Mercredi, 2e Semaine de l’Avent – A
Frère Antoine-Emmanuel
Is 40, 25-31 ; Ps 10 ; Mt 11, 28-30
11 décembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal
Venez à Moi vous qui peinez.
« Dieu tout puissant,
Tu nous demandes de préparer le chemin de ton Fils ;
ne permets pas que la fatigue nous abatte,
alors que nous attendons la venue bienheureuse
de celui qui nous rendra les forces et la santé ».[1]
La liturgie est pleine de sagesse.
Elle nous indique un risque :
celui que la fatigue nous abatte dans ce temps d’attente
et de préparation à la venue du Seigneur.
Le risque de s’épuiser
non pas parce que nous travaillons à l’œuvre de Dieu,
mais parce que nous nous agitons.
C’est le syndrome de Marthe… (cf. Lc 10,41)
La liturgie nous donne pour cela une médication très puissante
à prendre à toute heure de la journée : l’Évangile.
L’Évangile avec les deux versets de ce jour
qui sont au cœur de l’Évangile de Matthieu.
*
Jésus vient de vivre un moment d’exaltation extraordinaire.
En voyant la fécondité des disciples missionnaires
qui ont prêché en son nom,
Jésus en son humanité perçoit l’immensité
de ce qui Lui a été confié par le Père.
« Tout M’a été confié par mon Père » (Mt 11,27).
Le don qui est en Jésus est immense, infini, divin.
Tout le Salut de l’humanité entière est en Lui.
Il est le Salut.
Il estla Vie et la Joie de l’humanité entière.
C’est cela que le Père révèle à des petits et cache à des savants.
De là, ce cri de Jésus : « Venez à Moi !
Vous trouverez le repos pour vos âmes ». (cf. 28)
Le repos pour nos âmes…
N’est-ce pas ce dont nous avons tous besoin ?
Ton âme est-elle en repos ?
Je ne parle pas ici de la superficie de notre être,
mais du tréfonds de notre cœur.
Que vois-tu au fonds de toi ?
Une mer agitée ?
Ou bien un vrai repos ?
L’âme agitée c’est l’âme inquiète du regard des autres
et surtout – même si c’est peu conscient –
inquiète du jugement de Dieu.
Peux-tu dire avec le psalmiste
« je garde mon âme en paix et silence » (Ps 130,2).
Le secret de ce repos,
Jésus nous le donne aujourd’hui.
« Venez à Moi ! »
C’est le cœur à cœur avec Lui.
C’est Le regarder et se laisser regarder.
Mais cela ne s’arrête pas là :
« Prenez sur vous mon joug » (Mt 11,29).
Le joug, ce sont les commandements auxquels on se soumet
comme l’animal se soumet au joug pour labourer la terre.
Le joug de Jésus, est-ce alors
des commandements, des lois, des préceptes ?
Regardez comment Jésus poursuit :
« Prenez sur vous mon joug »,
c’est-à-dire : « apprenez de Moi ».
Ce que nous sommes appelés à suivre
ce ne sont pas des normes écrites, froides, légalistes,
c’est Quelqu’un !
Notre commandement, c’est la vie de Jésus,
ce sont les choix de Jésus,
c’est l’humilité de Jésus,
la descente de Jésus,
sa Passion et sa résurrection !
Quand est-ce que mon âme se repose ?
Quand je choisis l’humilité de cœur de Jésus.
Quand je choisis sa douceur.
Plus je cherche les grandeurs de ce monde,
les exploits spirituels, le pouvoir,
plus mon âme s’agite…
Plus je me préoccupe de mes forces, de mes performances,
plus mon âme s’agite.
Plus je m’en remets à la force de Dieu,
plus mon âme s’apaise.
« Les jeunes gens » qui comptent sur leurs forces
« se fatiguent et se lassent ».
« Les athlètes s’effondrent…
mais ceux qui mettent leur espérance dans le Seigneur
trouvent des forces nouvelles ;
ils prennent leur essor comme des aigles,
ils courent sans se lasser,
ils avancent sans se fatiguer » (Is 40,29-31).
Seigneur, nous nous sommes mis sur les épaules
toutes sortes de jougs qui nous épuisent
au sein d’un monde qui cultive la performance.
Viens jusqu’à nous.
Viens ôter ces jougs injustes.
Donne-nous le joug de ton humilité du cœur,
de ta Paix et de ta Joie.
Et envoie-nous auprès de tous ceux
qui peinent et ploient sous leurs fardeaux
pour que nous leur révélions ton repos et ta Paix.
Amen.
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