30e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Jakub
Ex 22, 20-26; Ps 17 (18) ; 1 th 1, 5c – 10; Mt 22, 34-40
29 Octobre 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

De tout ton cœur

Chers frères et sœurs,

«De tout ton cœur» dit Jésus en ce dimanche,
Exister véritablement,
c’est « être » de toutes les fibres de son être.
Il ne peut y avoir de plénitude sans engagement.
Et il ne peut y avoir d’engagement sans foi ni don de soi.
C’est cela : Croire et Donner.
« N’est-ce pas la plus authentique façon d’aimer ? »
Dit Jade une petite fille du livre
de François Garagnon «Jade et les sacrés mystères de la vie».

Exister véritablement,
c’est « être » de toutes les fibres de son être. C’est croire et donner.
L’amour, l’espérance, la foi et la joie sont des réalités théologales
qui proviennent du mystère de la Résurrection du Christ
et du don de son Esprit.
Nous pourrions dire que l’Esprit Saint les prend du cœur du Christ ressuscité
et les transporte dans le cœur de ses amis.
Du cœur du Christ plein d’amour.

« De tout ton cœur ».
Cette expression se trouve dans le Livre du Deutéronome,
dans le premier et fondamental commandement de la Loi,
là où Moïse dit au peuple:
« Écoute Israël : Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur.
Tu aimeras Seigneur ton Dieu de tout ton cœur,
de toute ton âme, de tout ton pouvoir ».
« De tout ton cœur » – se réfère donc à la manière
dont Israël doit aimer son Dieu. Comme Dieu aime.
Jésus confirme le primat de ce commandement,
auquel il ajoute celui de l’amour pour le prochain,
en affirmant que celui-ci est « semblable » au premier
et que de tous les deux dépendent la loi et les prophètes.

Toujours à partir de la racine biblique,
le symbole du cœur représente dans la spiritualité orientale
le siège de la prière, de la rencontre entre l’homme et Dieu,
mais aussi avec les autres hommes avec l’univers.
L’homme qui accueille pleinement de tout son cœur l’amour de Dieu,
accueille la lumière et la vie, accueille Dieu lui-même
et devient à son tour lumière et vit dans l’humanité et l’univers.
Saint Basile écrivait par exemple :
« Tout comme les corps clairs et transparents,
quand ils reçoivent la lumière,
irradient à leur tour la lumière,
ainsi reluisent ceux qui ont été illuminés par l’Esprit.
Cela implique le don de la grâce, la joie interminable,
la permanence en Dieu… et le but suprême: la Divinisation ».

Le « cœur » du monde, c’est Jésus Christ.
C’est Lui la Lumière et la Vie,
parce qu’en Lui « habite corporellement toute la plénitude de la divinité ».
C’est en Lui que nous pouvons aimer notre prochain.
« Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».
Jésus nous donne un critère infaillible
pour découvrir si nous aimons ou non notre prochain.
Nous savons parfaitement,
ce que signifie nous aimer nous-mêmes
et ce que nous voudrions que les autres fassent pour nous.
Jésus considérait l’amour du prochain comme « son commandement »,
celui dans lequel est résumée toute la Loi.
« Voici quel est mon commandement :
vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Lorsqu’on parle de l’amour du prochain,
on pense immédiatement aux « œuvres » de charité.
Mais cela est un effet de l’amour,
ce n’est pas encore l’amour.
Avant la bienfaisance vient la bienveillance.
La charité du cœur est la charité que nous pouvons tous mettre en pratique.
Elle est universelle.
Tous peuvent la donner et la recevoir.
Et elle est extrêmement concrète.
Il suffit de commencer à regarder avec un regard nouveau
les situations et les personnes avec lesquelles nous vivons.
Le regard avec lequel nous voudrions que Dieu nous regarde !
Un regard de bienveillance, de compréhension, de pardon…
Et alors, toutes les relations changent.
Tous les motifs de préjugés et d’hostilité
qui nous empêchaient d’aimer une certaine personne
tombent comme par miracle
et cette personne commence à apparaître pour ce qu’elle est en réalité :
une pauvre créature qui souffre de ses faiblesses et de ses limites,
comme toi, comme nous tous.

Dieu n’a pas envoyé son Fils pour nous compliquer le chemin,
mais pour ouvrir un chemin devant tout homme.
Il ne l’a pas envoyé pour ajouter des exigences à d’autres exigences,
mais pour rassembler notre attention sur la seule exigence
qui se déploie à travers toutes les circonstances de la vie.

Prions le Seigneur,
pour que la Bonne nouvelle dont nous sommes les témoins
soit reçue par les hommes et les femmes qui nous entourent
comme un chemin de liberté qui ouvre nos cœurs à l’amour de Dieu
et à l’amour de nos frères.
Amen.

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