FMJ MtlLA NATIVITÉ DU SEIGNEUR – B
Frère Thomas
Is 52, 7-10 ; Ps 97 ; Hé 1, 1-6 ; Jn 1, 1-18
25 décembre 2014 (Messe du jour)
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

La Parole de Dieu enfouie au cœur de notre humanité

Hier soir, nous voyions un petit Enfant nouveau-né.
Il est toujours là, dans la crèche,
et Il sera là, sous nos yeux,
durant tout le temps de Noël.
Un Enfant nouveau-né !
Infans en latin, cela signifie qui ne parle pas.

Alors comment la liturgie de la messe de ce jour de Noël
nous parle-t-elle du Verbe, de la Parole ?
La parole, c’est le propre de l’être humain.
C’est ce qui fait sa dignité.
C’est ce qui permet aux humains de communiquer,
d’entrer en communion les uns avec les autres, de s’aimer.
La parole peut aussi leur servir à se haïr les uns les autres,
à s’entre-détruire.
L’actualité nous présente des paroles d’amour.
Celles du pape François,
celles de tant d’artisans de paix de par le monde,
comme la jeune Malala, Pakistanaise,
qui milite pour l’accès des jeunes filles
à l’éducation dans son pays, au risque de sa vie.

Il y a aussi beaucoup de paroles de haine,
comme celles qui accompagnent les violences, la guerre,
au Moyen-Orient, dans plusieurs pays de notre planète,
et même plus proche de nous, aux États-Unis.

Voilà que Saint Jean nous parle du Verbe, de la Parole de Dieu.
Le Verbe se dit « logos » en grec.
Pour les Grecs anciens, le logos, c’était le principe de l’Univers.

L’Évangéliste Jean l’identifie
à la Parole par laquelle Dieu a créé le monde.
« Par Lui, – le Verbe, le logos, la Parole de Dieu –
tout s’est fait et rien de ce qui s’est fait
ne s’est fait sans Lui. » (Jn 1,3)
Si Dieu crée par Sa Parole et que l’être humain – qui parle –
est à l’image de Dieu,
qu’elle est grande la dignité de l’être humain !
Qu’il est grand aussi son pouvoir !
Par sa parole, l’être humain peut construire, aimer, relever, soigner.
Il peut aussi dominer, haïr, détruire, blesser.
Ainsi, lorsque Dieu parle à l’homme,
souvent Il n’est pas compris.

L’homme a entendu tant et tant de paroles de mort,
parfois même des paroles mensongères,
des paroles qui ne correspondent pas aux réalités
qu’elles sont censées signifier.
L’homme se méfie.
Quand Dieu lui parle, l’homme trouve cela trop beau ;
ou alors il s’imagine que Dieu lui en veut.

Alors le Verbe Se fait chair.
Étonnante cette formulation par Saint Jean
du Mystère que nous célébrons à Noël !
Qu’est-ce que cela signifie ?
Cela signifie d’abord que pour un temps Dieu Se tait.
La Parole créatrice du monde Se fait petit Enfant, Infans…
Celui qui ne parle pas !
La Parole créatrice S’enfouit dans la matière qu’Elle a créée.
Elle ne peut plus alors nous impressionner,
parce que trop élevée pour notre entendement.
Elle ne peut plus nous effrayer,
parce qu’ayant toutes les apparences
d’une accusation ou d’une insulte.

L’enfant de Bethléem ne demande
ni notre adhésion ni notre soumission.
Il attend notre amour, comme tout petit enfant
attend de l’amour des adultes à qui il est confié.

Il attend que nous Lui portions attention par notre regard,
par notre écoute (notre écoute avant tout de son silence).
Il attend que nous Lui portions attention
en passant simplement du temps avec Lui.
L’Enfant de Bethléem nous invite silencieusement
à rentrer en nous-même,
pour y découvrir ce qu’il y a de meilleur dans notre humanité.

Le Verbe, la Parole de Dieu,
s’enfouit au cœur de notre humanité
pour que chacun d’entre nous puisse découvrir
que le Verbe est là, enfouit au cœur de sa propre humanité.

C’est un fait que la célébration de la Fête de Noël
rend toute l’humanité meilleure.
Quelle que soit la forme que prend la fête de Noël
dans nos divers peuples,
elle reste toujours une invitation à la paix,
à la réconciliation, au pardon,
au partage avec les plus démunis.

La fête de Noël rassemble les familles,
permet aux personnes de s’échanger des souhaits,
des cadeaux, de se dire du bien,
de se faire du bien les uns aux autres.

Voilà cent ans, la Première guerre mondiale
faisant rage depuis déjà cinq mois,
les soldats anglais et allemands ont fait une trêve pour Noël.
Sur le front, en Belgique, des soldats allemands
sont allés à la rencontre des soldats anglais
en chantant « Sainte Nuit ».
Puis les soldats anglais ont applaudi
et ont rejoints leurs ennemis pour leur donner l’accolade.

Quand la Parole du Dieu de toute Paix Se fait chair,
il n’y a plus besoin qu’Elle nous parle de l’extérieur.
Elle se trouve alors inscrite dans nos cœurs de chair
– comme le prophétisait Jérémie –
et elle nous anime de l’intérieur.

La Parole de Dieu faite chair
fait briser les épées aux hommes pour en faire des charrues ;
elle fait briser les lances pour en faire des faucilles.
Elle transforme les armes en ponts.
Tout récemment en Centre-Afrique,
où sévit depuis des mois une guerre civile sanglante
entre musulmans et chrétiens,
une session de formation à la paix
a permis à des ennemis de se parler
et de faire des ponts entre eux.

Nous fêtons Noël au mois de décembre, dans l’année.
Mais depuis que le Verbe S’est fait chair en Jésus-Christ,
voici près de 2000 ans, c’est Noël chaque jour de l’année.
La Parole de Dieu, créatrice de notre monde,
est désormais enfouie au cœur de notre humanité.
Elle ne nous est plus étrangère.
Il appartient à nous de l’accueillir
comme nous accueillons un petit enfant, très simplement.
Pour la laisser faire des merveilles
en nous,
par nous
et autour de nous !

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