FMJ Mtl29e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Thomas
Is45, 1.4-6; Ps 95 (96) ; 1 Th 1, 1-5b; Mt 22, 15-21
22 Octobre 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Chercher d’abord le Royaume de Dieu et sa justice

Ces derniers dimanches nous avons entendu Jésus
dire des paraboles à l’adresse des grands prêtres et des pharisiens.
C’étaient des paraboles où ces derniers étaient mis en cause :
souvenons-nous : la parabole des deux enfants,
celle des vignerons homicides et celle du festin nuptial.
En ce dimanche nous voyons des pharisiens,
accompagnés de partisans d’Hérode, tendre un piège à Jésus.
Ils veulent surprendre une parole de lui qui leur donnerait matière à l’accuser.
Le piège est subtil :
« Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à César, l’empereur? »

Si Jésus répond oui,
on pourra l’accuser d’être traitre à son peuple d’Israël,
occupé par les Romains.
Si Jésus répond non, on pourra l’accuser d’être rebelle à l’envahisseur.
La question n’était pas simple
et nous savons qu’il y avait parmi les Israélites des positions diverses.
Il y avait les publicains, qui collaboraient avec l’occupant Romain,
en percevant l’impôt pour eux.
Il y avait, à l’extrême opposé, les zélotes,
qui avaient choisi la lutte armée contre les Romains.
Nous pouvons imaginer que la majorité des Israélites payaient l’impôt exigé,
pour ne pas avoir d’ennui avec l’occupant.
Et très certainement les pharisiens
et les hérodiens qui posent la question à Jésus paient l’impôt.

Mais ce que les pharisiens et les hérodiens oublient,
ce qu’ils ne prennent pas en compte,
c’est que la position à avoir vis-à-vis de l’occupant romain
est absente des enseignements de Jésus.
Jésus enseigne sur le royaume des cieux.
Jésus ne prend pas parti.
Il a parmi ses apôtres un ancien publicain,
en la personne de Matthieu,
et un zélote, en la personne de Simon le zélote.
Jésus avait guéri l’enfant d’un centurion de l’armée romaine.
Jésus avait admiré sa foi :
il avait dit que chez personne en Israël il n’avait trouvé une telle foi.

Jésus ne se place pas au niveau des affaires politiques.
Jésus est aux affaires de son Père des cieux
qui ne fait pas acception de personnes,
qui accueille tout humain, quelle que soit sa nationalité,
sa religion ou sa culture.
Les pharisiens et les hérodiens sont dans des affaires humaines de politique
qui ne sont pas celles dont se préoccupe Jésus.
Un piège est tendu à Jésus :
il va s’en sortir par en haut,
lui qui a les yeux tournés vers en haut.

Mais nous pouvons tout de même nous demander ce que signifie sa réponse :
« rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. »
Serait-ce là une dérobade de Jésus face à un réel problème de son temps :
le paiement de l’impôt à l’occupant romain?
N’oublions pas qu’un piège est tendu à Jésus.
Sa réponse est un renvoi de ses interlocuteurs face à eux-mêmes.
« Vous voulez me faire parler par rapport à César…
Ce sujet vous concerne d’abord vous,
moi c’est de Dieu que je vous parlerai. »

Rendez à César ce qui est à César :
rendez-lui toutes les affaires politiques,
rendez-lui ce qui vous divise.
Rendez à Dieu ce qui est à Dieu :
cherchez d’abord le royaume de Dieu
et sa justice et tout le reste vous sera donné de surcroît.
Sachez même que le pouvoir de César vient de Dieu.
Ainsi nous voyons, dans la lecture d’Isaïe aujourd’hui,
le roi de Perse Cyrus qui est un instrument de Dieu
pour le retour du peuple de Juda à Jérusalem.

Ainsi Jésus ne tombe pas dans le piège qui lui est tendu.
Il reste tourné vers Dieu, vers le royaume de Dieu.

Il est aussi remarquable que c’est le thème de la royauté
qui sera retenu comme chef d’accusation des grands prêtres
et des anciens devant Pilate le procurateur romain.
Ils l’accuseront de se proclamer « roi des juifs ».
Ils diront à Pilate :
« Quiconque se fait roi s’oppose à César. »
Ils accuseront aussi Jésus d’empêcher de payer les impôts à César.

Nous voyons là la raison pour laquelle le piège était tendu à Jésus :
c’était afin que les notables juifs
aient matière à l’accuser devant l’autorité romaine.
Nous voyons aussi que Pilate ne s’est pas laissé berner :
il voyait bien que les grands prêtres
et les anciens lui avaient livré Jésus par jalousie
et que Jésus n’était pas ce dissident anti-romain qu’on voulait lui présenter.

Sois béni Seigneur Jésus,
tu nous invite à rendre à Dieu ce qui est à Dieu.
Que nous cherchions d’abord le royaume de Dieu et sa justice…
et nous saurons prendre notre place par rapport aux Césars de ce monde.

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