spirituelle de ce matin : après la venue du Christ, Satan est comparable à un chien attaché. Il peut aboyer et menacer, mais si nous ne nous approchons pas, il ne peut nous nuire. Jésus lui-même, lors de sa tentation au désert, a triomphé de Satan, nous ouvrant ainsi le chemin de la libération.

Ces tentations, mes frères et sœurs, visaient un seul but : détourner Jésus de sa mission voulue par le Père. Là où le Père indiquait un chemin de service, d’humilité et de souffrance pour le salut du monde, Satan proposait un chemin de gloire et de triomphe terrestre. En repoussant ces trois tentations avec un « oui » d’amour et de soumission totale à la volonté du Père, Jésus a vaincu la révolte originelle contre Dieu. Il s’est présenté comme le nouvel Adam, prononçant ce « oui » libre pour lequel le monde a été créé, une volonté humaine enfin capable d’accueillir pleinement la volonté divine.

C’est de cette union parfaite avec le Père que Jésus tire son autorité et sa puissance. Les démons eux-mêmes reconnaissent en lui le Saint de Dieu, et ne peuvent supporter sa présence. Sur la croix, par son obéissance jusqu’à la mort, Jésus a brisé le pouvoir de Satan comme on brise une barre de fer. Dès lors, la royauté du monde appartient à notre Seigneur et à son Christ. Telle est notre foi, telle est la source de notre espérance.

Aujourd’hui encore, le Malin s’efforce de nous détourner de notre véritable but : connaître, aimer et servir Dieu en cette vie pour jouir de sa présence dans l’éternité. Sa tactique est subtile : il ne se montre pas sous des apparences grotesques, mais utilise les bonnes choses en les portant à l’excès, en les absolutisant, en en faisant des idoles. L’argent, le plaisir, les divertissements, tout ce qui en soi est bon peut devenir destructeur si cela prend la première place dans notre vie. Même la fascination pour des personnalités charismatiques peut devenir un piège d’idolâtrie et nous priver de notre liberté.

Comprenons bien, frères et sœurs, pourquoi le démon s’intéresse particulièrement à ce qui est saint en nous, à cette présence de Dieu dans nos cœurs. Ne pouvant plus atteindre le Christ, il s’attaque à ce qui est le plus fragile en l’homme : ce lien de liberté et d’attente entre Dieu et nous. Les saints sont ceux qui ont maintenu vivant ce lien intime avec Dieu.

Alors, que pouvons-nous retenir de ces paroles ? Premièrement, le diable existe. Deuxièmement, le Christ nous a acquis la victoire sur Satan. Et troisièmement, le diable déteste plus que tout que notre cœur se tourne véritablement vers Dieu.

Face à ces réalités, quelle est notre arme ? La prière. Ce n’est pas par nos seuls efforts que nous résistons au Malin, mais en nous repositionnant sans cesse dans notre vocation de futurs citoyens du Royaume de Dieu. En acceptant qu’il n’y ait rien d’autre que la vie du Christ entre le Père et nous, le diable ne peut rien.

Forts de cette foi, habités par cette espérance, poursuivons notre chemin de Carême, sachant que la victoire finale appartient au Christ et qu’en lui, nous sommes plus que vainqueurs.

Amen.

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