sanct - sm3e DIMANCHE DE L’AVENT – « GAUDETE » – C
Mgr Jude St-Antoine
So 3, 14-18 ; Is 12 ; Ph 4, 4-7 ; Lc 3, 10-18
13 décembre 2009
Montréal, Sanctuaire du Saint-Sacrement

Soyez toujours dans la joie du Seigneur

Quoi de plus naturel pour la liturgie que de présenter ce matin, dans l’attente de la venue
du Seigneur, le message du prophète Sophonie qui nous parle d’espérance, source de tous
nos espoirs. Cette présence de Dieu, c’est bien l’Emmanuel, « Dieu avec nous », révélée
par l’Évangile de Matthieu qui se termine par cette promesse : « Je serai avec vous jusqu’à la
fin du monde ». L’espérance du prophète trouve son accomplissement dans la venue de
Jésus.

Cette venue de Dieu sur terre est la source de cette joie, qui est libération et allégresse. Dieu
s’occupe de son peuple, il lui apporte la Paix. Bien plus, c’est à cause de son peuple, de
tous ceux qui l’aiment que Dieu lui-même sera transporté de joie, qu’il dansera d’allégresse.
Ce Dieu qui nous est présenté est un Dieu qui nous ressemble, un Dieu sensible, qui ressent
nos joies et nos souffrances et qui cherche à nous rendre heureux et aptes à être fidèles à
ses attentes et à ses volontés. En effet, depuis les lendemains du déluge rapporté dans le
livre de la Genèse, Dieu, après avoir sauvé Noé et sa famille, a promis de ne plus jamais
détruire les vivants.

Ce sont ces accents de bonheur que Sophonie veut traduire, après avoir dépeint la colère
de Dieu et le jugement sur les nations. Dieu est conscient des actions de son peuple : son
retour aux idoles, ses trahisons, ses injustices, l’oppression sur les petits et les pauvres. Mais à
l’horizon, il y a l’espoir, Yahvé sauvera le petit reste qui « ne commettra pas d’injustice
et ne dira pas de mensonge, qui n’aura pas dans la bouche une langue trompeuse ». Ici,
encore, comme Jean-Baptiste au Jourdain, le prophète réveille le peuple, il l’interpelle
pour qu’il se convertisse et soit fidèle à l’Alliance.

À l’approche de Noël, nous voudrions nous aussi partager cette espérance, nous réjouir déjà
de la venue du Messie, de ce « Dieu avec nous » et profiter de ses promesses de bonheur.
Ce désir spontané et bien légitime, on le sent depuis quelques semaines présent dans le
coeur de tous ceux et celles qui se préparent à la Fête. Il y a chez eux et en chacun d’entre
nous un tel désir de fête. Mais pour que ce désir soit vrai, pour qu’il puisse devenir réalité,
pour qu’au lendemain de Noël il soit encore capable de nous animer et nous faire vivre, il
doit être soumis aux critères qui font que Dieu pourra danser de joie à notre façon d’être
et de vivre aujourd’hui dans le monde.

Le prophète répond lui-même à cette question en nous invitant à chercher Yahvé, vous
tous, humbles du pays…qui cherchez la justice… l’humilité (So 2,3). Jean-Baptiste à son
tour nous interpelle: « Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres ; tout arbre qui ne
produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu… Que devons-nous faire, lui
demande la foule ? Celui qui a deux vêtements, qu’il partage avec celui qui n’en a pas;
celui qui a quoi manger, qu’il fasse de même! N’exigez rien de plus que ce qui vous est
fixé… Ne faites ni violence ni tort à personne… »

Voilà quelques attitudes qui traduisent la joie de Dieu pour son peuple et qui lui donnent
le goût de danser avec lui. Quelques jours avant Noël, nous cherchons à comprendre ce
langage, à apprendre de Dieu à faire la joie, à la partager avec les autres, après l’avoir
savourer dans nos coeurs. Savoir trouver notre bonheur à faire le bonheur des autres, à
apporter notre tendresse et notre pardon. Le Seigneur nous invite à entrer dans la danse. Il
saura bien nous en faire le don, même si tous les pas ne sont pas réussis, même si nous
sommes encore maladroits pour bien danser. Par notre bonne volonté, le Seigneur saura
bien nous faire goûter sa joie à travers nos pauvretés.

C’est à cette joie que l’apôtre Paul, prisonnier et enchaîné, convie ses chers Philippiens
qui triment dur et souffrent à cause de leur foi au Christ. Et pourtant, il leur crie haut et
fort: « Soyez toujours dans la joie du Seigneur : laissez-moi vous le redire: soyez dans la
joie. Que votre sérénité soit connue de tous. Le Seigneur est proche…» AMEN !

Sources: Robert David, La Parole, Présence magazine, novembre 1994.