FMJ Mtl26e DIMANCHE DU TEMPS ORDINAIRE – A
Frère Jakub
Ez 18, 25-28; Ps 24 (25) ; Ph 2, 1-11; Mt 21, 28-32
1er Octobre 2017
Sanctuaire du Saint-Sacrement, Montréal

Le 3e fils de la parabole

 

Chers frères et sœurs,
Quelqu’un a demandé à mère Teresa de Calcutta :
« Mère, vous avez travaillé très tard hier soir.
Vous n’êtes plus toute jeune.
Où trouvez-vous la force de vaquer à toutes vos occupations? »
Elle a répondu à la vitesse de l’éclair :
« En Jésus, dans l’Eucharistie! »
Il y a dans la vie, deux sortes de repas :
ceux qui appellent une sieste et les autres.
Déjà le repas pascal chez les juifs
pendant la sortie d’Égypte n’est pas de ceux qui favorisent l’assoupissement.
C’est au contraire un repas « à la hâte »
où l’on mange « la ceinture aux reins,
les sandales aux pieds et le bâton à la main. »

Pas question de s’endormir :
c’est la Pâque du Seigneur, le peuple va être sauvé,
sortir de l’esclavage, naître à la liberté pour se consacrer au don de Dieu
et devenir un peuple de Dieu dans l’unité et à la communion.
Il faut sortir de la terre d’esclavage pour entrer à la Terre promise.
Et Jésus nous montre comment doit s’accomplir notre mission en lien avec l’Eucharistie : « Jésus, sachant que le Père a tout remis entre ses mains,
qu’il est sorti de Dieu et qu’il s’en va vers Dieu,
se lève de table, dépose son vêtement
et prend un linge qu’il se noue à la ceinture;
puis il verse de l’eau dans un bassin.
Alors il se mit à laver les pieds des disciples
et à les essuyer avec le linge qu’il avait à la ceinture. »
Il demande à ses disciples :
« Faites cela en mémoire de moi »
et leur confie la tâche de veiller à ce que cette dernière journée
reste présente dans la réalité concrète de leur existence
jusqu’à ce qu’il revienne dans la gloire
pour transformer tout l’univers
et faire naître les nouveaux cieux
et la terre nouvelle où pourra régner la relation d’amour parfaite entre Dieu
et les humains ainsi qu’entre les humains.
L’institution de l’Eucharistie, la veille de sa mort,
constituait la récapitulation symbolique de la vie de Jésus
dont l’aboutissement résidait dans le don absolu de lui-même
accompli par sa mort sur la croix.

Nous avons un Ami qui est aussi un modèle;
c’est le 3è fils qui n’est pas mentionné dans la parabole.
Ce fils qui dit « oui » pour travailler à la vigne de son père
et y va effectivement.
Celui qui, à la différence de tous les autres,
n’est pas « oui » et « non » mais dont la vie entière est un seul « oui » au Père.
Jésus, le Fils qui a fait la volonté du Père jusqu’au bout.
Jésus qui s’est engagé pleinement pour nous.
Jésus qui a quitté sa première place dans le Royaume
et s’est anéanti pour prendre celle de serviteur.
Voilà le fils véritable qui nous ouvre le chemin de l’humilité.
C’est à sa suite qu’il faut nous engager.
« Restez en tenue de service,
votre ceinture autour des reins et vos lampes allumées »,
nous invite notre Seigneur et saint Paul ajoute :
« Oui, tenez bon, ayant autour des reins le ceinturon de la vérité. »
Notre Dieu est un Dieu de relation, un Dieu qui communique avec l’humanité.
Son acte créateur même est un acte de relation.
Par cet acte d’amour, il a partagé sa vie avec les humains
et les humains perpétuent son acte créateur
en partageant leur amour les uns pour les autres.

Lorsque nous célébrons l’Eucharistie,
nous proclamons le grand acte rédempteur du Christ
et nous nous engageons à poursuivre son travail dans le monde
par une vie d’amour et de partage.
Voilà ce qui était le trait distinctif des premiers chrétiens.
Dans l’action de rompre le pain,
ils reconnaissaient le Seigneur
et ils étaient reconnus en tant que chrétiens parce qu’ils partageaient le pain.
Dans l’action de boire la coupe ils vivent dans l’unité et dans la communion.
L’Eucharistie était donc un acte par lequel ils affirmaient leur identité;
identité basée sur leur relation avec Dieu et les autres humains.
Quand les disciples du Christ transposent l’amour de Dieu
dont ils font l’expérience en Jésus
dans l’Eucharistie dans leur vie quotidienne
et dans leurs relations les uns avec les autres,
ils construisent une nouvelle société, une nouvelle création.

Chers frères et sœurs,
Un homme dit :
« Mon enfant, va travailler aujourd’hui à la vigne »
nous rappelle l’Évangile de ce dimanche.
Nous voici rassemblés, par Dieu, chaussés de l’ardeur de la mission,
pour prendre des forces pour suivre le Christ,
se mettre en route avec Lui,
pour passer avec Lui l’épreuve de la Passion
pour parvenir avec Lui à la gloire de la Résurrection.
« Au milieu des chandeliers,
écrit saint Jean dans l’Apocalypse,
un être qui semblait un Fils d’homme,
revêtu d’une longue tunique,
une ceinture d’or à hauteur de poitrine; en disant :
« Ne crains pas. Moi, je suis le Premier et le Dernier, le Vivant :
j’étais mort, et me voilà vivant pour les siècles des siècles;
je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. »
Quand nous nous arrêtons devant Jésus crucifié et ressuscité,
l’Unique ceint –
« nous reconnaissons tout son amour
qui nous rend dignes et nous soutient,
mais en même temps, si nous ne sommes pas aveugles,
nous commençons à percevoir que ce regard de Jésus s’élargit et se dirige,
plein d’affection et d’ardeur, vers tout son peuple.
Ainsi, nous redécouvrons qu’il veut se servir de nous
pour devenir toujours plus proche de son peuple aimé.
Il nous prend au milieu du peuple et nous envoie à son peuple,
de sorte que notre identité ne se comprend pas sans cette appartenance »
écrit le pape François dans Evangelii Gaudium.
Où pouvons-nous trouver la force de vaquer à toutes nos occupations?
Et nous pouvons répondre avec sainte Mère Teresa de Calcuta :
« En Jésus, dans l’Eucharistie! » Amen

 

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