FMJ Mtl5e DIMANCHE DE CARÊME (B) – A
3e Scrutin des catéchumènes
Frère Antoine-Emmanuel
Éz 37, 12-14 ; Ps 129 ; Ro 8, 8-11 ; Jn 11, 1-45
22 mars 2015
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Un lever de vie

Nous sommes sur la route
qui monte de la vallée du Jourdain vers Jérusalem.
Jésus est en route.
« Je vais aller le réveiller » (Jn 11,11)
a-t-Il dit en parlant de Lazare.
Jésus en route pour aller réveiller Lazare
du sommeil de la mort.

Il monte, Il avance, Il S’approche de la mort.
Les seuls obstacles qui s’interposent
sont l’angoisse des apôtres
et les résistances de Marthe.
Mais Jésus ne s’arrête pas.
L’amour Le conduit à la mort.

Arrivé au tombeau,
Jésus rend grâce au Père de L’avoir exaucé.

Mais il faut encore la Parole, la Voix de Jésus
pour que Lazare sorte de la mort.
« Lazare viens dehors ! » (v. 43)
Alors le mort sort !
Et, puisqu’il nous est dit
que la pierre était posée « au-dessus » de la caverne,
on peut fort bien contempler cette scène
comme une sortie du monde d’en-bas,
un relèvement, un « lever de vie »
de la même manière qu’on parle d’un lever de soleil.

Rien n’est plus saisissant.
Et l’Évangile nous dit que de nombreux juifs
crurent ce jour-là en Jésus
à cause de ce que Jésus a fait (v. 45).
Qu’est-ce que Jésus a fait ?
Il a délivré un homme de la mort !

Scène bouleversante.
Bouleversante pour Jésus d’abord
qui est saisi d’émotion
quand Il Se trouve en face du décalage,
de la distance immense
entre l’incrédulité des hommes
et la bienveillance du Père.

Bouleversante pour nous aussi
qui voyons se manifester ici
la victoire de Jésus sur le pouvoir de la mort.
Parce que la mort a un pouvoir terrible sur l’humanité.
L’Évangile nous le rappelle
à travers les bandes de la mort
qui retiennent l’humanité prisonnière,
la grotte qui l’enferme dans l’obscurité,
la pierre qui bloque toute espérance.

La mort est puissante et Jésus vient la vaincre.
Il vient le quatrième jour
où la mort a pleinement accompli son triste labeur
puisque l’âme a définitivement abandonné le corps.
« Il sent déjà » (v. 39) dit Marthe à juste titre.
La mort a un pouvoir destructeur et séparateur sans appel.

Nous en faisons l’expérience
lorsque la mort nous prend des êtres chers.
Mais, de ce pouvoir de la mort,
nous faisons l’expérience aussi en nous-mêmes.

Il suffit de penser à l’expression « la mort dans l’âme ».
N’est-ce pas vrai que des pensées de mort nous traversent ?
Des pensées suicidaires ?
La mort exerce une sombre fascination,
et en même temps, elle nous angoisse.

Un jeune de 23 ans me disait avoir vu jeudi soir
une série télévisée américaine où le héros
prenait conscience que «donner la vie à un enfant
est irresponsable tant la vie
est pleine d’incertitudes et d’absurdité. »
Voilà une illustration bien claire
de ce que la désespérance envahit la culture.

La mort finit même par être perçue
comme une « libération » à notre disposition,
et la loi 52 en est un symptôme.
Mais quand la mort est perçue
comme une libération à notre disposition,
c’est que la mort a pris le pouvoir
dans la conscience humaine.
Or, la mort est un drame ;
la mort est absurde.

Et c’est dans ce drame, dans ce non-sens
que Jésus a voulu entrer de plein pieds.
La lettre aux Hébreux
parle du grand cri et des larmes de Jésus (5,7)
lorsqu’Il entre dans la mort.
Jésus S’est laissé lier et enfermer par la mort.
La pierre a été roulée.
Il est entré dans la mort,
à l’intérieur de la mort.
Il a choisi d’habiter définitivement la mort
pour la retourner en vie.

