FMJ MtlVingt-deuxième dimanche du temps ordinaire – B
Frère Pierre-Benoît
Dt 4, 1…8; Ps 14 (15); Jc 1, 17…27; Mc 7, 1-8.14-15.21-23
2 Septembre 2018
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Quelle « parole de vie » serais-je cette année pour la cité ?

L’oreille et la parole !

Chers frères et sœurs,
Dieu parle à nos oreilles en ce jour.
Nous pouvons donc nous demander :
Comment nous l’écoutons?
Est-ce que nos oreilles sont celles du cœur?
Et ayant écouté le Seigneur,
quelle parole deviendrons-nous nous même, par la suite?

L’oreille et la parole…

Des pharisiens se sont réunis auprès de Jésus,
lui qui est la parole de vérité (Jc 1, 18).
Malheureusement, ils n’arrivent pas à entrer en contact avec Jésus.
Même s’ils sont là auprès de lui,
quelque-part, ils lui tournent le dos!

Au lieu de le regarder lui, la vérité,
au contraire ils scrutent « les autres »
et ils trouvent à redire sur « ces autres ».
Ces autres qui n’observent pas les mêmes façons de faire,
ces autres qui sont à leurs yeux peut-être trop novateurs.

En fait, les pharisiens envient sans doute la liberté de « ces autres »,
« ces autres » qui sont les disciples de Jésus.

Les disciples, au contraire,
ont commencé à retirer les filtres
qui font écran entre eux et Jésus.
En posant le regard sur le Christ,
lui qui donne les paroles de la vie éternelle (Jn 6, 68),
les disciples font cette expérience :
leurs oreilles se débouchent,
leurs oreilles s’ouvrent à un langage nouveau, à une parole nouvelle.
Une parole qui est vérité;
une parole qui est vie;
une parole qui devient peu à peu leur vie.

Dimanche dernier,
quand j’ai eu la grâce, par la miséricorde de Dieu,
d’être ordonné diacre pour le service de l’Église.
l’Évêque m’a remis l’Évangéliaire et m’a dit, selon le rituel :
« Reçois l’Évangile du Christ que tu as mission d’annoncer.
Sois attentif à croire à la Parole que tu liras,
à enseigner ce que tu as lu,
à vivre ce que tu auras enseigné ».

Magnifique prière,
et combien pleine d’exigence pour ce service!

Entendre une parole; la proclamer, et surtout la vivre.

À l’instant, lors de la proclamation de l’Évangile,
nous avons tracé sur nos corps les fameuses « trois petites croix»:
une sur le front;
une sur la bouche;
et une sur le cœur.

Il y a des similitudes dans la signification :
que la parole entendue soit reçue par notre intelligence – pour bien la comprendre;
qu’elle vienne sur nos lèvres – pour la proclamer avec conscience;
et qu’elle soit fondamentalement inscrite dans notre cœur – pour en vivre.

L’oreille et la parole, donc;
puis la parole et la vie.

Car frères et sœurs,
quel est l’enjeu final de l’écoute de la Parole?
L’enjeu, c’est que nous devenions nous même «parole» pour nos frères, pour nos sœurs!
Devenir «parole de vie» là où nous sommes placés.

«Être parole»
cela ne veut pas dire de juste répéter ce que nous avons entendu à l’église.
Saint François d’Assise, d’ailleurs,
quand il envoyait ses frères prêcher,
leur donnait ce sage conseil :
il s’agit de prêcher d’abord par l’exemple et parfois,
lorsque c’est nécessaire, par des paroles!…

Il s’agit donc essentiellement de mettre en pratique la Parole.
Saint Jacques nous y exhorte :
mettez en pratique la Parole,
ne vous contentez pas de l’écouter (Jc 1, 22).
et le livre du Deutéronome (Dt 4, 1)
soulignait combien la Parole de Dieu est un don de Dieu à son peuple,
un don de Dieu pour que son peuple vive :
un don pour que nous en vivions !

A partir de ceci, nous pouvons imaginer ces « travaux pratiques »
que je vous propose.

Que ceux et celles qui le désirent choisissent
une Parole de Dieu entendue en ce jour.
Qu’ils la lisent;
qu’ils la méditent;
qu’ils répondent à leur prière à cette Parole;
et puis qu’ils gardent cette Parole pour en vivre,
pour la mettre en pratique,
pour en être le « vecteur vivant » :
des « vecteurs vivants » de la Parole pour nos milieux.

Saint Augustin le disait,
« Commençons par établir en nous l’harmonie entre notre langue et notre vie,
entre notre bouche et notre conscience.
Mettons d’accord nos paroles avec nos mœurs,
dans la crainte que nos bonnes paroles ne rendent témoignage
contre nos mauvaises mœurs . »

En somme,
nous sommes conviés à approcher notre oreille de notre cœur.
À contribuer que le Verbe de Dieu
reçu dans ces pages de l’Écriture
et reçu à la Table de l’eucharistie
devienne vie rayonnante pour nous et nos prochains.

Voilà l’antidote à tout ce qui peut disperser le cœur des disciples.
Un antidote essentiel!

L’actualité récente,
avec de nouvelles révélations de graves cas d’inconduite
perpétrés il y a quelques années par des membres du clergé,
cette actualité rappelle douloureusement
combien il est nécessaire, primordial,
de laisser les cœurs et les intelligences se purifier par la Parole de vie (Ph 2, 16).

L’oreille… la parole…
Convoquons ici un troisième dernier pôle :
le silence.

Frère Pierre-Marie,
dans notre Livre de Vie de Jérusalem,
nous livre ce secret :
« Le silence t’apprendra à construire en toi l’homme intérieur
qui chaque jour doit se renouveler à l’image de son Créateur.
Le silence remettra de l’ordre en toi
quand tu seras inquiet, tenté, fatigué. (…)
Le silence t’apprendra à oublier les mauvaises habitudes (…)
à trouver les attitudes justes et les mots vrais . »

Oreille et silence pour une parole vraie…
Écouter, vivre et proclamer…
Écouter la parole de vie,
vivre avec authenticité
et proclamer une bonne nouvelle par notre vie même :
oui, voilà une bonne nouvelle frères et sœurs !

Pour conclure, frères et sœurs,
nous pouvons donc nous poser cette question, au cours de cette Eucharistie :
Quelle parole de vie serais-je cette année;
quelle parole de vie serais-je pour mes frères, pour mes sœurs,
et pour la cité, là où Dieu nous a placés?

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