FMJ MtlFÉRIE MAJEURE :
« Ô RAMEAU DE LA TIGE DE JESSÉ » – A
Frère Antoine-Emmanuel
Jg 13, 2-7.24-25 ; Ps 70 ; Lc 1, 5-25
Jeudi, 19 décembre 2013
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Quand la liturgie devient source

Aujourd’hui, nous entendons l’annonce faite à Zacharie.
Il y a d’autres annonciations dans l’Écriture.
L’annonciation à Abraham à Haran.
L’annonciation à la femme de Manoah
dans un champ (cf. Jg 13,9).
L’annonciation à Isaïe dans le temple.
L’annonciation n à Jérémie à Jérusalem.
L’annonciation à Amos qui s’occupait du bétail.
L’annonciation à Marie à Nazareth
L’annonciation à Joseph dans son sommeil.

La particularité de l’annonce faite à Zacharie
est qu’elle a eu lieu dans un contexte liturgique.

Zacharie est dans sa semaine de service liturgique
au temple de Jérusalem :
Le contexte est grandiose.
Il entre dans le « Saint » et offre l’encens.

Zacharie est un homme juste.
Avec sa femme, ils ont une conduite irréprochable :
ils suivent tous les commandements
et observances du Seigneur
de manière irréprochable (Lc 1,6).

Ce qui est déroutant,
c’est que cet homme irréprochable
sort muet du temple…

Au lieu de sortir de la liturgie
en proclamant les merveilles de Dieu,
il doit faire des signes pour essayer de se faire comprendre.
Impossible de chanter et de louer Dieu.

Pourquoi ?
Parce que Zacharie n’a pas cru à la Parole de Dieu.

Zacharie ne remet pas en question
que ce soit un ange qui lui parle.
Il n’est pas en train de se demander
s’il a une hallucination.
Simplement, il ne croit pas
que Dieu puisse lui donner un fils…
Il est trop vieux et Élisabeth est trop vieille.

Il ne dit pas comme les parents de Samson :
nous croyons… mais dis-nous
comment nous devons prendre soin de cet enfant ?

Il ne dit pas comme Marie :
Je crois mais dis-moi
comment je vais concevoir.

Il dit : « D’après quoi connaitrai-je cela ? »
Et ce n’est pas une demande de signe
de quelqu’un qui croit, comme Abraham (cf. Gn 15,8),
mais une demande de signe de quelqu’un qui ne croit pas.

Cela nous questionne,
nous tous qui célébrons régulièrement la liturgie.
Quel accueil faisons-nous
à la Parole de Dieu dans la liturgie ?

Il est probable que nous ne bénéficions pas
d’apparitions d’anges,
mais le Seigneur nous parle…

Certes, nous ne pouvons pas avoir une concertation continue
qui analyse avec la tête chaque parole de la liturgie,
mais il s’agit de vivre la liturgie avec un cœur attentif,
de nous laisser féconder par la Parole…

Nous ne venons pas ici
pour accomplir froidement un devoir religieux,
nous venons pour être visités et fécondés.

Est-ce qu’aujourd’hui tu as accepté
de te laisser surprendre par le Seigneur ?

La liturgie n’est pas d’abord notre œuvre !
Ne nous accaparons pas la liturgie.
Elle est l’œuvre de Dieu
dans laquelle nous nous plongeons.

*

Nous pourrions aujourd’hui choisir
d’entrer dans les célébrations liturgiques de Noël
avec ce désir, cette écoute intérieure.
D’entrer dans chaque célébration avec :
« Seigneur, je viens pour me laisser féconder ».

Il y a en moi, par grâce, la virginité de Marie ;
je te l’offre pour que tu y déposes ta Vie.
Il y a en moi la stérilité d’Élisabeth.
Je te l’offre aussi
pour que tu transformes mon désert en jardin.
Il y a en moi le doute de Zacharie.
Je te l’offre pour que ta semence elle-même
brise la dureté de ma terre intérieure.

Je viens pour me laisser féconder
et je viens pour que tous, nous nous laissions féconder !

Et quelle sera le fruit de cette attitude ?
Nous ne sortirons plus muets de la liturgie.
Car c’est vrai que parfois nous sortons muets de la liturgie,
incapables de témoigner et de louer
parce que notre cœur était ailleurs.

Nous sortirons joyeux et brûlants du désir de témoigner.

Regardez Marie… à peine a-t-elle reçu la Parole
qu’elle se lève, littéralement qu’elle ressuscite,
et s’en va partager la Parole !

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