FMJ Mtl28e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Jakub
Is 25, 6-10a; Ps 22 (23) ; Ph 4, 12-14.19-20; Mt 22, 1-14
15 Octobre 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

L’Amour en attente

L’Amour en attente

Chers frères et sœurs,

La liturgie de ce dimanche nous propose une parabole

qui parle d’un banquet de noces auquel est invité

un grand nombre de personnes.

La première lecture, tirée du livre d’Isaïe,

prépare ce thème, parce qu’elle parle du banquet de Dieu.

C’est une image — celle du banquet — souvent utilisée dans l’Écriture

pour indiquer la joie dans la communion

et l’abondance des dons du Seigneur;

elle laisse deviner quelque chose de la fête de Dieu avec l’humanité,

comme le décrit Isaïe:

«Le Seigneur des armées prépare pour tous les peuples,

sur cette montagne, un festin de viandes grasses,

un festin de bons vins, de viandes moelleuses, de vins dépouillés».

Tout cela suscite une profonde gratitude et espérance:

« Voyez, c’est notre Dieu, en lui nous espérions

pour qu’il nous sauve;

c’est le Seigneur, nous espérions en lui.

Exultons, réjouissons-nous du salut qu’il nous a donné».

«J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir!»

Par ces mots, Jésus a ouvert la célébration de son dernier banquet

en le désirant.

Au fond de lui-même, il a attendu ce moment

qui aurait dû être en quelque sorte

les véritables noces messianiques annoncées par Isaïe.

Dans le désir de Jésus,

nous pouvons reconnaître le désir de Dieu lui-même

– son amour pour les hommes, pour sa création, un amour en attente.

L’amour qui attend le moment de l’union,

l’amour qui veut attirer les hommes à soi.

Jésus nous désire, il nous attend.

D’après les paraboles de Jésus sur les banquets,

nous savons qu’il connaît la réalité des places restées vides,

la réponse négative.

Le refus des premiers invités a pour effet

l’extension de l’invitation à tous, jusqu’aux plus pauvres.

Les serviteurs réunissent tous ceux qu’ils trouvent,

et la salle se remplit:

la bonté du roi n’a pas de limites et à tous il est donné la possibilité

de répondre à son appel.

Jésus savait aussi que des invités seraient venus,

oui, mais sans être revêtus de l’habit nuptial –

sans la joie de sa proximité et la charité.

Saint Grégoire le Grand, dans une de ses homélies, se demandait:

quel genre de personnes sont celles qui viennent sans habit nuptial?

En quoi consiste cet habit et comment l’acquiert-on?

Sa réponse est: ceux qui ont été appelés

et viennent ont en quelque sorte la foi.

C’est la foi qui leur ouvre la porte.

Mais il leur manque l’habit nuptial de l’amour.

Celui qui ne vit pas la foi en tant qu’amour

n’est pas préparé pour les noces

et il est jeté dehors.

La communion eucharistique requiert la foi,

mais la foi requiert l’amour,

autrement elle est morte aussi comme foi. »

Et saint Grégoire ajoute:

«Chacun de vous, donc, qui, dans l’Église,

a la foi en Dieu, a déjà pris part au banquet de noces,

mais il ne peut pas dire avoir l’habit nuptial

si il n’a pas en lui la grâce de la charité»

« Ma vie est une préparation au banquet de noce final.

Ce sera le banquet de tous ceux

qui auront été assez pauvres pour accueillir l’autre,

cet Autre avec majuscule qui est Jésus Christ.

L’habit de noce que je prépare tout au long de ma vie

est d’une seule couture;

mais il est fait de deux tissus entremêlés. C’est une double face.

D’une part, il y a tout ce que tisse dans ma vie,

d’autre part, chaque fil est relié à Jésus Christ. »

Nous sommes tous invités à être des convives du Seigneur,

à entrer avec la foi à son banquet,

mais nous devons nous revêtir et conserver en nous l’habit nuptial,

la charité, vivre un profond amour pour Dieu et pour notre prochain.

Jésus nous désire, il nous attend.

Nous ne pouvons pas prendre part au repas du Seigneur

sans prendre part aussi à son œuvre d’amour en ce monde.

La communion avec le Seigneur suscite la communion

avec nos frères en Église et en humanité.

Notre participation à l’Eucharistie est liée

à une manière de vivre au fil des jours où nous tissons

ainsi le vêtement de nos noces que nous célébrerons avec le Seigneur.

Heureux sommes-nous si nous participons ainsi au festin des noces de l’Agneau.

© FMJ – Tous droits réservés