FMJ MtlDEUXIEME DIMANCHE DE L’AVENT – A
Frère Thomas
Is 11,1-1s; Rm 15, 6-9; Mt 3, 1-12
4 Décembre 2016
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Connaître le Seigneur pour préparer sa route

« En ces jours-là, parait Jean le Baptiste. »
Jean le Baptiste parait dans la liturgie en ce deuxième dimanche de l’Avent. Il va nous accompagner durant tout ce chemin qui va nous conduire à Noël. Il est désigné comme une voix : « Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. »
Il est la voix, il n’est pas la Parole. Il offre sa voix pour préparer le chemin à celui qui est la Parole. Isaïe prophétisait : « Une voix crie : Dans le désert, frayez le chemin de YHWH; dans la steppe, aplanissez une route pour notre Dieu. »
La voix crie, mais c’est à nous de frayer un chemin au Seigneur, dans les déserts de nos vies.
Le Seigneur vient, certes, mais bien souvent nous ne le laissons pas venir, nous ne le laissons pas se frayer un chemin dans nos déserts.
Alors nous avons besoin de réentendre la voix de Jean Baptiste pour réveiller nos cœurs au désir de Dieu.
Sa voix nous appelle à la conversion : « Convertissez-vous, car le royaume des cieux est tout proche. » « Engeance de vipères! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient? Produisez donc un fruit digne de la conversion. »

C’est une voix rude, comme l’est le désert. C’est une voix à priori sévère, comme l’est l’aridité du désert.
Mais si Jean Baptiste prête sa voix pour une prédication si rude, si sévère, c’est afin de nous faire découvrir – au cœur des déserts de nos vies – Celui qui est la Parole de vie.
« Celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit saint et le feu. »
Dimanche dernier, nous avons entendu le Seigneur qui nous appelait à rester éveillés pour accueillir sa venue. Aujourd’hui, Jean Baptiste nous appelle à nous convertir et à préparer le chemin au Seigneur.

Comment pouvons-nous nous convertir ? Nous voyons les fruits de la conversion dans le tableau peint par Isaïe de la paix messianique : « Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, etc.» Et nous voyons en quoi consiste la conversion lorsque le prophète ajoute à la fin : « Car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. » C’est donc que la connaissance du Seigneur est importante dans la conversion attendue.
Nous pouvons donc nous interroger sur cette connaissance du Seigneur, en quoi consiste-t-elle?
Nous trouvons, encore chez le prophète Isaïe, au chapitre 1, la parole suivante : « Le bœuf connaît son possesseur, et l’âne la crèche de son maitre, Israël ne connaît pas, mon peuple ne comprend pas. »
Il ne s’agit pas ici d’une connaissance purement intellectuelle, mais d’une connaissance avec le cœur. Connaître c’est naître avec.
Jésus nous parle aussi de ceux qui disent « Seigneur, Seigneur » mais qui ne font pas la volonté du Père dans les cieux. À ceux-là Jésus dira : « Jamais je ne vous ai connus; écartez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. » Ils se justifient pourtant : « N’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé ? En ton nom que nous avons chassé les démons? En ton nom que nous avons fait bien des miracles ? »
Ainsi connaître le Seigneur, et être connu de lui, ce n’est pas seulement faire des actions en son nom.
Dans la parabole des vierges sages et des vierges folles, l’époux répond aux vierges non prévoyantes, lorsqu’elles frappent à la porte fermée : « En vérité je vous le dis, je ne vous connais pas. »
Ainsi nous voyons l’enjeu pour nous de connaître le Seigneur et d’être en retour reconnu de lui.

Laissons-nous pour cela enseigner par Jean Baptiste. Voilà un homme qui été fils d’un prêtre (Zacharie) et qui est allé vivre une vie retirée dans le désert. Ainsi Jean Baptiste nous enseigne par sa vie à nous retirer, à rentrer en nous-mêmes pour mieux connaître Dieu. C’est là un aspect qui nous demande tout un combat spirituel, car nous sommes environnés d’incitations à la consommation, spécialement à l’occasion de l’approche de Noël.
Jean Baptiste ainsi nous invite par exemple à davantage prier, à lire la Bible, ou un livre spirituel, pour nous préparer à Noël. Pour mieux connaître Dieu et être connus de lui. Pour mieux reconnaître Dieu dans nos vies, dans le monde. Pour mieux nous connaître nous-mêmes, car plus nous connaissons Dieu qui habite en nous, plus nous nous connaissons nous-mêmes.

Dans l’Évangile de Luc, Jean Baptiste invite ceux et celles qui viennent se faire baptiser par lui à poser des actes concrets de conversion. Par exemple que celui qui a deux tuniques partage avec celui qui n’en a pas.
Aux publicains, Jean Baptiste prescrit de ne pas exiger plus que ce qui leur est prescrit, et aux soldats de ne molester personne et de se contenter de leur solde. Voilà des actes bien concrets par lesquels nous pouvons exprimer notre connaissance de Dieu.

Si donc nous nous convertissons, si littéralement nous nous tournons vers Dieu pour mieux le connaître, alors nous préparons le chemin au Messie dans les déserts de nos vies. Nous lui permettons de nous baptiser dans l’Esprit Saint et le feu.
Nous lui permettons de faire avancer dans notre monde le règne messianique où « Le loup habitera avec l’agneau (…) le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra. Où il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte, car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer. »

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