FMJ MtlMardi, 3e Semaine de l’Avent – C
Frère Antoine-Emmanuel
So 3, 1-2.9-13 ; Ps 33 ; Mt 21, 28-32
15 décembre 2015
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Faire de nous un chef-d’œuvre de Sa Miséricorde

Avez-vous commencé à décorer votre chez-vous pour Noël ?
C’est une belle tradition qui dit, pour nous chrétiens,
que Noël est une Fête majeure,
que nous en attendons un renouveau profond
de notre vie personnelle et familiale.

Mais il faut aussi penser à décorer une autre demeure !
Celle de notre cœur, de notre vie, de nos choix.
Et c’est ce que la liturgie nous fait faire.

Comment décorer notre cœur ?
Comment préparer notre cœur ?
L’Église est humble : elle n’invente pas des recettes,
mais elle regarde comment Dieu s’y est pris
pour préparer Israël à la venue de Jésus.
Qu’a fait le Seigneur ?
Il a appelé et envoyé Jean-Baptiste.
Alors… l’Église nous met à l’école de Jean.
Personne mieux que Jean peut nous préparer à Noël.

Or, que fait Jean ? Quelle est la mission de Jean ?
Jean est un homme qui s’active à ouvrir une brèche
dans le cœur des croyants.
Jean s’adresse au peuple, un peuple endormi, assoupi,
qui a pris ses distances à l’égard de Dieu et de sa Loi,
et il tente d’ouvrir les cœurs.

Jean ne prêche pas l’amour des ennemis ;
Jean ne prêche pas l’amour réciproque ;
Jean ne prêche pas l’amour de ceux qui nous persécutent ; et
Jean ne prêche pas le pardon inconditionnel.

Jean simplement tente d’ouvrir une brèche
et c’est Jésus qui enseignera l’amour inconditionnel
et en donnera la grâce.
Jean nous mène simplement à ouvrir le cœur,
mais d’une manière concrète,
en mettant en pratique ce qu’il recommande.

Jean ne prêche pas seulement la prière.
Jean prêche encore moins une piété désincarnée.
Jean prêche la justice :
Il nous appelle à regarder notre mode de vie,
nos habitudes, et à faire des pas très concrets
pour quitter toute forme d’injustice.

En d’autres termes, Jean nous ré-apprend
à écouter la Parole de Dieu
pour la mettre en pratique.
Il nous rappelle que les voies de Dieu
sont très concrètes, très quotidiennes.

Jean ne prêche pas l’observance du sabbat ;
il n’exhorte pas à pratiquer les sacrifices aux temples,
ou les assemblées synagogales, ou les fêtes religieuses.
Il est beaucoup plus près du quotidien :
partage ton pain avec celui qui a faim ;
partage tes vêtements et tes couvertes avec celui qui a froid ;
ne triches pas, ne vole pas sur ton lieu de travail ;
n’abuse pas de ton autorité dans ton milieu ;
contente-toi de ton salaire.

À travers Jean Baptiste, le Seigneur
Se fraie un chemin dans notre quotidien.
Un chemin encore bien discret
mais en vue de transformer complètement notre vie
par la venue du Messie,
par la venue renouvelée de Jésus.

Le Seigneur Se fait de la place en nous.
Parce qu’Il nous veut tout à Lui,
parce qu’Il nous veut pauvres de sa pauvreté,
c’est-à-dire resplendissant de son Amour.

C’est ce qu’Il nous a dit par le prophète Sophonie :
« Je ne laisserai subsister au milieu de toi
qu’un peuple petit et pauvre
qui aura pour refuge le nom du Seigneur » (So 3,12)

Voilà ce vers quoi Jean Baptiste nous conduit.
Il nous enseigne l’écoute profonde de la Parole de Dieu
qui commence par les premiers pas de la justice,
pour que nous entrions dans l’amour,
dans la miséricorde,
c’est-à-dire dans cette pauvreté du cœur
qui laisse place à la gloire de Dieu.

Frères et sœurs que ferons-nous ces prochains jours
des appels de Jean-Baptiste
à convertir notre vie au partage et à la justice ?
Dirons-nous oui ?
À travers Jean, c’est le Père qui nous dit à nous ses enfants :
« Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne ».
Travailler à la vigne du Père
c’est travailler à convertir notre vie,
c’est rendre notre vie à Dieu,
c’est ajuster notre vie à la vérité, à la justice
pour que le Seigneur puisse faire en nous
ce dont parle l’oraison de ce jour :
une œuvre – un chef d’œuvre – de sa miséricorde.

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