FMJ Mtl4e DIMANCHE DE L’AVENT – C
Frère Antoine-Emmanuel
Mi5, 1-4 ; Ps 79 ; Hé 10, 5-10 ; Lc 1, 39-45
23 décembre 2012
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Noël : un envoi en mission !

L’Ange vient de quitter Marie,
et l’Esprit Saint couvre Marie de son ombre
faisant éclore en elle la Vie divine.

Saint Luc nous raconte ce qui suit : littéralement :
« Marie se met debout ». « Marie se lève ».
Le verbe employé par Luc
est celui qui exprimera la résurrection.
C’est un « lever » qui vient de Dieu !

Et Marie s’en va en hâte vers le haut pays… (cf. Lc 1, 39

Pourquoi Marie ne reste-t-elle pas à Nazareth
pour y vivre sereinement cette grossesse mystérieuse ?

Pourquoi ? D’abord pour aller recueillir le signe
que l’ange lui a donné de la part de Dieu;
sans doute aussi pour partager le mystère
avec une autre femme elle aussi saisie par Dieu ;
certainement pour un motif de charité
pour se faire proche de sa cousine âgée et enceinte.

Mais il y a une autre raison que révèle la suite du texte.
Poussée par l’Esprit Saint – c’est ce « lever » qui vient de Dieu –
Marie s’en va pour accomplir une mission,
une évangélisation.
L’Enfant qu’elle porte, elle doit Le porter aux autres.
C’est une sorte d’extase, une sortie de soi,
tout le contraire d’un renfermement sur son propre vécu spirituel.

Charles de Foucauld le dit en faisant parler Jésus :
« À peine incarné, J’inspire à ma Mère de me porter
à la maison où va naître Jean (…)
Avant même de naître, Je travaille à cette œuvre :
la sanctification des hommes,
et Je pousse ma Mère à y travailler avec Moi ».

Marie est donc saisie dans la mission de Jésus !
Par elle, Jésus entre dans la maison de Zacharie et Élisabeth.
Il entre dans la maison de la Première Alliance,
dans la maison des promesses, de la Loi, de l’attente.
Et Il fait bondir de joie Jean Baptiste
comme si cet enfant dans le sein de sa mère
attendait cette visitation.

Alors Marie non seulement reçoit
une confirmation de l’annonce de l’Ange
– elle entend Élisabeth la saluer comme Mère de son Seigneur –
mais aussi Marie goûte déjà la fécondité
de sa mission associée à la mission de Jésus.
Et c’est le Magnificat, la grande louange de la Vierge !

*

Frères et sœurs, cette mission,
la mission de Jésus, n’est pas terminée !
Et la preuve qu’elle n’est pas terminée, c’est nous !
Nous tous nous sommes ici ce matin
parce que nous avons été choisis
pour participer à la mission de Jésus
c’est cela être chrétiens.

Jésus ressuscité a une mission
qu’Il veut accomplir parfaitement à travers nous,
non pas malgré nous ou contre nous,
même si cela peut arriver,
mais avec nous, en synergie.

Jésus nous a appelés et embauchés
parce qu’Il veut continuer son « entrée dans le monde »
dont nous parlait la lettre aux Hébreux.
Et le moindre des clans de Juda où Il s’incarne,
c’est notre humanité dans sa vulnérabilité,
c’est l’Église dans sa fragilité.

Jésus nous a choisis pour que nous le portions au monde.
Et dans quelles maisons veut-Il entrer en 2012 à Montréal ?
Dans toutes les maisons !

Dans la maison des Zacharie et des Élisabeth,
dans la maison de ceux qui vivent
sous la loi de Dieu, dans l’attente du messie :
nos frères juifs.

Mais aussi dans la maison, disons,
de ceux qui veulent vivre sous la loi de Dieu
mais dans la négation de la foi proprement chrétienne :
nos frères musulmans.

Jésus veut entrer aussi dans la maison des Melchior, des Balthazar,
c’est-à-dire dans la maison des religions du monde,
de ceux qui ont encore le sens de Dieu,
le goût de Dieu et de sa sagesse.

Il veut aussi entrer dans la maison des néo-païens,
de ceux qui ont fermé l’horizon de la transcendance,
qui mettent l’humain à la place de Dieu
et s’égarent dans une homo-idéologie qui nie l’altérité.

