FMJ Mtl27e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Thomas
Is 5, 1-7; Ps 79 (80) ; Ph 4, 6-9; Mt 21, 33-43
8 Octobre 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Appelés à travailler à la vigne du Seigneur

Le propriétaire du domaine ne se fait-il pas des illusions
sur la bonne foi des vignerons à qui il a loué sa vigne?
Pourquoi insiste-t-il à leur envoyer des serviteurs
pour se faire remettre des produits de la vigne?
À chaque fois les serviteurs sont maltraités ou tués.
Et comment se fait-il qu’il finit par leur envoyer son propre fils?
Pense-t-il vraiment qu’ils vont respecter son fils
s’ils n’ont pas hésité à tuer ses serviteurs?

Cette parabole nous parle de la confiance que Dieu fait à son peuple,
de la confiance que Dieu nous fait.
Mais tout de même nous pourrions objecter
que ce propriétaire de la vigne de la parabole est naïf et imprudent.
Dieu serait-il naïf ou imprudent?
Ce n’est pas la naïveté ni l’imprudence qui le font agir ainsi,
mais la confiance qu’il fait à ses vignerons.
S’ils ont maltraité ou tué les premiers serviteurs qu’il leur a envoyés,
ils vont respecter les autres serviteurs
et surtout ils vont respecter son fils.
Le maître de la vigne, dans la parabole,
est un homme qui fait tout ce qui est en son pouvoir
pour que son entreprise réussisse.
Nous pouvons le comparer à l’ami qui avait une vigne
dans la lecture du prophète Isaïe de ce jour.

« Pouvais-je faire pour ma vigne plus que je n’ai fait?
J’attendais de beaux raisins, mais elle en donna de mauvais. »
Nous voyons Dieu, qui pourtant est tout puissant,
se mettre en position de faiblesse par rapport
aux éléments du monde et aux personnes.
Il attend leur collaboration.

Dans la parabole d’Isaïe :
« La vigne du Seigneur c’est la maison d’Israël
et le plant qu’il chérit ce sont les hommes de Juda.
Il en attendait le droit et voici le crime;
il en attendait la justice et voici les cris. »
Dans la parabole des vignerons homicides,
le Seigneur attendait de bons raisins
et ne voit que ses serviteurs et même son fils,
humiliés ou tués les uns après les autres.

Dans la parabole d’Isaïe,
le maître de la vigne finit par ne plus en prendre soin,
par enlever sa clôture, par ouvrir une brèche dans son mur,
par ne plus la tailler ni la sarcler.
Et comme le maitre de la vigne c’est Dieu lui-même,
il va aller jusqu’à interdire aux nuages d’y faire tomber la pluie.
Ce n’est pas là une vengeance de Dieu,
c’est ainsi qu’il exprime son dépit devant le manque de collaboration de son peuple,
qui ne veut pas se prêter à l’entreprise de droit et de justice de son Dieu.

Jésus, après avoir donné la parabole des vignerons homicides
aux grands prêtres et aux anciens du peuple,
les interroge : « Quand le maitre de la vigne viendra, que fera-t-il à ces vignerons? »
Ils lui répondent :
« Ces misérables, il les fera périr misérablement.
Il louera la vigne à d’autres vignerons,
qui lui en remettront le produit en temps voulu. »
Jésus leur répond par une parole tirée du psaume 117 :
« La pierre rejetée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur, la merveille devant nos yeux! »
Cette pierre d’angle, c’est Jésus lui-même.
Pierre le redira aux membres du Sanhédrin quand il sera arrêté,
après la Pentecôte.

Ainsi, les vignerons homicides,
ce sont les grands prêtres et les anciens eux-mêmes,
car ils rejettent Jésus, le Fils du Père qui leur a confié la vigne d’Israël.
Ils cherchent à faire mourir Jésus.
Jésus leur dit cette parabole pour les aider à prendre conscience
de la mauvaise voie dans laquelle ils s’engagent
en cherchant à le faire mourir.
Nous savons comment ils vont s’endurcir.
Cette parabole, qui les concerne,
ne va faire qu’attiser leur haine envers Jésus.
Comme au temps de Moïse,
les plaies que Dieu avait envoyée sur l’Égypte n’ont fait qu’endurcir le cœur de pharaon pour qu’il s’oppose au départ du peuple d’Israël.

Jésus a fait conclure aux grands prêtres et aux anciens la parabole.
Mais cette conclusion n’a pas signifié leur conversion.

Jésus dira à ses disciples au moment du discours aux adieux
qu’il est la vigne et que son Père en est le vigneron.
Nous, de notre côté, nous sommes les sarments de la vigne.
Il attend que nous portions du fruit,
un fruit de justice, de bonté, d’amour, de paix.

Il attend que nous bâtissions en nous appuyant sur son Fils, la pierre d’angle.
Dieu n’est ni naïf ni imprudent.
Il a un merveilleux projet pour tout être humain,
celui de travailler à sa vigne,
nous l’avions déjà vu avec la parabole des ouvriers
dans la onzième heure il y a deux semaines.
Et si nous nous accaparons sa vigne,
il la fait revivre à partir de son Fils qui est la pierre rejetée,
mais qui est aussi la pierre d’Angle.

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