FMJ MtlTrente deuxième dimanche du temps ordinaire – B
Frère Jakub
1R 17, 10-16 ; Ps 145(146); He 9, 24-28; Mc 12, 38-44
11 novembre 2018
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

 

Personne n’est pauvre au point de n’avoir rien à donner

Chers frères et sœurs,
La liturgie de la Parole de ce dimanche nous présente
les figures de deux veuves comme modèles de foi.
Elle nous les présente en parallèle :
l’une dans le premier livre des Rois
et l’autre dans l’Évangile de Marc.

Ces deux femmes sont très pauvres
et c’est justement dans cette condition
qu’elles font preuve d’une grande foi en Dieu.

La première apparaît dans le cycle des récits sur le prophète Élie.
Il y rencontre cette veuve pendant la famine
et lui demande de l’eau à boire et un peu de pain.
La femme réplique qu’il ne lui reste qu’une poignée de farine
et une goutte d’huile d’olive mais,
comme le prophète insiste en lui promettant que,
si elle l’écoute, elle ne manquera ni de farine ni d’huile,
elle l’exauce et elle est récompensée.

La seconde veuve, celle de l’Évangile,
est remarquée par Jésus dans le Temple de Jérusalem,
précisément près du tronc où les gens déposaient leurs offrandes.
Jésus voit que cette femme jette deux petites pièces dans le tronc;
alors il appelle ses disciples et leur explique que son offrande
est plus grande que celle des riches car,
alors que ceux-ci donnent de leur superflu,
la veuve a offert « tout ce qu’elle possédait,
tout ce qu’elle avait pour vivre ».

De ces deux épisodes bibliques,
on peut tirer un enseignement précieux sur la foi.
Celui-ci apparaît comme l’attitude intérieure de celui
qui fonde sa vie sur Dieu, sur sa parole,
et qui se confie entièrement à lui.

Dans l’antiquité, la condition de veuve constituait en soi
une situation de grande nécessité.
C’est pour cela que, dans la Bible,
les veuves et les orphelins sont des personnes
dont Dieu prend soin de manière particulière :
ils ont perdu tout soutien terrestre,
mais Dieu demeure leur Époux, leur Père.

Toutefois, l’Écriture dit que
la condition objective de nécessité,
n’est pas suffisante :
Dieu demande toujours notre libre adhésion de foi
qui s’exprime dans notre amour pour Lui
et pour notre prochain.

Personne n’est pauvre au point de n’avoir rien à donner.
Nos deux veuves d’aujourd’hui montrent leur foi
en accomplissant un acte de charité:
l’une envers le prophète et l’autre en faisant l’aumône.
Elles attestent ainsi de l’unité entre la foi et la charité.

Le Pape Léon le Grand, affirmait :
« Sur la balance de la justice divine,
on ne pèse pas la quantité des dons mais le poids des cœurs. ».

Il est très significatif que l’épisode de l’obole de la veuve,
soit situé au terme de la montée de Jésus à Jérusalem.

Il est comme une clef qui nous permet de comprendre
l’attitude de Jésus qui a donné sa vie en rançon pour la multitude.
En acceptant le dénuement total,
il a vraiment « donné de son indigence ».

Cet épisode récapitule toute la vie du Christ.
Il a lui‐même voulu nous laisser
ce signe du « partage du pain ».
Or ce partage est une fraction, une brisure;
il est le mémorial du corps livré et du sang versé.
Et quand nous célébrons l’eucharistie,
nous refaisons ce geste qui engage notre vie,
car nous célébrons ce don inconditionnel
que le Seigneur nous fait.

Et il nous est proposé de partager.
Prendre de ce qui est important pour nous
et faire que d’autres puissent aussi en profiter.
Partager principalement et premièrement avec Dieu.
Lui donner la première part de nos ressources
par la prière et la pensée.

De même ensuite pour le prochain :
lui offrir notre disponibilité, notre amitié,
nos diverses ressources au besoin.
Cette démarche est au cœur de l’expérience chrétienne authentique.
C’est la façon d’attester qu’on est attaché au Christ.
C’est faire comme lui.
Donner et partager.
S’inspirer de lui.

Lui qui s’est offert une fois pour toute.
Lui qui n’exclut personne
des bénéfices du don qu’il a fait de sa vie.
Lui qui, encore aujourd’hui, est à l’œuvre.
Lui dont l’action salvatrice se continue
par notre engagement,
notre service, notre amour.
Lui enfin qui viendra à la fin
comme Sauveur de toute l’humanité.
Prenons donc appui sur son geste extrême de don de lui-même,
sur le sacrifice pascal du Christ.
Qu’il transparaisse en tous nos gestes
par la puissance de l’Esprit Saint de Dieu.
Alors tous pourront découvrir que Dieu les aime
d’un amour qui les sauve.

Amen

© FMJ – Tous droits réservés