Et enfin, Jésus veut entrer à nouveau
dans la maison de Pierre, de Paul, de Jean, de Madeleine…
dans la maison des chrétiens
qui, embourgeoisés ou persécutés,
fauteurs de scandales ou saints, sécularisés ou libres,
portent le Trésor des trésors pour le monde entier.

Mais quand Jésus entre dans la maison des chrétiens,
c’est pour les en faire sortir,
pour qu’ils aillent Le porter, Lui, dans les autres maisons…

Et c’est bien cela notre appel dans ces jours de Noël.
Nous avons été choisis pour porter Dieu au monde.
Nous allons recevoir à nouveau Jésus
pour le porter au monde.
Noël, c’est un appel, un envoi…

Le Seigneur veut qu’en chaque visite des prochains jours,
qu’en chaque rencontre que vous ferez,
vous Le portiez aux autres
pour qu’Il entre dans toutes les maisons.

Le Seigneur vous a choisis pour cette mission.
Porter Dieu…
Vous Le porterez si vous vous laissez porter par Lui.
Vous Le porterez si vous ne Le délaissez jamais en vous,
si vous restez intérieurement connectés à son Amour.
Ces prochains jours, chaque visite peut devenir une visitation.

Si vous arrivez sans cadeau les mains vides, tant mieux !
Vous donnerez le plus beau cadeau : Dieu et Sa joie !

Si vous arrivez avec un cadeau, tant mieux !
Votre cadeau sera un signe – microscopique –
du plus grand cadeau qui est Dieu Lui-même.

Je vous lis la suite du texte de Charles de Foucauld :
« Je dis à toutes les âmes qui me possèdent et qui vivent cachées :
travaillez à la sanctification du monde,
travaillez-y comme ma Mère, sans paroles, en silence…
au milieu de ceux qui m’ignorent.
(…) Toute notre existence,
tout notre être doit crier l’Évangile sur les toits.
Toute notre personne doit respirer Jésus,
tous nos actes, toute notre vie doivent crier
que nous sommes à Jésus… »

Temps de Noël, temps de mission,
temps de sanctification du monde…
Que devons-nous faire ? Rein d’extraordinaire !
Regardez Marie à la visitation.
Elle ne fait rien d’extraordinaire.
Si vous êtes en Dieu, vous respirerez Dieu !
Un homme, une femme qui est en Dieu
parle sans avoir besoin de dire grand-chose !

Nous avons reçu beaucoup.
Nous allons recevoir beaucoup
pour pouvoir donner beaucoup, pour pouvoir donner Dieu.

*

Je termine par un mot sur l’actualité
dont les journaux ont fait écho.
Si les allégations se confirment de l’arrestation
d’un diacre catholique de Montréal accusé de délits liés à la pédophilie,
voilà encore le drame de la double vie
où se conjugue le péché dans son horreur,
la fragilité psychique et l’œuvre du démon.

Et ce sont des cohortes d’enfants martyrs, blessés,
déstructurés pour toute leur vie.
Que cela nous dissuade à jamais
de toucher de quelque manière que ce soit
à la pornographie qui est une entreprise satanique
de démolition de la personne humaine qui atteint l’humanité
dans le sanctuaire de l’identité et de l’amour qu’est la sexualité.

Ce drame qui a atteint des enfants appelle la prière,
la justice et la miséricorde.

Voilà qui nous provoque plus encore à annoncer
la joie, l’espérance qui vient de Dieu.

Noël n’est pas une belle histoire
pour se réchauffer le cœur en hiver.
Noël c’est l’irruption de l’Amour
dans notre humanité blessée.
L’Enfant que nous recueillerons dans nos bras
est le Sauveur de tous les agressés
et de tous les agresseurs du monde,
l’espérance de tous les enfants du monde.

C’est pour cela que Noël
est une Bonne Nouvelle incroyable.
Noël est un cadeau que toute la société reçoit
avec toutes sortes de festivités
mais un cadeau que très peu déballent.
C’est pour cela que le Seigneur nous envoie :
pour montrer que sous les paquets cadeaux et les guirlandes,
il y a un Amour divin qui s’offre à tous.
Cet amour auquel nous communion ensemble
en cette Eucharistie.

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