FMJ MtlMardi, 5e Semaine de Carême – B
Frère Antoine-Emmanuel
Nb 21, 4-9 ; Ps 101 ; Jn 8, 21-30
24 mars 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Tout y est pour qu’Il soit entièrement consumé

La page d’évangile de ce jour est rude et amère.
Jésus annonce à des hommes très religieux
qu’ils mourront dans leur péché (cf. Jn 8,21).
Pourquoi ? Parce qu’ils ont refusé Jésus.
Ils n’ont pas vu en Jésus le mystère du Buisson ardent.

Le buisson qui brûle sans se consumer.
Buisson habité par un feu qui devrait le dévaster
mais ne le dévaste pas.
Il continue à rayonner de lumière.

Ces hommes très religieux
refusent d’ôter leurs sandales devant le mystère de Jésus.
Ils refusent de faire un détour,
de quitter leur manière de voir, de penser, de prier.

Ce faisant, ils se ferment à Celui qui dit
qu’Il a vu la misère de son peuple (Ex 3,7)
et qu’Il est descendu pour le délivrer (v. 8).

Ils regardent le buisson
mais ne voient pas le feu,
ne veulent pas le voir.

Ils regardent l’humanité de Jésus
mais ne voient pas sa divinité,
ne veulent pas la voir.

Ils gardent leurs sandales
c’est-à-dire qu’ils veulent conserver leur pouvoir religieux :
eux seuls parlent au nom de Dieu!
Ils refusent de changer d’itinéraire,
c’est-à-dire ils ont peur de perdre leur droit sur Dieu,
et leur théologie du mérite qui les protège contre Dieu.

Aussi Jésus leur dit-Il :
« Si vous ne croyez pas que Moi JE SUIS,
vous mourrez dans votre péché » (Jn 8,24).

Mais Jésus ouvre encore un chemin de salut,
un dernier recours.
Il y a encore un lieu, un moment
où ils pourront reconnaître en Lui
le mystère du Buisson ardent de l’amour du Père : la Croix.

« Quand vous aurez élevé le Fils de l’Homme,
alors vous saurez que JE SUIS » (v.28),
Jésus ne dit pas : « quand ils auront élevé… »
mais bien « quand vous aurez élevé »…

L’élévation du Fils de l’Homme,
le moment où Il a été « haussé », c’est sur la Croix.
C’est le moment où le Buisson ardent
déploie tout son éclat.
À Bethléem, Il était caché.
À Nazareth, Il était discret.
Par les routes de la vie publique de Jésus,
Il commençait à Se manifester.
Maintenant, Il rayonne de tout son Feu.

De fait, le Feu de l’Amour
consume entièrement Jésus.
L’amour L’a conduit à Se livrer,
à être outragé et crucifié
comme le pire des maudits de Dieu.

Tout y est pour qu’Il soit entièrement consumé,
oublié, perçu pour toujours comme un imposteur.

Et pourtant à aucun moment
Il n’a cédé à la vengeance, à la haine,
à la rancune, à la malédiction.
Sur la croix, Il continue à brûler d’amour,
À pardonner ses bourreaux ;
à absoudre le larron ;
à prendre soin du disciple…

JE SUIS.
Oui vraiment, JE SUIS…

C’est ce que la croix révèle.
Tout Lui est enlevé et Il demeure.
Tout Lui est ôté et IL EST.
La mort elle-même vient L’emporter
et Il demeure dans l’Amour.

L’Amour en Lui descend dans la mort
et la mort est brisée parce qu’elle a consommée
Celui qui continue à dire silencieusement JE SUIS.

Et c’est cela qui se manifeste,
qui devient visible le matin de Pâques.
Rien n’a pu le consumer
parce qu’Il EST.
Parce qu’Il est Dieu.
Parce qu’Il est Dieu né de Dieu.
Dieu qui écoute Dieu.
Dieu le Fils qui ne fait rien de Lui-même,
qui ne fait rien sans le Père.
Humilité infinie, Fils de l’infiniment humble.
Amour infini, Fils de l’infiniment aimant.

Quand nous L’élevons,
quand nous Le crucifions,
quand nous Le rejetons
et que Lui continue à nous aimer ;
quand nous Le renions ici-bas et que Lui continue à nous désirer ;
quand nous l’oublions et que Lui continue à nous chercher,
alors, nous croyons qu’Il EST.
Qu’Il est l’Amour.
L’Amour né de l’Amour.
Buisson ardent que rien ne peut éteindre.
Buisson ardent qui désire nous envahir du même Feu.

Acceptes-tu d’être consumé par cet Amour-là ?
De livrer ta vie par amour ?
De te perdre par amour ?
C’est le seul chemin qui mène à la vraie Vie !

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