FMJ MtlMERCREDI DES CENDRES – C
Frère Antoine-Emmanuel
Jl 2, 12-18 ; Ps 50 ; 2 Co 5, 20 – 6, 2 ; Mt 6, 1-6.16-18
10 février 2016
Sanctuaire du Saint Sacrement, Montréal

Quel chemin prendre pour entrer dans la Miséricorde ?

Chers frères et sœurs,
c’est un grand cadeau que le Seigneur nous fait
que le temps du Carême.
Vous l’avez peut-être déjà senti depuis ce matin ;
le Seigneur ouvre Ses entrailles de manière particulière.
C’est le temps favorable (2 Co 6,2).
C’est le temps où l’Amour de Dieu Se fait insistant
pour venir nous chercher, pour nous libérer.

Quel est le point de départ du Carême ?
Ce n’est pas par notre décision de faire des efforts !
Le point de départ, c’est la Miséricorde de Dieu.
Si Dieu nous dit dans la première lecture
« Revenez à Moi de tout votre cœur » (Jl 2,12),
c’est après nous avoir dit qu’Il nous aimait.
Il nous désire.
D’ailleurs, l’Antienne d’ouverture
de la messe de ce jour le dit :
Seigneur, Tu aimes tout ce qui existe !
Tu pardonnes parce que Tu es le Seigneur notre Dieu (Sg 11,24).

N’ayez pas peur, frères et sœurs,
n’ayez pas peur de vous livrer à la Parole,
de vous laisser atteindre par les paroles exigeantes
que l’Église va nous faire entendre,
par les appels à la conversion.
Ne fermez pas votre cœur ! (Ps 94(95) 7)
N’ayez pas peur de sentir en vous le poids de votre péché.
N’ayez pas peur de ressentir de la honte en vous.

Ne vous barricadez pas le cœur.
C’est comme cela que le cœur se gâte,
comme une pièce que l’on n’aère pas,
comme un fruit qui se met à pourrir.
Au contraire, laissez remonter de votre cœur
ce sens de l’indignité,
que je ressens moi-même en vous disant cela.

Oui nous avons péché ;
nous avons tous péché.
Il y a dans mon cœur comme dans le vôtre
de l’orgueil, de la convoitise,
de la gourmandise, de la luxure.
Il y a surtout cette désobéissance maladive
qui fait qu’une part de moi
ne veut pas obéir au Seigneur et à sa Parole.

Alors, comme le demande le prophète Joël,
moi, le prêtre du Seigneur, je me tiens près de l’autel
et, en notre nom à tous, je dis :
Pitié, Seigneur, pour ton peuple (Jl 2,17).
Pitié parce que nous avons tous été rebelles.
Pitié parce que nos cœurs
ne se sont pas grand ouverts à ton Amour.
Pitié parce que nous croyons trop peu à ta Miséricorde.

Oui, aujourd’hui nous ne déchirons pas nos vêtements,
mais nos cœurs.
Oui, nous voulons nous laisser réconcilier avec Dieu (cf. 2 Co 5,20).
Oui, nous ouvrons nos cœurs à ta Miséricorde.
La Miséricorde de Dieu,
elle « n’est pas une idée abstraite,
mais une réalité concrète
à travers laquelle Dieu révèle son Amour
comme celui d’un père et d’une mère
qui se laissent émouvoir
au plus profond d’eux-mêmes par leur enfant.
Il est juste de parler d’un amour « viscéral ».
Il vient du cœur (de Dieu) comme un sentiment profond,
naturel, fait de tendresse et de compassion,
d’indulgence et de pardon » (Mséricordiae Vultus, no. 6).

Mais quel chemin prendre
pour entrer dans cette miséricorde ?
Par où passera notre chemin de Carême ?

Une chose est certaine :
ce chemin passe par les personnes très concrètes
que le quotidien va nous faire rencontrer.

La Miséricorde divine va s’engouffrer en nous
à la mesure de l’ouverture que nous aurons
les uns vis-à-vis des autres,
vis-à-vis des plus pauvres en particulier,
des plus pénibles, des plus rejetés.

Plus notre cœur s’ouvrira aux autres,
plus le Seigneur nous remplira de son Amour miséricordieux.

Alors que demandons-nous au Seigneur ?
Je vais ici m’inspirer très largement de Sr Faustine.
Que demandons-nous ?

Je désire me transformer tout entière en Ta miséricorde
et être ainsi un vivant reflet de Toi, ô Seigneur ;
que le plus grand des attributs divins,
Ton insondable miséricorde,
passe par mon âme et mon cœur sur le prochain.

Aide-moi, Seigneur, pour que mes yeux soient miséricordieux,
pour que je ne soupçonne jamais
ni ne juge d’après les apparences extérieures,
mais que je discerne la beauté dans l’âme de mon prochain
et que je lui vienne en aide.

Aide-moi, Seigneur, pour que mon oreille soit miséricordieuse,
afin que je me penche sur les besoins de mon prochain
et ne reste pas indifférente à ses douleurs ni à ses plaintes.

Aide-moi, Seigneur, pour que ma langue soit miséricordieuse,
afin que je ne dise jamais de mal de mon prochain,
mais que j’aie pour chacun un mot de consolation et de pardon.

Aide-moi, Seigneur, pour que mes mains soient miséricordieuses
et remplies de bonnes actions,
afin que je sache faire du bien à mon prochain
et prendre sur moi les tâches les plus lourdes
et les plus déplaisantes.

Aide-moi, Seigneur, pour que mes pieds soient miséricordieux,
pour me hâter au secours de mon prochain,
en dominant ma propre fatigue et ma lassitude.
Mon véritable repos est de rendre service à mon prochain.

Aide-moi, Seigneur, pour que mon cœur soit miséricordieux,
afin que ressente toutes les souffrances de mon prochain.
Je ne refuserai mon cœur à personne.
Je fréquenterai sincèrement même ceux qui,
je le sais, vont abuser de ma bonté,
et moi, je m’enfermerai
dans le Cœur très miséricordieux de Jésus.
Je tairai mes propres souffrances.
Que Ta miséricorde repose en moi, ô mon Seigneur.

C’est Toi qui m’ordonnes de m’exercer
aux trois degrés de la miséricorde ;
le premier : l’acte miséricordieux – quel qu’il soit ;
le second : la parole miséricordieuse
– si je ne puis aider par l’action, j’aiderai par la parole ;
le troisième – c’est la prière.
Si je ne peux témoigner la miséricorde
ni par l’action, ni par la parole,
je le pourrai toujours par la prière.
J’envoie ma prière même là où je ne puis aller physiquement.

Ô mon Jésus, transforme-moi en Toi, car Tu peux tout. (163)

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