Jésus fait comme les pirates de l’air
qui détournent l’avion de sa trajectoire.
Jésus a détourné la mort
de sa trajectoire destructrice et séparatrice.
Il a vaincu la mort, non pas de l’extérieur,
mais de l’intérieur.
Et partout où son Sang se répand,
partout où son amour entre,
la mort est traversée, transformée ;
elle devient Pâques vers la vie.

Notre mort, Jésus l’a prise et l’a vaincue :
elle est déjà derrière nous.

La Résurrection de Lazare n’est qu’un signe,
car Lazare a fini par mourir.
La Réalité, c’est la Résurrection de Jésus.
C’est le tombeau vide,
c’est la victoire sur la mort.
« La mort n’a plus de pouvoir sur Lui » (Rm 6,9).
La mort n’a plus de pouvoir sur tous ceux
qui sont unis, liés, greffés à Jésus
par le Baptême et par la foi.

La lettre aux Hébreux
parle de la Résurrection de Jésus
comme l’exaucement de la prière
qu’Il adresse au Père.
Qu’Il adresse pour nous.
Pour que nous vivions !
Et, nous dit cette même lettre,
Jésus est ainsi devenu
cause de salut éternel (5,9)
pour tous ceux qui lui obéissent.

C’est-à-dire que si nous mettons notre volonté
au diapason de la volonté de Jésus
dans une obéissance aimante et confiante,
alors la vie entre en nous,
alors tout ce qui en nous
a partie liée avec la mort
nous quitte, nous lâche.

Jésus le dit à Marthe :
« celui qui croit en Moi,
même s’il meurt vivra » (Jn 11,25).
Et cette vie sera éternelle
puisque celui qui vit et croit en Jésus
ne mourra jamais.

*

Frères et sœurs, dire le nom de Jésus,
c’est invoquer la vie.
Dire le nom de Jésus,
c’est recevoir toutes les énergies divines
de la Résurrection.
Jésus est la Vie.
Jésus est la Résurrection.

Et ce don, cette victoire, ce renversement de la mort,
Jésus a voulu qu’ils soient à notre disposition
et Il a ainsi confié tout cela à l’Église.
Souvenez-vous des paroles de Jésus
prononcées en face de sanctuaires païens
où l’on essayait de se concilier la mort :
« Tu es Pierre et sur cette pierre
je bâtirai mon Église,
et les puissances de l’enfer
ne pourront rien contre elle » (Mt 16,18).

Jésus a confié à l’Église sa victoire sur la mort ;
comme Il a confié à l’Église
la victoire sur ce qui conduit à la mort : le péché.
Le salaire du péché c’est la mort,
mais nous en avons été délivrés !

Voilà, frères et sœurs, le don merveilleux
qui fait notre joie et notre fierté de chrétiens.
Voilà le don que Solène, Boris, Haniel, Maxence et Patrick
vont recevoir en ce jour.

À deux semaines de leur baptême,
l’exorcisme qu’ils vont vivre dans un instant
va les libérer – autant que leur foi
et la nôtre vont le permettre –
de la puissance de la mort en eux.
Nous allons demander au Seigneur
de les « arracher au pouvoir de la mort »,
et c’est cela que Jésus va « faire » en eux aujourd’hui.

Chers Solène, Boris, Haniel, Maxence et Patrick,
je crois que le Seigneur, aujourd’hui,
par le prophète Jérémie
vous annonce une grande libération du péché,
une nouvelle alliance :

Voici ce qu’Il vous dit:
« Ils deviennent pour Moi un peuple,
et Moi Je deviens Dieu pour eux.
Je leur donne un cœur unique et un chemin unique,
les amenant à me respecter toujours,
pour leur bonheur et celui de leurs enfants après eux.
Je conclus avec eux une alliance perpétuelle :
Je ne cesse de les poursuivre de mes bienfaits
et Je fais qu’ils me respectent profondément
sans plus jamais s’écarter de Moi.
Ma joie sera de les combler de biens.
Oui, vraiment Je les planterai dans ce pays.
Je le ferai dans tout mon cœur, de tout mon être » (Jér 32, 38-41).

Si vous croyez,
vous verrez la gloire de Dieu en vous-mêmes,
vous la verrez dans les autres,
vous la verrez aujourd’hui et demain !

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