FMJ Mtl30e Dimanche du temps ordinaire – B
Frère Benoît
Jr 31, 7-9 ; Ps 125 ; He 5, 1-6 ; Mc 10, 46-52
25 octobre 2009
Chapelle des Religieuses hospitalières de St-Joseph, Montréal

Vraiment, celui-là était Fils de Dieu

Nous avons pu déjà remarquer, frères et sœurs,
en lisant l’Évangile de Saint Marc
qu’une sorte de dévoilement progressif
de la vraie identité de Jésus y est développé.
Marc l’indique dès la première phrase de son écrit :
L’Évangile de Jésus-Christ, le Fils de Dieu. (Mc 1,1)
Puis le chemin continue
à travers un questionnement de nombreuses fois répété :
Qui donc est celui-là ?
Et son enseignement et ses miracles :
d’où vient tout cela ?
Et Jésus y apparaît à la fois imposant le silence
et à la fois révélant qui il est vraiment.
Il le fait par son enseignement, ses miracles
et surtout par sa miséricorde.

Il faut donc découvrir le Christ,
être illuminé par son Visage,
Le contempler,
et Le confesser enfin, comme le Fils de Dieu.
Et puis ensuite de nouveau en Le contemplant,
Le redécouvrir encore, Le chanter,
se laisser aimer et L’aimer de retour.

Aujourd’hui c’est un miracle des plus significatif
que Saint Marc nous raconte.
Il s’agit de « voir » et donc ne pas être « aveugle » !
« Voir », c’est un mot qui est non seulement
un des plus utilisé de l’Écriture,
mais aussi une réalité spirituelle qui est notre but.

Tout commence par Dieu
qui vit que la lumière était bonne
et que tout ce qui était créé était bon,
et tout fini par la vision de Saint Jean de la cité céleste
où le Visage de Dieu est contemplé
par les élus dans la Lumière même de Dieu.

Là, les créatures bonnes voient
que c’est Dieu qui est Bon !
Comme le dit Ézéchiel :
les yeux de ceux qui voient
ne seront plus fermés (32,3)
et on verra la gloire du Seigneur,
la splendeur de notre Dieu (35,2).

Bartimée, assis au bord de la route,
est un aveugle, certes,
mais un aveugle mendiant !
Il apprend que Jésus de Nazareth est là,
alors il se met à crier,
à supplier, à interpeller le Christ.
Vois mon malheur et ma peine Jésus ! (Ps 24(25), 18)
Tourne-toi vers moi, pitié pour moi ! (v. 16)
Tu as vu, Seigneur, ne sois pas muet ! (Ps 34(35), 22)
Observe des cieux et vois ! (Ps 79(80), 15)

En effet, comme le psalmiste,
Bartimée se met d’abord sur le chemin de la prière.
Aveugle, il mendie.
Et sur ce chemin, sur ce bord de la route,
ses yeux intérieurs déjà s’illuminent.
On lui a dit que c’est Jésus de Nazareth qui passe.
Lui il voit Jésus, le Fils de David, le Messie de Dieu.
Cela peut nous apprendre déjà
ce que la lettre aux Hébreux dit au chapitre 11 :
La foi est la garantie des biens que l’on espère,
la preuve des réalités qu’on ne voit pas (v. 1)
« C’est par la prière que tu rencontres Dieu,
l’écoutes, lui parles, accueilles son amour et lui réponds.
C’est par la prière que tu parviens à te connaître
et à te construire toi-même,
que tu éclaires ta route et fortifies ton cœur. » (LdV, n° 13)
« C’est par la prière que tu comprends
et rencontres au mieux les hommes,
que tu les aides au fond du cœur
et atteins dans ce monde la suprême efficacité. » (id.)

Tous nous sommes aveugles,
mais pas tous des mendiants.
« Prie comme un pauvre.
Tu es fragile, versatile, distrait,
radicalement incapable d’atteindre Dieu et de l’accueillir.
Accepte ta pauvreté,
sachant que Jésus a béni la prière de l’humble publicain.
La prière du pauvre monte jusqu’aux oreilles de Dieu. » (N° 16)

Mais la découverte du Christ
sur le chemin de la prière
ne suffit pas en soi-même, frères et sœurs.
Il faut se laisser appeler par Dieu
pour être illuminé par son Visage.
Il faut confesser encore que ce Jésus, Fils de David
est le Fils de Dieu.
À cela Jésus nous appelle.
Confiance, lève-toi, il t’appelle.
L’aveugle jeta son manteau,
bondi et courut verts Jésus.
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
« Rabbouni, que je voie »

Que veux-tu voir Bartimée ?
Tu vas te mettre à suivre Jésus sur sa route.
Veux-tu voir où il va ?
Comment sera sa route ?
Veux-tu le voir trahi, jugé, giflé, bourré de coups ?
Renié, ligoté, flagellé, couronné d’épines,
moqué, chargé de la croix et crucifié ?

Tu veux voir, mais c’est ta foi qui te sauve !
En effet, chers frères et sœurs,
c’est là la vision du Fils de Dieu
proposée par Saint Marc à la fin de son Évangile,
et le lieu de la confession de la foi.
Au dessous de la Croix
un centurion se tenait en face de Jésus,
en face de ce Visage rempli de pitié
et de l’abandon total entre les mains de son Père.
Voyant que Jésus avait ainsi expiré,
il s’écria : « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »

Nous ne prions pas n’importe qui
et n’importe comment frères et sœurs.
C’est le Fils de Dieu que nous prions,
en qui et par qui nous prions ;
c’est en Lui nous voyons la Lumière.
Et c’est Lui qui prie, adore,
loue maintenant son Père dans l’Esprit-Saint.
C’est Lui qui voit le Père et nous associera à sa vision.

Voilà donc pourquoi nous aussi
dit encore St Paul dans son Épître aux Hébreux
enveloppés que nous sommes
d’une si grande nuée de témoins de la foi,
nous devons rejeter tout fardeau et le péché
qui sait si bien nous entourer
et courir avec constance
l’épreuve qui nous est proposée,
fixant nos yeux sur le chef de notre foi,
qui la mène à la perfection,
Jésus, qui au lieu de la joie qui lui était proposée,
endura une croix (…)
et qui est assis désormais à la droite de Dieu. (Hé 12,1-2). Amen.

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