FMJ MtlSAMEDI SAINT – OFFICE DE LA DESCENTE AUX ENFERS
Frère André-Gérard
1 Pi 3, 18-20 ; Mt 27, 57-66
15 Avril 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Demeurer avec Jésus souffrant

Joseph d’Arimathie complète la “bonne œuvre” faite par Marie Madeleine.
Elle qui a répandu le parfum très précieux sur le corps de Jésus.
Jésus en parlant de ce beau geste d’affection a dit :
« C’est pour m’ensevelir qu’elle avait versé ce parfum. »
C’est maintenant Joseph d’Arimathie qui manifeste son amour pour Jésus
en prenant son corps et le mettant dans un linceul propre et un tombeau neuf.
‘Propre’ et ‘neuf’ ne sont pas les mots qu’on associe avec un corps brisé et blessé,
– mais on peut tirer d’autres sens de ces deux mots :
par exemple, propre comme lavé – et – neuf comme recréé.
‘Propre’ peut aussi signifier baptisé,
et ‘neuf’ peut signifier ressuscité.
Nous sommes baptisés dans le Christ,
lavés de nos péchés,
récrés en lui et ressuscité en lui.
Et nous attendons et nous veillons ensemble dans le silence
devant le corps de Jésus placé dans le tombeau.
Le silence qui suit le tremblement de terre au moment de la mort de Jésus.

L’évangile nous confronte avec le mystère de la mort de Jésus
qui descend aux enfers, où la vie vainc la mort.
Qui entre nous n’est pas descendus aux enfers ?
Descendu dans les enfers créés par des circonstances de nos vies
où nous livrons un combat avec nos impuissances et nos démons
et semblons être entre la mort et la vie.
Les événements douloureux comme le décès d’un de nos proches,
la violence conjugale, le divorce, les mal compréhensions au travail,
la jalousie, les addictions et compulsions, la solitude,
la maladie dans toutes ses formes, et les conséquences de la haine.
La liste est longue n’est-pas ?
Et tout cela est comme un tremblement de terre dans nos vies.
Ces réalités font de nous des petits, des impuissants, des riens.
La mort fait de Jésus lui aussi un échec pour ses disciples
et une déception pour beaucoup.
Mais le Seigneur nous attend quand nous descendons dans nos enfers
parce qu’il nous y a précédé.
Jésus « méprisé, abandonné des hommes, homme de douleurs,
familier de la souffrance », pensez-vous qu’il nous comprenne ?
Et encore du chant du serviteur souffrant :
« je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant,
c’est une pure perte que j’ai usé mes forces »

Pensez-vous que Jésus nous portera dans nos fatigues ?
Nous allons ensemble vers la Pâque côte à côte avec Jésus,
et nous mourrons avec lui à tout ce qui nous empêche d’accueillir
la bonne nouvelle de la vie éternelle.
Il me semble qu’aujourd’hui, c’est le moment pour nous tous
de librement remettre tous nous efforts à maitriser la souffrance dans nos vies.
C’est le moment propice pour donner à Jésus l’échec que nous ressentons,
face à notre impuissance de maitriser nos corps et nos âmes.
J’ai découvert récemment les écrits spirituels d’un jeune prêtre Jésuite, Pierre Lyonett,
qui était malade et souffrant :
il s’est levé de son lit pour son ordination sacerdotale
et après son ordination il est retourné à son lit
et il a passé quelques années sans aucun ministère.
Face à son impuissance de maitriser la maladie et ses souffrances, il a écrit :
« Je vois ce que tu veux – c’est Jésus qui prends la parole dans cette extrait –
Je vois ce que tu veux.
Souffrir en beauté,
Entendre qu’on félicite,
Porter ta croix fièrement et sans broncher,
Conscient de ta fidélité et maitre de ta douleur.
Et moi, (Jésus) je me refuse à appeler cela de la fidélité.
Mon fils, ma fille, viens à Gethsémani
et tu y apprendras ce qu’il en coûte d’être fidèle au Père. »

Aujourd’hui nous pouvons lâcher prise
et donner à Jésus tous nos efforts si fatiguants
de maitriser nos souffrances et descendre dans le tombeau
avec Jésus qui nous attends.
Jésus – Dieu qui meurt, – corps blessé, – souffrant.
Il nous comprend,
Il est la vie,
La vie que je veux passionnément.
LA VIE !

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